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Le fonio : une journée de moisson avec les cultivateurs ~ Le crible

by Nouvelles

2025-01-24 13:53:00

Ce billet raconte mon expérience d’une journée de moisson en compagnie des cultivateurs de mon village, dans la sous-préfecture de Dionfo, préfecture de Labé (Guinée). Il détaille de façon succincte les étapes de la culture du fonio au fouta Djallo.

Crédit : Mamadou Saidou Diallo / Des bottes de fonio assemblées et prêtes à être égrenées

La culture du fonio dans le contexte foutanien : ce qu’il faut savoir

De la famille des poacées, le fonio est une céréale herbacée de 30 à 80 cm de hauteur ayant des grappes qui portent les grains. Il est très cultivé en Guinée notamment au Fouta djallo. C’est une denrée très appréciée par son caractère léger et appétissant. Le fonio, à l’instar d’autres cultures, est saisonnier : il se cultive une fois dans l’année dans la circonscription foutanienne.

La culture du fonio obéit à un délai allant de trois à quatre mois à compter de la semence jusqu’à la moisson, sans inclure le mécanisme de défrisage et ce qui s’y rattache. Des mécanismes qui se font à une période bien déterminée de l’année dans le but de prédisposer convenablement le champ.

Crédit : Mamadou Saidou Diallo / le champ du fonio en panorama

Au Fouta, le fonio est ensemencé au mois de juillet et août, après que les parents cultivateurs ont travaillé sur certaines cultures vivrières à l’instar du maïs etc. La récolte du fonio s’opère au mois de novembre en fonction de la maturité, des conditions climatiques, de l’entretien. Cette période correspond à la cessation intensive de la pluie et l’entrée de la période des récoltes couramment appelée « Dabbunde » en poular.

En ce moment, il se trouve déjà que des cultures telles que le riz, le fonio ont atteint la maturité et sont prêtes à être moissonnées. La maturité du fonio se manifeste par le séchage de la grappe qui portent les grains de fonio. Une fois cette étape, les cultivateurs procèdent subséquemment à la moisson pour ne pas que les grains se détachent de la grappe et se perdent.

Le travail collectif : une pratique de mise au fouta (kilee)

Crédit : Mamadou Saidou Diallo / Des bottelettes de fonio entachées : illustration de la codification

Pour ce faire, les cultivateurs procèdent parfois à des entraides mutuelles par tour de rôle qui se traduisent par « killee » dans la langue du terroir, dans l’ultime objectif de terminer la moisson dans les meilleures des conditions sans qu’il n’y ait d’externalités. Ils le font aussi lors des autres étapes de la culture si nécessaire. La moisson se fait à l’aide d’un instrument appelé « faucille » (Wortowal). L’utilisation adéquate de cet instrument nécessite une expertise dans la mesure où toute erreur peut amocher rapidement la main du moissonneur.

Durant le processus de la moisson, ils assemblent les grappes en des bottelettes pour les mobiliser quelque part dans le champ avant l’étape de l’égrenage ou piétinement, connu en pular sous l’expression (Yaaɓugol). Vu que toute la récolte est gardée dans le champ dans certains cas, ils utilisent des codifications spécifiques qui leur permettent de se rendre compte d’un éventuel vol.

L’égrenage/piétinement : une technique subtile (Yaaɓugol foññe kon)

Parallèlement, certains procèdent à la préparation de l’espace pour l’égrenage qui consiste à séparer le fonio des grappes, une méthode traditionnelle. Pour cela, certains se servent d’un mélange de bouse de vache et d’argile qu’ils malaxent pour enduire l’espace qui servira pour l’égrenage du fonio.

Crédit : Mamadou Saidou Diallo / Préparation de l’espace pour l’égrenage du fonio

Une fois la moisson achevée, l’assemblage et la préparation de l’espace, s’en suit l’étape de l’égrenage en pular (yaaɓugol ba’e foññe ɗen). Ce processus se déroule en fonction de la quantité des bottes à égrener. Avant d’entamer l’égrenage, ils les imbibent pour faciliter le travail sans fournir assez d’énergie. Il faut signaler que l’opération d’égrenage s’effectue à travers les pieds, l’intéressé debout en s’appuyant sur un bois.

Quand tout sera fini, ils chargent le fonio (foññe wumokon) dans des sacs qu’ils emportent à la maison pour le stockage. Notons, dans nos villages, nos parents avaient des greniers qu’on appelle en pular (Beembal). C’est un endroit propice qui sert de stockage pour les récoltes et en même temps, il protège les vivres contre toute décomposition.

En somme, ce billet retrace partiellement les étapes de la culture du fonio jusqu’à la récolte en mettant un accent particulier sur le contexte foutanien (Fouta Djallo).



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