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Le Havre. L’excision, un combat toujours d’actualité pour le Gams

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Le Havre. L’excision, un combat toujours d’actualité pour le Gams

Par Marie Lemaistre
Publié le

8 Mar 24 à 9:25
 

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Plus de 40 ans après, le combat continue. Le groupe pour l’abolition des mutilations sexuelles et autres pratiques traditionnelles néfastes à la santé des femmes et des enfants, dont l’unique antenne normande est historiquement implantée au Havre (Seine-Maritime)prévoit même avant l’été 2024 de créer des permanences à Rouen, signe que leur mobilisation reste d’actualité.

À l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, vendredi 8 mars 2024à partir de 13 heuresle Gams Normandie organise un événement à la fabrique Soquence de la ville du Havre. L’occasion de rappeler leurs actions.

200 millions de femmes mutilées dans le monde

Quand on parle de mutilation sexuelle, il faut entendre principalement l’excision, pratique  punie sévèrement en France : jusqu’à 20 ans de prison et 150 000 euros d’amende. Elle l’est également dans plusieurs pays d’Afrique. Cela n’empêche pas que des mutilations soient commises, souvent lors de séjours des jeunes filles dans le pays d’origine de leur famille.

On estime à 200 millions le nombre de filles et de femmes victimes de mutilations sexuelles (depuis 2019, on évalue à 125 000 le nombre de femmes victimes de cette mutilation génitale résidant en France, selon une estimation indirecte). Ces pratiques donnent lieu à entre 10 et 15% de décès dans les suites immédiates, par hémorragie le plus souvent, ou bien des infections fulgurantes dans les 24 à 48 heuresd’après le Gams normand.

Ce qu’on constate aujourd’hui dans les familles c’est que les deux premières filles sont coupées et la dernière ne l’est pas.

Nafissatou Fallprésidente du Gams normand

En France, le suivi en PMI se fait jusqu’aux 6 ans de l’enfant. « Après, il y a un creux, observe Martine Desmares, secrétaire de Gams Normandie. Et ce qu’on constate, c’est des départs précipités vers 12, 13 ansdès qu’elles sont pubères. »

« Une solidarité familiale qui fait qu’elles ne parlent pas »

« Mais si la fille est excisée à 18 ans, on ne peut rien faire, poursuit la sage-femme retraitée. Il faut que la fille elle-même porte plainte. Mais souvent il y a une solidarité familiale qui fait qu’elles ne parlent pas. »

« Même une femme qui a été excisée, elle a subi la même souffrance, elle pense que c’est un bienfait pour sa fille, pour qu’elle soit acceptée dans sa communauté », pense Nafissatou Fall, présidente du Gams Normandie et interprète médiatrice à la maternité pour l’association havraise pour l’accueil et la médiation (AHAM), déplorant que l’adoption des différentes législations dans le monde et l’importante phase de sensibilisation menée dans les années 2000 n’ait pas suffi à éliminer le phénomène.

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Prévention, protection, sensibilisation, formation professionnelle et soins thérapeutiques

L’association accueille le plus souvent des jeunes femmes excisées qui veulent éviter cela à leur fille. Le Gams agit également en prévention des mariages forcés (qui concrètement aboutissent à des viols, rappelle le Gams) qui concerne également des jeunes hommes.

« Il y a deux situations, les mineurs qu’on doit protéger absolument, développe Martine Desmares. Mais souvent, ce sont des majeurs. On agit prudemment, il faut un dialogue avec la famille. Parce que tout acte précipité peut accélérer le départ de la gamine. »

Un accueil téléphonique est également ouvert 24 heures sur 24, « 50% sont des appels d’urgence », indique Martine Desmares.

La reconstruction possible

Une unité de soins pluriprofessionnelle a également été mise en place il y a une quinzaine d’années, à l’initiative de Nafissatou Fall et d’un médecin. Il s’agit d’un parcours de soin visant la chirurgie réparatrice. Celui-ci comprend une évaluation socio-culturelle préalable des séquelles physiques et psychiques mobilisant le Gams normand, ainsi que l’évaluation d’un sexologue.

« Souvent le clitoris, les petites et grandes lèvres ont été coupés, et même parfois fermés (infibulation), mais il reste possible d’intervenir, décrit la sage-femme retraitée. On parle de réexposition clitoridienne, parce que le clitoris est toujours là, mais il est un petit peu amputé, il n’est pas totalement supprimé. Et l’intervention va consister à réexposer le clitoris à la stimulation. La femme se sentira mieux aussi, car on va enlever toutes les petites séquelles ».

Des formations de professionnels

Le Gams normand intervient aussi pour des formations de professionnels et de la sensibilisation durant les études de sages-femmes, d’infirmières, et de travailleurs sociaux en Seine-Maritime et dans l’Eure. Un travail réalisé avec au moins un professionnel de santé ou du social et une experte, Nafissatou Fall, elle-même victime.

« On essaie de les rendre sensibles au changement de comportement, d’être à l’écoute d’une maman qui présente des signes d’inquiétude », décrit Martine Desmares.

Si la raison d’être du Gams, dont la fédération a été créée en 1982, reste d’actualité c’est surtout qu’il reste objectivement tabou d’en parler. Pour cela, encore aujourd’hui, l’adresse du Gams au Havre reste non communiqué.

Vendredi 8 mars 2024, à partir de 13 heures, à la fabrique Soquence, 375 rue de Verdun au Havre. Au programme : présentation du livre « Les Fleurs du Lac » de Christelle Angano et exposition « Honneur aux Femmes du Monde » réalisée par les étudiants en sciences politiques.

Pour prendre rendez vous à l’antenne du Havre 06 30 36 42 42

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2024-03-08 11:25:19
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