Tableau de Lebreton représentant le paquebot Washington (CGT 1864) inaugurant la ligne Le Havre-New York le 15 juin 1864.” Auteur : Lebreton Louis. Collection Lignes Françaises.
Le mercredi 15 juin 1864 à 18 heures, le paquebot Washington quitte le port du Havre. Ce paquebot de 105 mètres de long est propulsé par des roues à aubes. Il transporte 60 passagers et 500 tonnes de marchandises.
« Le départ du transatlantique a été très réussi. La foule massée sur les quais l’a accueilli par des acclamations ».
Le Figaro, 17 juin 1864
Le paquebot était exploité par la Compagnie Générale Transatlantique, subventionnée par l’État français, fondée 9 ans plus tôt par deux frères et hommes d’affaires, Emile et Isaac Pereire.
L’objectif principal de la compagnie – et de la France, alors gouvernée par Napoléon III – était de concurrencer les Anglais, qui dans les années 1830 avaient inauguré les premières traversées reliant la Grande-Bretagne aux États-Unis.
Le voyage du paquebot Washington vers New York durera au total 13 jours et demi, avec une escale de 24 heures à Brest. Le mercredi 29 juin, à 5 heures du matin, le Washington débarque dans le port de New York.
Ce voyage fut un moment clé, marquant le début des liaisons transatlantiques entre la France et le « Nouveau Monde ».
En effet, à partir de 1864, les traversées entre Le Havre et New York deviendront « une activité stratégique impliquant la diplomatie, le commerce, les échanges culturels, le transport du courrier et, au tournant du XXe siècle, l’émigration européenne ».
Au fil des années, Le Havre devient le point de convergence où des milliers de migrants de la classe ouvrière embarquent pour le Nouveau Monde, espérant faire fortune et tenter leur chance aux États-Unis.
Puis, dans les années 1920 et 1930, les lignes transatlantiques prennent leur essor. A cette époque, la ligne française Océane est la plus importante de l’Atlantique Nord !
Grâce à l’innovation, le luxe et le confort des passagers des paquebots s’améliorent. Peu à peu, la compagnie s’adresse à une clientèle différente, plus aisée. Les passagers bénéficient de services exceptionnels : à l’intérieur des navires, la décoration est somptueuse, la gastronomie « à la française » et la carte des vins aussi.
Grâce aux progrès techniques, le voyage vers les États-Unis prend de moins en moins de temps. De 13 jours en 1864, il ne faut plus que 4 jours pour atteindre le Nouveau Monde en 1935.
Cela est dû avant tout à la construction par la Compagnie Générale Transatlantique d’un navire extraordinaire : le Normandielong de 313 mètres et capable de transporter plus de 1 800 passagers. Lorsqu’il est entré en service commercial, il était le plus grand navire du monde !
Le paquebot est inauguré le 23 mai 1935 par le président de la République française de l’époque, Albert Lebrun, en compagnie de nombreuses personnalités. L’inauguration est un événement médiatique majeur. Le voyage inaugural vers New York débute le 29 mai et le paquebot atterrit dans le port de New York 4 jours, 3 heures et 2 minutes plus tard. Le navire est accueilli en grande pompe dans la Grosse Pomme, recevant le « ruban bleu » du paquebot transatlantique le plus rapide. Il reprend ensuite la mer pour Le Havre, où il arrive le 12 juin 1935.
Malheureusement, la Compagnie Générale Transatlantique sort très durement touchée de la Seconde Guerre mondiale, perdant les deux tiers de sa flotte, dont le Normandie.
Seule la mise en service du célèbre paquebot France en 1962 – alors le plus grand paquebot du monde ! – a restauré la réputation de la compagnie.
Parallèlement, les années 1960 et 1970 ont vu un essor phénoménal du transport aérien. Un avion en provenance de Paris pouvait rejoindre New York en quelques heures seulement. Un temps imbattable pour un paquebot.
C’est pourquoi, dans les années 1970, la Compagnie Générale Transatlantique abandonne la ligne transatlantique et fusionne avec d’autres compagnies maritimes françaises. L’entreprise se tourne alors vers le transport de marchandises, plus lucratif. Francele dernier paquebot de la compagnie, a été désarmé et a cessé de naviguer en octobre 1974.
Au cours de ses 120 ans d’existence, la Compagnie Générale Transatlantique et ses paquebots ont acquis une solide réputation, faisant la fierté de la France et l’admiration des États-Unis. Aujourd’hui, son patrimoine est préservé par la Association des Lignes Françaisesqui conserve depuis 1995 les archives et objets de la Compagnie. Ainsi, l’éternelle « Transat » perdure dans nos mémoires et ses voyages ont laissé une trace indélébile dans l’histoire franco-américaine.
Bibliographie:
• Gondoin, Stephane William. La grande épopée des transatlantiques français. Herodote.net. Accessible à :
• Compagnie générale transatlantique. France Archives. Accessible à :
• La grande aventure du Havre et des paquebots. Ville du Havre. Accessible à :
• Site de French Lines. Accessible à :
2024-06-13 10:00:00
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