Le Havre. Ouverte depuis plus de 40 ans, la crèche des Petits Mousses va fermer cet été

Le Havre. Ouverte depuis plus de 40 ans, la crèche des Petits Mousses va fermer cet été

Par Marie Lemaistre
Publié le

11 Avr 24 à 7:56
 

Voir mon actu
Suivre 76actu

C’est une certitude maintenant, la crèche des Petits Mousses va fermer avant la fin de l’année. L’immeuble historique, situé rue Émile-Renouf, dans le centre ancien du Havre (Seine-Maritime) est en vente.

« Il faut que vous ayez quitté les lieux le 31 décembre »

« On a reçu un courrier de l’Enim (Établissement national des invalides de la marine*), propriétaire de l’immeuble, le 12 avril 2022, pour nous dire, ‘c’est acté’, il faut que vous ayez quitté les lieux le 31 décembre 2024 », rembobine Antoine Lafarge, président de l’association Arc-en-cielgestionnaire depuis 2019 de cette institution créée au début des années 1980, pour accueillir en priorité les enfants de marins.

« Sur le moment, les familles étaient paniquées puisque cela signifiait perdre une place pour leurs enfants, proche de leur domicile ou de leur travail, elles étaient aussi attristées pour l’équipe », se souvient Émilie Buquet, directrice de la crèche située près des Halles centrales.

Cela fait depuis 2013 que la structure petite enfance, d’abord gérée par une association autonome, est sur la sellette, avec un bail précaire renouvelé chaque année. En dix ans, trois propositions de délocalisation ont été faites à la mairie, l’un de ses financeurs. Toutes refusées.

Une épée de Damoclès au-dessus de la tête depuis 2013

« L’étau s’est resserré au fur et à mesure, en 2022, on a senti que ça se refermait sérieusement », confie Delphine Senente, directrice de l’association qui gère au total trois crèches, dont une à Octeville et deux au Havre (Sanvic et les Petits Mousses dans le Centre ancien).

Plusieurs propositions de relocalisation depuis 2013

Dès 2013, un projet de relocalisation est déposé concernant les Écuries du Square Grosos. Celui-ci est refusé. Plutôt que d’accompagner un projet porté par une association, la ville choisit cinq ans plus tard d’y permettre l’installation d’une crèche placée sous délégation de service public (DSP). En 2019, l’association gestionnaire de la structure Les P’tits mousses fusionne avec Arc-en-ciel, une plus grosse structure, dans le but d’appuyer sa candidature. C’est un échec. L’association présente un second projet visant l’ancienne école maternelle Videcoq, en 2016, devenue la tour Alta. À nouveau, la ville fait “un choix politique”, pense Antoine Lafarge, président de l’association Arc en ciel, en choisissant de passer par une DSP pour la gestion de la crèche située au rez-de-chaussée. La même société privée que celle des écuries du Square Grosos la remporte. La dernière proposition en date est faite en 2019, de manière informelle, sachant qu’une fermeture de l’école maternelle Charles-Auguste-Marande était prévue. La ville n’avait pas encore décidé du devenir du local. Une crèche d’application y a finalement été installée, en régie municipale. D’autres projets communs ont pu être menés avec la ville, insiste toutefois Antoine Lafarge, qui n’en tire aucune rancœur envers les services.

« Maintenant, ce n’est pas possible de retrouver un local dans le temps qu’il nous reste », confirme le président de l’association.

Partir d’une page blanche et créer une structure ne se fait pas en 6 mois. Il y a des travaux à engager, des financements à trouver, c’est tout un montage économique. C’est bien deux ans de travail.

Antoine Lafargeprésident de l’association Arc-en-ciel

Afin de ne pas laisser les familles sur le carreau en cours d’année scolaire, la fermeture a d’ores et déjà été fixée au 31 juillet de cette année, pour un déménagement au cours de l’été.

Vidéos : en ce moment sur Actu

« On a trouvé une solution pour le personnel, la totalité sera dispatchée sur les autres crèches d’Octeville et de Sanvic, cela représente huit personnes, certaines sont en poste depuis plus de 30 ans, ont connu quasiment l’ouverture. Notre travail aujourd’hui est de trouver une solution pour les enfants et les parents. »

25 enfants « sans solution »

La crèche compte actuellement 29 enfants de 10 mois à 3 ans. Certains vont entrer à l’école à la rentrée prochaine. Restent 25 enfants sans solutions. Ceux-là auraient dû retrouver l’enceinte de la crèche en septembre.

La dernière entrevue avec les responsables associatifs, à la demande des services de la municipalité, vendredi 5 avril, a permis de clore cette dernière inconnue. Ils seront accueillis dans des crèches municipales, et dans celle de la tour Alta qui dispose d’une délégation de service public.

La mairie, à travers l’action son service de la petite enfance, s’est en effet engagée à accompagner les parents et les enfants de la crèche pour leur trouver des solutions. « Pour cela, on les remercie », souffle le président de l’association.

Jointe mercredi 10 avril 2024 par 76 actuellement, Laurence Besancenotadjointe au maire, chargée de la famille et de la petite enfance, indique que tous ont déjà pu être orientés pour la rentrée. « Les parents sont venus nous voir, ont fait part de leur fin de contrat fin juillet, donc on a vu avec eux ce qui leur paraissait le plus pratique et on les a orientés vers différentes structures, comme on le fait avec tous les parents dans cette situation. »

« Ce n’est pas à nous de faire des propositions de relocalisation »

Par rapport à l’enchaînement des événements, l’élu indique que la municipalité a été plutôt mise devant le fait accompli de la décision de fermeture par l’association fin juillet de la crèche, sans concertation préalable.

« À partir du moment où il a annoncé cette nouvelle en assemblée générale aux parents, aux personnels, cela a été un peu un choc pour tout le monde »retrace l’élu, qui confirme l’arrivée de parents « paniqués » au service petite enfance. « Sur 24 familles, 20 se sont rapprochées de nous », à ce moment-là.

Elle indique aussi que l’association avait la possibilité de demander une convention d’occupation temporaire pour y rester quelque temps supplémentaire, mais cela n’a pas été son choix.

Quant aux tentatives de relocalisation de la crèche (voir encadré), Laurence Besancenot insiste : « Ce n’est pas à nous de faire des propositions de relocalisation. Quand on ne peut pas accueillir les projets parce que nous-mêmes avons une vision pour le territoire, on essaie de réorienter », développe-t-elle, évoquant la création d’une crèche arc-en-ciel à Octeville-sur-mer, à l’époque en lien avec la municipalité du Havre. « Il ne faut pas nous faire passer pour les méchants qui n’accompagnent pas ».

D’autant qu’avec la nouvelle crèche de la tour Alta, ce sont 60 places qui ouvrent. Les P’tits Mousses représentent la fermeture de 24 places, et la mairie en ferme 25 autres en parallèle à la crèche Les Petits Paris.

« Ce qu’il faut retenir, c’est que l’offre havraise de places en crèche au 1er septembre 2024 sera enrichie de 11 berceaux, chiffre l’adjointe au maire. On n’est pas en négatif, et on est au-dessus de notre objectif de la mandature qui était de 1 000 places de crèches (dépassé en 2020, ndlr). En septembre, Le Havre comptera 1 115 places de crèches, il faut maintenant qu’on les remplisse le plus possible. »

* L’Enim est un établissement public national placé sous la tutelle de trois ministères, donc de l’État.

Suivez toute l’actualité de vos villes et médias favoris en vous inscrivant à Mon Actu.

2024-04-11 08:56:02
1712819669


#Havre #Ouverte #depuis #ans #crèche #des #Petits #Mousses #fermer #cet #été

Facebook
Twitter
LinkedIn
Pinterest

Leave a Comment

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.