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Le jeu du calmar. Juste un jeu ?

by Nouvelles

Avec la première de la deuxième saison de The Squid Game sur Netflix, la série créée par Hwang Dong-hyuk se réaffirme comme l’une des œuvres les plus puissantes et actuelles de la télévision contemporaine. Bien que son origine se situe en Corée du Sud, les thèmes abordés, loin de se limiter à une seule nation, révèlent les aspects les plus bruts du capitalisme mondial : inégalités structurelles, aliénation et concurrence sauvage pour l’argent. Le capitalisme, c’est la mort.

Un récit métaphorique et réaliste

La série explore à travers un récit mêlant horreur, drame et suspense, les problèmes structurels du capitalisme au-delà d’une simple critique. Le jeu du calmar se présente comme un cri viscéral contre un système économique qui, dans la série, non seulement déshumanise ses victimes, mais transforme également la vie elle-même en un jeu mortel dans lequel les perdants sont ceux qui sont nés avec moins d’opportunités.

Depuis la première saison, la série est lue comme une métaphore de la lutte des classes, dans laquelle les puissants (les organisateurs du jeu) profitent de la misère et du désespoir des classes inférieures, obligées de rivaliser entre elles pour survivre. Dans ce nouvel opus, l’analyse ne se limite pas à la critique du capitalisme sud-coréen, mais s’étend à une réflexion sur la dynamique d’un système qui a atteint sa phase la plus mondialisée, où l’exploitation et la précarité de l’emploi sont des phénomènes communs dans toutes les régions du pays. la planète. Cette critique radicale du capitalisme devient un appel urgent à réfléchir, dans une perspective de gauche, à la manière de rompre avec cette logique qui réifie et détruit les vies.

Le capitalisme comme système de mort

S’il y a une chose que The Squid Game montre clairement, c’est que dans le capitalisme, la vie humaine n’a aucune valeur au-delà du capital qu’elle peut générer. Tout au long de la série, les personnages sont entraînés dans une spirale de violence, d’angoisse et de désespoir, où la possibilité d’échapper à la pauvreté n’apparaît que comme une illusion qui peut leur coûter la vie. Cette spirale reflète clairement que dans une économie capitaliste, les individus ne sont pas maîtres de leur propre destin, mais sont plutôt réduits à de simples objets de consommation, poussés à sacrifier leur humanité pour obtenir la seule récompense promise par le système : l’argent. Et tout le monde n’y parviendra pas.

La série, avec ses jeux pour enfants emblématiques qui deviennent des pièges mortels et génèrent des massacres, est une métaphore grossière de la manière dont le capitalisme repose sur une concurrence impitoyable, dans laquelle les victimes ne sont pas seulement exploitées par un système de production qui leur refuse toute possibilité de bien-être ; mais ils sont également poussés à s’éliminer les uns les autres pour obtenir le rare butin promis. Ici, le jeu cruel est évident où les capitalistes (en l’occurrence les organisateurs du jeu) s’enrichissent et s’amusent grâce aux sacrifices et aux souffrances des travailleurs, qui doivent vendre leur force de travail et, finalement, leur vie pour rester à flot.

C’est ce processus de déshumanisation qui fait de la série une allégorie brutale de la société capitaliste mondiale. Le jeu, qui semble offrir une issue à la misère, devient un piège mortel, reflet de la façon dont le capitalisme présente des solutions superficielles aux problèmes structurels de la pauvreté et des inégalités, mais ne fait finalement que perpétuer un cycle sans fin de violence et d’exploitation.

Une analyse politique de la critique du système

D’un point de vue marxiste, The Squid Game n’est pas seulement une dénonciation de l’extrême pauvreté ou de l’exploitation par le travail ; mais une critique de l’ensemble du système capitaliste qui, en concentrant la richesse entre les mains de quelques-uns, crée un scénario dans lequel des millions de personnes sont obligées de rivaliser entre elles pour survivre avec une partie minimale de la richesse disponible. Cette concurrence féroce entre les plus défavorisés reflète non seulement les inégalités économiques inhérentes au capitalisme, mais aussi la manière dont le système favorise une culture d’individualisme et de survie à tout prix.

La deuxième saison, en s’intéressant à la structure du jeu et à ses organisateurs, propose une critique structurelle des mécanismes du capitalisme mondialisé. Comme les chaebols sud-coréens ou les grandes sociétés multinationales, les responsables du jeu sont propriétaires de la machinerie d’exploitation, contrôlant la vie de milliers de personnes au moyen d’une fausse promesse de promotion sociale ; en plus de se montrer fantaisistement démocratique, faisant croire aux gens dans le jeu, comme dans le capitalisme, que nous sommes libres de choisir, ce que la série ridiculise à l’extrême. La liberté de choix n’est qu’une fausse idée qui nous rend esclaves d’un système qui ne fait que nous appauvrir.

La série souligne également comment le système capitaliste génère une fausse conscience parmi les plus pauvres, qui, considérant l’argent comme leur seule issue, sont obligés de sacrifier tout principe éthique ou moral dans le processus.

Conclusion : l’urgence d’une transformation radicale

En fin de compte, The Squid Game se présente non seulement comme une critique du capitalisme, mais aussi comme un appel à l’action. En mettant à l’écran le visage le plus brutal d’un système économique qui sacrifie des vies humaines au profit de quelques-uns, la série dresse un portrait déchirant de ce qui est en jeu : l’urgence d’une transformation radicale. La vie ne peut pas continuer à être un simple jeu de hasard, dans lequel les règles leur sont toujours favorables et dans lequel les classes opprimées sont condamnées à se battre entre elles pour les miettes d’un système insoutenable. La critique de Hwang Dong-hyuk Ce n’est pas seulement une dénonciation, mais aussi une invitation à réfléchir à la manière dont nous pouvons organiser et résister à un capitalisme qui, comme dans The Squid Game, se nourrit de la mort et de la souffrance des plus vulnérables. Il est temps d’arrêter de jouer.

Ambre Ledesma

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