Le microbiote intestinal : une plongée au cœur de nos identités

Il y a quelques mois, j’ai voulu intégrer le projet « Tripes françaises » mené par l’INRAE et l’APHP. Le but de ce projet c’est échantillonner, de « biobanquer » et de cartographier ce que 100.000 Français en bonne santé ont dans le ventre, d’ici 2027, pour comprendre comment leur microbiote raconte nos identités tricolores, car dans un petit pois de nos matières fécales, on trouve plus de 1000 milliards de micro-organismes qui forment une signature unique et propre à chaque individu. Ces microbes en nous racontent donc comment on est né, ce que l’on mange et bien d’autres choses encore. Le chercheur Joël Doré nous précise : « On dit qu’il y a autant de diversité dans un microbiote intestinal qu’on a d’étoiles dans l’univers. Et donc, nous humains, on est fondamentalement microbiens. Cette prise de conscience doit s’accompagner de choix de modes de vie bénéfiques à nos microbes »
Jacky Nizard, Professeur de Gynécologie-Obstétrique à l’Hôpital Salepétrière explique même : « Au moment de la naissance par voies basses, le bébé va descendre dans la filière génitale et avaler sur son passage tous les germes de cette zone, des germes de la flore vaginale et digestive parce que l’anatomie féminine fait que le vagin est à côté de l’anus. En naissant, il va avaler des grandes gorgées de bactéries, ce cocktail de bienvenue qui va initier la diversité de sa flore digestive. C’est le début de la vie. (…) Mais tout ne s’arrête pas là, et il y a plein de choses qui vont influencer le microbiote au cours de la vie».
Chaque année, hélas, nos modes de vies occidentaux nous font perdre de la diversité bactérienne, ce que regrette Joël Doré : « Quand on a fait ces comparaisons de façon systématique entre population occidentales ou au mode de vie urbain et celle de chasseur cueilleurs, on a pu documenter que les populations occidentales ont potentiellement perdu 50 % de la richesse et de la diversité du microbiote intestinal »
Dans des émissions précédentes, je me suis souvent intéressée aux univers méconnus ou invisibles de nos sociétés, et à ce qu’ils peuvent agiter dans nos imaginaires ou dire de nos identités actuelles en mutation, dans cette série, j’ai décidé de plonger au sens propre au cœur de ce qui nous est invisible, c’est à dire en notre flore intestinale, pour voir ce qu’elle qui dit de nos identités et de notre rapport à l’altérité. Et j’ai décidé de comparer mon microbiote occidental à celui d’un chasseur-cueilleur tanzanien.
Une expérience réalisable de nos jours grâce aux avancées récentes de la biologie moléculaire comme l’explique la biologiste Pascale Cossart : « Pourquoi on parle de microbiote alors qu’avant on n’en parle jamais ? Mais parce qu’avant, on n’était pas capable de le définir. Et on est aujourd’hui capable de mieux le définir car on a des outils qu’on n’avait pas avant grâce à la métagénomique ! »
Un documentaire d’Elodie Maillot réalisé par Véronique Samouiloff.
Avec :
François Joseph Lapointe : artiste et biologiste, il dirige le laboratoire d’écologie moléculaire et d’évolution à l’Université de Montréal
Joël Doré : Directeur de recherche INRAE et Directeur scientifique de MetaGenoPolis
Marc-André Selosse : Professeur du Muséum National d’Histoire Naturelle et à l’Institut Universitaire de France
Pascale Cossart, membre de l’Académie de Sciences et professeur à l’Institut Pasteur
Mathilde Poyet Biologiste au MIT (Massachusetts Institute of Technology) et co-fondatrice du Conservation mondiale du microbiome
Jacky Nizard Professeur de Gynécologie-Obstétrique à l’Hôpital Salepétrière
Stanislav Dusko Ehrlich microbiologiste, ancien responsable scientifique et technique du projet MetaGenoPolis
Merci à toute l’équipe de l’INRAE MetaGenoPolis, et particulièrement à Marine et à Anne-Sophie Alvarez, Merci à Françoise Levacon, Mathile Poyer au Laboratoire du Global Microbiome Conservancy.
Merci à la direction de la communication de l’AP-HP, à toute l’équipe du service de Gynécologie-Obstétrique de la Salpêtrière et au Professeur Marc Dommergues, à Souleymane et à ses parents…
Merci à notre stagiaire Adrien Clayette
LECTURES : Lison Pinet
PRISE DE SON : Victoria Aspert, Michaël Simon, Olivier Leroux et Christophe Papon
MIXAGE : Manon Houssin
DOCUMENTATION : Anne-Lise Signoret.
ARCHIVES INA : Mylène Touchais
A lire et à écouter
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2023-11-27 20:52:21