Le ministère des Sciences demande une enquête sur le nouveau recteur

Le ministère de la Science, de l’Innovation et des Universités, dirigé par Diana Morant, a demandé une enquête de la Commission espagnole d’éthique de la recherche sur le nouveau recteur de l’Université de Salamanque, Juan Manuel Corchado, comme l’a confirmé un porte-parole ministériel à El País. Les preuves présentées par le journal indiquent que Corchado, un professeur de 52 ans, aurait gonflé son impact scientifique à travers des milliers d’auto-citations non pertinentes et de profils frauduleux.

La demande de rapport, envoyée le 3 mai, intervient après les révélations d’El País, qui a publié en mars et avril les pratiques douteuses du recteur, qui aurait demandé à ses collaborateurs de citer ses études et manipulé des données dans le référentiel scientifique de l’Université de Salamanque, Gredos. Même si Corchado a tenté de supprimer massivement ses publications, nombre d’entre elles restent accessibles sur internet grâce à la plateforme britannique CORE.

Parmi les publications supprimées, se distingue un document de mai 2021 qui ne contient qu’un seul paragraphe sur les villes intelligentes, mais avec 227 auto-citations. Dans un autre ouvrage intitulé Modèles intelligents pour les prévisions épidémiques», le professeur se cite cent fois en seulement trois paragraphes. Ces actions ont placé Corchado parmi les scientifiques les plus cités en Espagne dans divers classements, influençant considérablement sa réputation académique.

Corchado a été élu recteur le 7 mai avec 2 131 voix, soit seulement 6,5 % du total de 33 000 étudiants appelés. L’élection a eu lieu en urgence après la démission de l’ancien recteur, Ricardo Rivero, et de sa remplaçante provisoire, María José Rodríguez Conde. Près de la moitié des professeurs ont voté blanc en signe de protestation, et l’indignation grandit sur le campus face au silence du nouveau recteur. Alberto Santamaría, professeur d’histoire de l’art, et José Manuel Bustos Gisbert, grammaire, ont exigé publiquement sa démission et des explications claires sur les accusations.

Présomption d’innocence

Un porte-parole du ministère souligne que la demande du rapport a été faite quatre jours avant les élections, dans le respect de la présomption d’innocence. Le Comité d’éthique, présidé par Jordi Camí, est composé d’une douzaine d’experts en éthique et intégrité scientifique et a un caractère consultatif, sans pouvoir de sanction. Selon l’arrêté royal qui réglemente son fonctionnement, le comité peut émettre des rapports et des recommandations en matière d’intégrité scientifique et d’éthique professionnelle.

Les révélations d’El País indiquent également que Corchado a menti sur la nature de ses auto-citations, affirmant faussement qu’il s’agissait d’exercices en classe. En outre, l’existence de plusieurs faux profils sur ResearchGate a été découverte et a publié des études avec de nombreuses citations à Corchado.

Corchado, connu pour sa production académique prolifique, a attiré de nombreux projets valant des millions de dollars. Il s’agit notamment du Pôle international d’innovation du jeu vidéo et de l’animation, financé à hauteur de 2,5 millions d’euros par le gouvernement régional de Castilla y León, et de plusieurs autres projets internationaux. Malgré les controverses, Corchado prendra ses fonctions ce lundi, avec une cérémonie officielle prévue le 31 mai. @mundiario

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