Le monde des cryptomonnaies : une nouvelle opportunité pour les banques

Le monde des cryptomonnaies : une nouvelle opportunité pour les banques

Cela ne se voit pas, mais le monde des cryptomonnaies est en pleine ébullition. À l’heure où les investisseurs particuliers se désintéressent de ce marché atone depuis la violente chute des cours à l’été 2022, les professionnels de la finance eux s’immergent progressivement dedans.

Le meilleur exemple est évidemment celui de BlackRock qui a déposé le 15 juin une demande auprès de la SEC, le gendarme financier américain, pour l’ouverture d’un ETF (Exchange traded fund) bitcoin en partenariat avec la plateforme d’achat de cryptomonnaies Coinbase. Autrement dit, le plus grand gestionnaire d’actifs du monde veut permettre à ses centaines de millions de potentiels clients américains d’investir dans un fonds qui détient des bitcoins, directement depuis leur compte en banque ou leur assurance-vie. Un pas de géant pour cet actif qui s’achète généralement en passant par des plateformes d’échange spécialisées et qui a rapidement été suivi par une autre annonce tonitruante : le lancement d’un stablecoin, une cryptomonnaie qui réplique le cours d’une monnaie officielle, par le géant des transferts d’argent Paypal, lundi 7 août.

En Europe, le mouvement est semblable. Alors que Philippe Brassac, le PDG de Crédit agricole, affirmait dans une interview à “l’Opinion” en 2021 que le bitcoin tomberait sous un dollar d’ici avril 2025, deux ans plus tard, en juin 2023, sa filiale Caceis a demandé, et obtenu, un enregistrement de l’AMF dans le but de conserver des actifs numériques pour le compte de ses clients. Mais l’acteur bancaire qui montre le moins son intérêt pour les cryptomonnaies est bien la Société générale. Sa filiale Forge investit depuis plusieurs années dans ce secteur et est la première société à obtenir l’agrément de “Prestataire sur actifs numériques” qui garantit à une entreprise de pouvoir gérer des actifs numériques pour le compte de ses clients. La filiale bancaire a donc réalisé ce que n’ont fait qu’espérer les géants de la conservation de cryptomonnaies que sont Binance, Coinbase et autres Kraken.

Un relais de croissance potentiel pour les banques

Le monde crypto change, et pour cause, il est passé d’un marché de niche vu comme un outil servant à acheter des produits illégaux, il y a dix ans, à un véritable produit financier. Un responsable d’une importante société de gestion, interrogé par La Tribune, explique que son groupe s’intéresse de plus en plus à ce nouveau secteur “car le nombre de détenteurs de cryptomonnaies augmente”. En effet, selon l’édition 2023 de l’étude “Crypto et web3 : comment la France et l’Europe se positionnent-elles ?”, réalisée par l’institut de sondage IPSOS pour l’Association pour le développement des actifs numériques (Adan) et le cabinet KPMG, 9,4% des Français détenaient des crypto-actifs en 2022 contre 8% en 2021.

Malgré les turbulences du secteur, l’adoption des cryptomonnaies trace son sillon en France

Une opportunité de business que les banques et les gérants d’actifs ont bien identifiée.

« Une banque doit apprendre à jongler avec de nouveaux actifs et produits financiers si elle ne veut pas perdre ses nouveaux clients qui ont des usages et des intérêts différents », explique Claire Balva, consultante indépendante, spécialiste des cryptomonnaies, qui remarque « qu’elles voient déjà des jeunes intéressés par ces nouveaux actifs investir leur argent sur des plateformes d’échange. »

Jusqu’à aujourd’hui cependant, la finance traditionnelle est freinée dans sa volonté d’intégrer ce jeune marché.

La finance traditionnelle, freinée par les incertitudes et la régulation

Un frein, avant tout légal. « Il y a un manque de clarté réglementaire sur les règles de conservation des cryptos qui fait peser sur ces gros acteurs un risque réputationnel », ajoute Claire Balva. Un scénario que vivent les plateformes d’échanges Kraken, Coinbase et Binance, soupçonnées de pratiques illégales (blanchiment, non-respect des règles, etc.) depuis plusieurs mois par la SEC qui a même assigné en justice la branche américaine de Binance, une plateforme qui fait aussi face à une enquête judiciaire en France pour blanchiment aggravé d’argent.

Mais les banques européennes sont aussi largement bridées par le Comité de Bâle qui régule le secteur et a annoncé en décembre 2022 que les établissements ne peuvent pas détenir plus de 1% de leurs fonds propres en stablecoins (niveau 1) et 2% en cryptomonnaies volatiles (niveau 2). « Et elles doivent couvrir leurs fonds de cryptomonnaies avec une somme au moins égale en euros en réserve (1250% de couverture), pour éviter des risques de crédit et de pertes financières », détaille Arnaud Touati, avocat chez Hashtag Avocats. Avec ces nouvelles règles, « les banques nous confient que détenir des cryptos pour leurs clients leur coûte très cher », confirme Claire Balva.

Mica pourrait changer les choses

Toutes ces barrières pourraient cependant être supprimées, ou du moins modifiées, par le futur règlement européen Market in crypto asset (Mica) qui vise à clarifier les droits et les devoirs des acteurs du secteur, d’ici 2024.

« Cela pourrait être l’occasion pour les acteurs traditionnels de prendre une part de marché plus importante dans ce secteur car les régulateurs vont préférer confier ces actifs à de gros acteurs, solides et qu’ils vont pouvoir surveiller plutôt qu’à des petits acteurs moins faciles à contrôler et qui, donc, ne seront pas tous agréés », anticipe la consultante.

La question qui se pose maintenant pour les acteurs du secteur est de savoir si ces futurs géants seront les « pure players » ou les acteurs financiers traditionnels. Elle ne se posait pas il y a quelques années encore, tant la mainmise de certains acteurs comme Binance – qui possède les deux tiers des flux mondiaux – semblait totale. « Mais ce qui se passe aux États-Unis montre que les choses peuvent changer rapidement », remarque-t-elle.

D’autant que les tourmentes judiciaires dans lesquelles se trouvent des acteurs spécialisés pourraient bien être l’occasion pour les acteurs traditionnels d’absorber une partie du marché pour garder la main sur la finance de demain.


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