Le mystérieux cambriolage de montres à 645 000 euros

En cinq minutes chrono, trois malfaiteurs ont volé des montres d’une valeur totale estimée à 645 000 euros chez un bijoutier le 25 mars 2021. Le butin ainsi que les auteurs n’ont jamais été retrouvés. Le jeudi, seul un homme était jugé pour ces faits devant le tribunal correctionnel.

Zoran, âgé de 58 ans et originaire de Yougoslavie, nie toute implication dans ce cambriolage. Cependant, plusieurs éléments le désignent comme suspect, bien qu’il ne soit probablement pas l’instigateur principal de ce vol, comme l’a souligné la magistrate de l’accusation. Sa défense, représentée par Me Fabrice Vinclaire, a plaidé l’acquittement, estimant que les preuves étaient insuffisantes.

Tant la partie civile que le ministère public ont relevé le professionnalisme des auteurs. Les enquêteurs ont remonté jusqu’à Zoran en analysant minutieusement les données téléphoniques ainsi que les images des caméras ANPR, qui filment en temps réel et prennent une photo de chaque plaque d’immatriculation tout en permettant des correspondances.

Le vol a été minutieusement préparé. La veille au soir, vers 19h00, les criminels ont volé un Clark sur un chantier à proximité. Vers 20h40, ils ont amené une camionnette, volée quelques jours plus tôt, dans les environs. Ils ont mis en place des panneaux donnant l’impression de travaux en cours. Vers 01h40, ils ont commencé à s’attaquer à la devanture de la bijouterie.

À 05h27, comme le montrent les images, ils ont brisé la vitrine de la bijouterie avec le Clark. Cinq minutes plus tard, ils sont repartis avec leur butin, abandonnant sur place la camionnette volée et le Clark.

L’analyse des images des caméras ANPR a révélé que la camionnette VW Transporter, dont le parcours a pu être retracé, avait été précédée d’une Renault Twingo. Sa propriétaire a été identifiée. Elle a expliqué qu’elle prêtait régulièrement sa voiture à sa voisine et au compagnon de celle-ci. C’est Zoran. Le couple utilisait également régulièrement son wifi. De plus, l’examen des recherches Internet a montré que le téléphone de Zoran avait effectué des recherches sur des montres de valeur.

Zoran s’est justifié devant le tribunal en déclarant : “C’est parce que j’aime les belles choses.” Quant au fait que la Twingo escortait la camionnette, il a répété ce qu’il avait déclaré lors de l’enquête, soit plusieurs mois après les faits. Lorsqu’on lui demande son itinéraire, il propose de le suivre pour prouver sa bonne foi. Il aurait également déjà eu des altercations avec des automobilistes qui le suivaient pour l’intimider.

La représentante du ministère public ne croit pas un mot de son histoire, compte tenu de l’organisation et de la planification parfaite du cambriolage. Elle a également noté que lors de la perquisition chez Zoran, une cagoule, des brouilleurs d’onde et une lampe frontale – utilisés par les malfaiteurs – ont été retrouvés.

Elle a conclu en déclarant : “Je ne pense pas que Zoran soit la tête pensante. Mais il a joué un rôle important dans la logistique.” Elle a requis une peine de trois ans de prison.

La défense estime que les éléments pointant vers Zoran sont minces. La Twingo, selon eux, a été vue dans le quartier les jours suivants également. Quant à la lampe frontale, elle est utilisée pour faire du jogging et l’individu qui la portait lors du cambriolage était bien plus grand que Zoran. Les brouilleurs d’onde ? De la pacotille. La cagoule noire ? Différente de celle des auteurs. Les recherches sur les montres ? Zoran en avait fait avant le cambriolage et les modèles ne correspondent pas.

Me Vinclaire en a conclu qu’il existait un doute raisonnable et que Zoran devait donc être acquitté. Le jugement sera rendu le 6 décembre.