Le nouveau livre de Giovanni Floris, une autobiographie de lecteur – Corriere.it

Le nouveau livre de Giovanni Floris, une autobiographie de lecteur – Corriere.it

2023-10-11 13:38:59

De KATIA D’ADDONA

Omnivore et “aventurier”, Giovanni Floris dans le tome “L’essenziale” (Solferino) raconte sa vie à travers les titres qui l’ont façonné

UUn moyen efficace de comprendre l’esprit d’une époque est de parcourir les autobiographies publiées au cours de ses années. Il émerge de l’histoire de soi et donc des épisodes que l’on choisit de sauver du temps qui passe. l’intrigue que les contemporains considèrent comme importante, les limites que la société actuelle trace pour identifier ce qui compte. En feuilletant aujourd’hui les nombreuses biographies, les CV épiques de héros éphémères, les engagements à transmettre à la postérité – qu’il s’agisse du projet éditorial d’un influenceur ou du slogan chanceux d’un startupper arrivé en bourse – satisfont aux canons esthétiques du autoportrait unidimensionnel, du selfie numérique et réel, mais ils se poussent rarement à l’audace exigée d’un récit qui, au-delà des jugements subjectifs légitimes, parvient à s’inscrire dans la veine d’un « bon livre » : écrire l’épilogue de un mythe des temps modernes.

L’essentiel (Solferino) de Giovanni Floris a le mérite de reconstituer le parcours personnel et professionnel du journaliste et animateur de l’émission DiMarditout en offrant un soulagement pour la libération d’au moins deux beaux contes de fées quelque peu complémentaires de notre époque : l’innocence des mots et le talent isolé de l’ego qui, plus qu’un pronom, écrit Eugenio Scalfari, est « le panache d’un casque », « une superstition » que ces pages démasquent avec ironie et perplexité sincère.


La déconstruction de ces deux illusions commence par le dispositif littéraire qui rappelle celui adopté par Friedrich Nietzsche dans son La science heureuse, pour nier à son tour les mirages courants. Un démon apparaît dans un rêve pour poser un défi inquiétant : relisez tous les volumes de votre bibliothèque pour Floris, revivant chaque instant de l’existence passée pour le philosophe allemand. Dans les deux cas, le chemin qui se présente comporte deux directions destinées à converger : revoir le passé pour être présent pour le futur. La créature effrayante que l’auteur surprend en train de dévorer ses livres le pousse à se demander lequel d’entre eux sauver.

Alors que nous entamons ce voyage à rebours, Floris nous annonce que sur le siège passager il n’y a pas de place pour le culte de la première personne: les expériences, les choix professionnels et personnels qu’il a faits ont toujours été accompagnés par un chœur d’auteurs et de compagnons de vie et de lecture avec lesquels il a partagé découvertes et réflexions. «Ce n’est pas ma mémoire personnelle, mais un substrat collectif sur lequel puiser».

On connaît les moments privés et les événements historiques qu’il a vécus – comme l’attaque des Twin Towers où il fut envoyé puis correspondant aux USA pour le journal Radio – à travers les titres de romans, d’essais et de poèmes, les échanges d’opinions avec des amisles citations et les notes écrites strictement à la plume (« si un livre me change, c’est bien que je le change ») et qui rappellent au fil du temps « l’essentiel » de ce livre, « la (parfois petite) variation de direction qu’il a donnée à ta vie.”

Les premiers textes à être sauvés de la fureur du démon sont alors ceux qui se sont imprimés sur son chemin. le tournant le plus profond jusqu’à ce qu’il devienne le chemin sur lequel suivent tous les autres changements : les Évangiles qui indiquent « tout ce qu’il faut pour vivre comme un être humain », et L’art de la guerre par Sun Tzu qui « vous apprend à survivre parmi les êtres humains ».

Mais pour comprendre quel est être humain à devenir et quels principes adopter dans le travail de journaliste dont il rêve depuis son plus jeune âge, Floris a poursuivi différents auteurs, accueillant leurs provocations, pesant leurs doutes et les perturbations vécues par les personnages comme s’il s’agissait d’amis ou de parents à qui on pourrait demander conseil, sourire, et surtout une suggestion pour “résoudre le dilemme entre logique et empathie”, en rappelant que la première “n’est pas (heureusement) la seule façon de vivre”. “.

Le journaliste nous raconte ensuite sa vie à partir de « l’essentiel » qu’est des romanciers, des poètes et quelques essayistes et réalisateurs, ils lui ont suggéré pour chaque phase qu’il a traversée. Adolescent, il fréquente Arthur Rimbaud, Charles Baudelaire, Joris-Karl Huysmans, Paul Verlaine, Oscar Wilde. Les leurs essentiel c’est avoir donné à cette époque de jeunesse et de rébellion, le droit écrit en vers ou en prose, de vivre « seulement dans le possible ». Vient ensuite le temps des choix d’adultes, de l’université, du chômage et des premiers emplois. L’essentiel maintenant il s’agit de maintenir ensemble le possible et le réel : il le récupère des indécisions du mathématicien deHomme sans qualitésdes dilemmes de Vitangelo Moscarda Un, aucun et cent milledans les obsessions de Zeno Cosini ne La conscience de Zénon. Et pendant ce temps, ces essentiels s’installent dans les mots, les privant de ça présumée innocence ou neutralité que la communication d’aujourd’hui tend à leur attribuer, en les considérant comme de simples supports, des outils manipulables à volonté par les stratégies marketing.

Les itinéraires empruntés par nos paroles, l’auteur nous les montre en resserrant une empathie immédiate avec le lecteurdépendent des « essentiels » qu’ils trouveront chez l’interlocuteur, façonnés par de nombreuses lectures ou pas du tout, et donc originaires d’ailleurs, mais non moins dignes d’être écoutés.

Prenons le mot « partir ». Pour Floris qui a lu Moby Dicksa signification sera à jamais liée à la scène dans laquelle le capitaine Peleg veut tester la capacité du garçon à faire partie de l’équipage, en lui demandant quelles impressions la vue de la mer suscite en lui. À ceux qui sont prêts à voyager, cela ne peut pas ressembler à de l’eau. C’est pourquoi, pour Floris, « départ » n’est jamais synonyme de « voir le monde ». On peut voyager, comme le suggère le roman d’Hermann Melville, sans jamais le voir.

Les mots s’entrelacent dans les relations, nous rappelle ce livre qui semble s’inspirer de l’étymologie grecque de Leghéin, « parlant », mais aussi « contraignant », gardant ensemble les expériences et les occasions au cours desquelles cet ensemble de lettres est venu nous rendre visite. Nos histoires comme nos idées sont contaminées par les livres que nous lisons et les auteurs que nous avons rencontrés. Sur ceux-ci, vous pouvez construisez une histoire sur vous-même qui tendent ensemble vers l’objectivité et l’identification. À une autobiographie qui, comme celle de Floris, nous protège des exigences brusques de l’ego et nous expose au pouvoir (et) « contraignant » des mots.

L’auteur et le livre

Le livre L’essentiel. Notes d’un lecteur aventureux il est publié chez Solferino (190 pages, 16,50 €). Giovanni Floris a suivi les grands événements politiques, étrangers et économiques en tant que correspondant de la « Giornale Radio Rai ». Il a animé Radio anch’io et a été correspondant aux États-Unis en 2002. Il est l’auteur et animateur de DiMartedì sur La7, après 13 ans de Ballarò sur Rai3. Il a écrit des essais et des romans, notamment Cette nuit c’est moi (Rizzoli, 2016). Il a publié les deux essais pour l’éditeur Solferino Dernier banc (2018)e L’Alliance (2019) et le roman Le jeu (2022)

11 octobre 2023 (modifié le 11 octobre 2023 | 11:23)



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