C’est un rituel, chaque année, le 8 janvier. Philippe Billeau, le président, et plusieurs membres de la fondation Thérèse et René Planiol se rendent au château de Saint-Senoch, à Varennes, entre Loches et Ligueil. Quelques fleurs et une petite pensée, au moment de se recueillir sur la sépulture de Thérèse Planiol, décédée voilà une décennie, à l’âge de 99 ans. “On se retrouve là-bas tous les ans, on en profite pour nettoyer sa tombe” confie-t-il. Elle repose à côté de son mari, René, à quelques mètres du château où ils ont vécu pendant près de cinquante ans.
Une attention à la hauteur de la trace qu’elle a laissée dans l’histoire. Abandonnée à l’âge de 3 mois, placée dans une famille adoptive du Puy-de-Dôme par l’Assistance publique, elle s’est construite patiemment. “Elle fera de brillantes études, réussissant à devenir médecin et être la première femme agrégée” confie Philippe Billeau.
“On était vus comme des Martiens”
On doit à Thérèse Planiol d’avoir posé les jalons de l’imagerie médicale que l’on connaît aujourd’hui, dès 1968, lorsqu’elle a créé le service d’exploration fonctionnelle non invasive, au CHU Bretonneau, à Tours. “On était vus comme des Martiens, des animaux de cirque. C’était des technologies peu développées” sourit le professeur Léandre Pourcelot, le bras droit de Thérèse Planiol.
Un tandem complémentaire, Planiol est spécialisée dans les isotopes et l’utilisation des produits radioactifs en médecine ; Pourcelot, les ultrasons. En particulier la technologie du doppler pour analyser la circulation sanguine, aujourd’hui l’examen de référence pour détecter les phlébites, varices, thromboses… “On était dans la phase initiale, on était des pionniers avec Madame Planiol. C’était le tout début d’une révolution” confie le professeur Pourcelot. La spécialité de Thérèse Planiol, c’était la neurologie. Ses recherches ont notamment permis de développer l’échographie pour détecter les tumeurs cérébrales. “C’était le point de départ de l’imagerie cérébrale” ajoute Philippe Billeau.
Un héritage encore présent
Une cause qui l’amène à créer sa fondation en 2003, pour soutenir les chercheurs travaillant sur les maladies du cerveau. “Tous les ans, les scientifiques font des demandes de fonds, sur Alzheimer, l’AVC par exemple. Un conseil scientifique se réunit pour étudier les dossiers” note le président de la fondation. Elle donne environ 100.000 € chaque année, partagés entre les programmes de recherche lauréats. “Il y a aussi des aides pour les jeunes chercheurs, de moins de 25 ans et le prix Thérèse-Planiol” complète Philippe Billeau.
Le service fondé par Thérèse Planiol en 1968 existe toujours, aujourd’hui appelé unité de recherche IBrain (imagerie et cerveau). Un lycée porte désormais son nom, à Loches, depuis 2017, année de la fusion des lycées Delataille et De Vigny. Un beau symbole, à une dizaine de kilomètres de sa sépulture et de son château. “Une très belle reconnaissance” se réjouit Léandre Pourcelot. La fondation suit d’ailleurs l’actualité de l’établissement et cherche à nouer des liens plus forts.
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2024-02-10 20:47:00