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Mercredi 13 novembre 2024, 21h05
Une éventuelle sanction qui menace l’avenir politique de Marine Le Pen. Le parquet a requis ce mercredi cinq ans de prison (dont trois avec sursis) et une disqualification pendant la même période à l’encontre du leader de l’extrême droite française. Un mois et demi après le début du procès de Le Pen et de plus d’une vingtaine de membres du Rassemblement national (RN) pour un prétendu complot d’emplois fictifs au Parlement européen, le leader ultra fait face à cet éventuel sanction, outre une amende de 300 000 euros.
Le ministère public a requis cette peine devant le tribunal de grande instance de Paris pour les délits de « détournement de fonds publics » et de « complicité ». Les autres accusés – jusqu’à 26 ans, bien que Jean-Marie Le Pen (fondateur du groupe) et un autre dirigeant ne comparaissent pas en raison de leur état de santé – risquent également des peines de prison et d’interdiction allant de trois ans à six mois. Par ailleurs, la demande du procureur prévoit des amendes comprises entre 200 000 et 10 000 euros. Il s’agit d’une sanction plus sévère que celle subie en début d’année par les dirigeants de la formation centriste MoDem dans une autre affaire similaire, mais de moindre ampleur.
Le verdict du procès Le Pen ne sera connu que début 2025. Si le verdict est reconnu coupable, le tribunal devra automatiquement prononcer une peine d’interdiction d’au moins cinq ans, sauf décision particulière du tribunal. Ceci est déterminé par une loi anti-corruption approuvée en 2016 et qui est appliquée dans cette affaire.
«Emploi fictif»
Concrètement, la Justice accuse les dirigeants du RN d’avoir utilisé leurs assistants au Parlement européen pour travailler pour le parti au lieu d’effectuer du travail parlementaire. Ce dispositif a duré entre 2004 et 2016. Initialement, le Parlement européen avait estimé l’impact de ce système à 7 millions d’euros, mais l’a ensuite abaissé à 4,5 millions. Une partie d’entre eux a déjà été renvoyée par cette formation nationaliste et xénophobe.
“Ils ont créé une machine de guerre pour en détourner jusqu’à la dernière miette”, affirme l’accusation à propos d’un mode opératoire qui s’est accentué après 2014. Après avoir remporté les élections européennes en France cette année-là, le Front national (il a changé de nom en 2018) avait plus de 20 députés européens et a vu une source de ressources dans les 21 000 euros mensuels que le Parlement européen met à la disposition de chacun de ses représentants.
Ensuite, « le parti se trouvait dans une situation financière particulièrement délicate. Et il a systématiquement utilisé tout ce qui pouvait l’aider à réduire ses dépenses, “légales ou non”, a expliqué la procureure Louise Neyton.
Les représentants du ministère public ont détaillé les délits présumés commis par neuf anciens députés européens, douze assistants, des experts comptables et celui qui était alors trésorier de la formation. Ils ont évoqué par exemple le cas de Thierry Léger, garde du corps historique de Jean-Marie Le Pen engagé comme assistant de Fernand Le Rachinel, autre représentant européen entre 2005 et 2009.
“Je ne suis allé à Bruxelles que lorsque Jean-Marie Le Pen y était et je n’y suis pas allé si Le Pen n’y était pas”, a déclaré le procureur. «C’est un travail fictif. Non pas parce que je n’avais pas travaillé, mais parce que ces tâches n’étaient pas financées par celui qui en bénéficiait”, a-t-il expliqué.
“Même si Wallerand de Saint-Just (trésorier) avait un rôle primordial, tout dépendait de Mme Le Pen”, ont déclaré les procureurs, qui ont qualifié ce détournement de fonds publics de “sans précédent” en raison de “leur montant” et “sa durée”. “. La dirigeante du RN, présente à l’audience, a secoué la tête à plusieurs reprises et s’est moquée de ce type d’accusations. Même si au début du processus elle semblait confiante quant à la sentence, elle semble désormais de plus en plus résignée face à une éventuelle condamnation. Il a accusé à plusieurs reprises les juges de « les soumettre à une présomption de culpabilité ».
“J’espère que la Cour ne prendra pas en compte cette demande de condamnation” car “ils n’ont fourni aucune preuve à l’exception de quelques emails et SMS”. (…) La seule chose qui intéresse le parquet, c’est de mettre un terme à ma carrière politique», a déclaré Le Pen à l’issue d’une longue séance. Si les magistrats suivent la demande du parquet, son avenir pourrait être remis en question. Même sa candidature aux prochaines élections présidentielles, prévues en 2027.
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