Le partenariat avec Adidas a toléré l’antisémitisme du rappeur Kanye West pendant près de 10 ans

Avant de perdre plusieurs contrats commerciaux – notamment avec Adidas, Balenciaga et Gap -, l’antisémitisme et les provocations du rappeur Kanye West ont été tolérés pendant près de 10 ans par Adidas, selon le New York Times dans un long reportage publié le 27 octobre, qui s’appuie sur de nombreux documents et interviews.

Dans l’article, d’anciens employés d’Adidas révèlent que Kanye West avait dessiné une croix gammée lors d’une réunion de conception de chaussures au début de leur partenariat en 2013. Il aurait également conseillé à un manager juif d’Adidas de “s’embrasser une photo d’Hitler tous les jours”. Il aurait également affirmé qu’Hitler était un “maître du marketing” et qu’il admirait sa maîtrise de la propagande.

Malgré ces faits, les dirigeants d’Adidas ont poursuivi leur partenariat avec la star.

En 2022, le rappeur avait rendu hommage à Hitler, nié l’Holocauste et s’était identifié comme nazi. Il avait également publié sur Twitter l’image d’un symbole représentant une croix gammée et une étoile de David entrelacées, ce qui a entraîné son exclusion du réseau social pour “incitation à la violence” selon Elon Musk. Le rappeur ne s’est jamais excusé pour ces faits. En octobre de la même année, il avait déclaré : “Je peux dire des choses antisémites et Adidas ne peut pas me laisser tomber.” Il a finalement été abandonné par la marque peu après.

L’article du New York Times rapporte également des faits de harcèlement sexuel commis par le rappeur dans le cadre de sa collaboration avec Adidas.

La rhétorique utilisée par Kanye West a été liée à de nombreux incidents antisémites réels – notamment des agressions physiques – ainsi qu’à une haine anti-juive très présente sur Internet, selon l’ADL (Anti-Defamation League).

Dans son édition du 26 octobre, le magazine Le Point a consacré un article à l’antisémitisme dans le rap. Outre Kanye West, l’article mentionne le Français Freeze Corleone, qui a notamment déclaré dans ses textes : “J’arrive déterminé comme Adolf dans les années 30” ; “Tous les jours RAF [rien à foutre] de la Shoah” ou encore “Je préfère être accusé d’antisémitisme plutôt que de viol comme Gérald Darmanin”.

Pour ces textes, il s’est vu interdire à plusieurs reprises de donner des concerts et a été abandonné par son label.

Le rappeur français Médine est également mentionné, après avoir récemment fait l’objet d’une grande polémique suite à son invitation aux universités d’été d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV) et de La France insoumise (LFI). Dans l’une de ses chansons, il dénonçait un prétendu “commerce de l’Holocauste”. Il avait également posé sur une photo en faisant le geste antisémite de la “quenelle” du polémiste Dieudonné.

Pendant la polémique cet été, Médine a été critiqué pour s’en être pris à l’écrivaine Rachel Kahn, d’origine juive et gambienne, en la qualifiant de “ResKHANpée”. Si la dirigeante d’EELV, Marine Tondelier, y voyait la marque d’un “antisémitisme insidieux”, l’invitation du rappeur avait été maintenue.