le parti vote son expulsion (et c’est le tournant sur lequel il va bâtir sa fortune) – Corriere.it

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2023-05-15 12:53:52

De ANTONIO CAROTI

Le 24 novembre 1914 à Milan, la section locale du parti vote son expulsion « pour indignité politique et morale ». Pour le futur Duce c’est le tournant sur lequel il bâtira sa fortune

Voici le troisième épisode de la série “Les jours de Mussolini” pour raconter l’histoire du fondateur du fascisme à travers quelques-unes des dates les plus importantes de sa vie.

Ici le premier et deuxième épisode.

C’est une soirée difficile pour Benito Mussolini, celle du 24 novembre 1914. A Milan, la section locale du Parti socialiste (PSI), son parti, doit décider de l’exclure “pour indignité politique et morale”. La raison? Non seulement le manager romagnol a pris position en faveur de l’intervention italienne dans la Première Guerre mondiale, mais a quitté le « Avanti ! » socialiste, dont il fut le directeur très populaire, à fonder son journal personnel, «Il Popolo d’Italia», ouvertement aligné pour entrer dans le conflit. C’est trop.

La base du PSI, qui idolâtrait auparavant le futur dictateur, s’est maintenant retournée contre lui. Les ouvriers détestent la guerre, dont ils ne peuvent attendre que la mort et la ruine. Lorsque Mussolini se présente devant l’assemblée qui doit le juger, il est accueilli par des huées et des huées hostiles. Ils le traitent de “traître”. Et la proposition de créer une commission pour examiner son cas a été rejetée à l’unanimité.Néanmoins, Mussolini demande la parole, provoquant de nouveaux tumultes. Giacinto Menotti Serrati, l’exécutif autoritaire qui a pris la tête d’«Avanti!», a dû intervenir pour apaiser le public en colère: «Cet homme que vous avez applaudi avec tant d’enthousiasme – dit-il – lorsqu’il représentait l’aile révolutionnaire des disparus, il doit être entendu encore aujourd’hui, alors qu’il est accusé”. Les tumultes s’apaisent, mais le discours du réprouvé sera encore troublé par plusieurs interruptions. Au début de l’intervention, la voix de Mussolini est, selon les chroniques, « émue et faible ».

Douze années de sa vie partent en fumée. Lui qui par le passé a mené des réquisitoires véhéments contre des camarades attestant de positions compromises avec la bourgeoisie, se retrouve désormais au banc des accusés. Il se sait condamné d’emblée et se montre résigné au sort qui l’attend :« Je serai guillotiné – observe-t-il – avec un agenda qui ne dit rien ». Puis l’orateur tente de pénétrer les sentiments les plus profonds de l’auditoire : « Tu crois que tu me perds. Vous vous leurrez. Tu me détestes aujourd’hui parce que tu m’aimes toujours.” Il n’épargne pas les menaces : “Je vous dis à partir de ce moment que je n’aurai ni pitié ni pardon pour tous les réticents, pour tous les hypocrites, pour tous les lâches !”. Et il termine en revendiquant fièrement sa fidélité aux idéaux du mouvement ouvrier : « Ne croyez pas que je me sépare avec joie de cette carte de membre. Arrache-le-moi; mais vous ne m’empêcherez pas de prendre la tête de la cause du socialisme.

Cependant, cette profession de foi est inutile. L’assemblée vote l’expulsion à main levée, avec un verdict à très large majorité. Le lendemain, l’Avanti! il applaudit l’éviction d’un “élément impur” responsable d’une “campagne de lâcheté indigne”. Mussolini dans le « Popolo d’Italia » revendique la pleine validité de sa position : « Je lève ouvertement l’étendard du schisme. Je ne me calme pas, mais je crie ; Je ne plie pas, mais je me lève”. La controverse deviendra de plus en plus vive à l’approche de l’entrée effective de l’Italie dans la guerre.Cependant, il faut souligner que Mussolini a traversé une période de profonde angoisse avant d’en venir à exiger une intervention dans le conflit avec la plus grande énergie. Lorsque la guerre éclate, entre fin juillet et début août 1914, il s’aligne sur l’« Avanti ! pour la “neutralité absolue”, applaudissant la décision du gouvernement italien de rester en dehors, malgré le lien avec l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie représenté par le traité de la Triple Alliance. Puis, au fil des jours, sa position a changé. Sans aucun doute l’échec de l’Internationale Socialiste a influencé l’agitateur de Romagne.

Au lieu de se dresser unis contre la guerre, les principaux partis du mouvement ouvrier européen se sont alignés à une large majorité aux côtés de leurs gouvernements respectifs, soutenant leur effort de guerre. L’appel du patriotisme a prévalu sur l’idéologie internationaliste, démentant les auspices de Karl Marx.De plus, la menace du militarisme allemand se profile bientôt, déterminé à subjuguer tout le continent. L’Allemagne, pour envahir la France, a attaqué la Belgique neutre avec une brutalité brutale, au mépris des règles du droit international. Mussolini a été impressionné, il a défini le comportement de Berlin comme “inouï et brigand”.

Pourtant, toujours le 25 septembre 1914, dans l’« Avanti ! », il exhorte toutes les organisations socialistes à se prononcer sur la guerre. Et l’écrasante majorité des structures interrogées se sont déclarées contre toute intervention dans le conflit.En octobre pourtant, le bruit circule dans la presse bourgeoise que Mussolini n’aurait pas vu d’un mauvais œil l’entrée en guerre de l’Italie aux côtés de la France, de la Grande-Bretagne et de la Russie. Et à la fin le réalisateur de «Avanti!» est sorti au grand jour. Le jour même où la direction du PSI se réunit à Bologne, le 18 octobre 1914, il publie un article dans le journal dans lequel il propose aux socialistes de dépasser la position de neutralité absolue pour ne pas rester des “spectateurs inertes” dans le face à l’embrasement qui bouleverse l’Europe.

Maman son point de vue a été rejeté, en effet il s’est retrouvé isolé dans la direction du parti. D’où la décision de quitter «Avanti!» et de fonder un nouveau journal, avec un financement procuré par le directeur du « Resto del Carlino », Filippo Naldi, bien introduit dans les milieux économiques influents. «Il Popolo d’Italia», qui se proclame initialement «journal socialiste», sera en première ligne pour réclamer l’intervention et exaltera les émeutes de rue du «Mai radieux», qui en 1915 accompagnera l’entrée de l’Italie dans le conflit. Pour Mussolini, c’est le tournant sur lequel il bâtira sa fortune.

15 mai 2023 (changement 15 mai 2023 | 11h52)



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