LIMA – Des groupes de lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres et queer (LGBTQ) ont manifesté vendredi devant le ministère de la Santé du Pérou après que le gouvernement a publié un décret classant le transsexualisme parmi les troubles mentaux.
“C’est un décret qui nous ramène trois décennies en arrière”, a déclaré Jorge Apolaya, porte-parole de l’organisation de défense des droits Collective Pride March, basée à Lima. “Nous ne pouvons pas vivre dans un pays où nous sommes considérés comme malades.”
Les personnes transgenres sont celles qui rejettent le sexe qui leur a été attribué à la naissance. Certains d’entre eux optent plus tard pour une intervention chirurgicale ou médicale.
FACE-OFF Un manifestant LGBTQ crie à un homme lors d’un rassemblement devant l’ambassade du Pérou à Quito, la capitale équatorienne, le 17 mai 2024, commémorée comme la Journée internationale contre l’homophobie, la biphobie et la transphobie. PHOTO AFP
Le 10 mai, le gouvernement a mis à jour sa liste de problèmes de santé assurables – qui offrent depuis 2021 des prestations pour les traitements de santé mentale – pour inclure des services destinés aux personnes transgenres.
Dans le décret, le ministère de la Santé décrit cette maladie comme un « trouble mental » – un terme obsolète depuis longtemps officiellement abandonné par l’Organisation mondiale de la santé.
Plus de 200 militants se sont rassemblés devant le ministère pour exiger la révocation du décret vendredi, Journée internationale contre l’homophobie, la biphobie et la transphobie.
“C’est une réglementation qui nous viole… ils nous positionnent comme des malades, comme si nous avions un problème”, a déclaré Afrika Nakamura, 25 ans.
Avec des slogans comme “Ce n’est pas une maladie, c’est la diversité !” et “Nous sommes trans et nous ne sommes pas malades”, les manifestants ont bloqué pendant quelques heures l’avenue très fréquentée devant le ministère.
Aucun affrontement avec la police n’a été signalé.
“Nous exigeons l’abrogation de ce décret transphobe et violent, qui va à l’encontre de nos identités trans au Pérou”, a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) Gianna Camacho, militante de la Coordinacion Nacional LGTBIQ+. “Nous ne sommes pas malades mentaux et nous ne souffrons d’aucun trouble mental.”
Mais le gouvernement a déclaré qu’il n’abrogerait pas le décret.
Carlos Alvadrado, responsable du ministère de la Santé, a déclaré à l’AFP que cela “supprimerait le droit aux soins”.
Le décret vise simplement à étendre la couverture de santé mentale « pour le plein exercice du droit à la santé et au bien-être » de ceux qui le souhaitent ou en ont besoin.
Pour Percy Mayta, médecin et militant, « pathologiser » les personnes transgenres « ouvre la porte à… une thérapie de conversion » – que les organismes de l’ONU ont assimilée à de la torture et qui n’est pas illégale au Pérou.
Dans son communiqué, le ministère a souligné que “l’orientation sexuelle et l’identité de genre d’une personne ne constituent pas en soi un trouble de santé physique ou mentale et, par conséquent, ne doivent pas être soumises à un traitement ou à des soins médicaux ou à des thérapies dites de reconversion”.