Le Pérou fait face à sa pire crise sanitaire depuis 1990 : l’arrivée d’El Niño pourrait aggraver la situation

Le pays est confronté à sa pire crise sanitaire depuis 1990, notamment près de la frontière avec l’Équateur. L’arrivée d’El Niño pourrait encore amplifier le phénomène.

C’est une crise sanitaire qui a déjà fait plus de 200 morts au Pérou. Pour Valerie Paz-Soldan, experte en maladies infectieuses de l’université Cayetano Heredia, il s’agit de la vague épidémique “la plus forte” depuis la réapparition de la dengue dans le pays en 1990. Cette maladie transmise par le moustique tigre se manifeste brutalement après deux à sept jours d’incubation. On observe d’abord l’apparition d’une forte fièvre souvent accompagnée de maux de tête, de nausées, de vomissements, de douleurs articulaires et musculaires. Par la suite, on constate l’apparition d’éruptions cutanées ressemblant à celles de la rougeole.

Cette vague épidémique est réapparue à cause du cyclone Yaku qui a frappé en mars la région. Le moustique transmetteur de la dengue est attiré par les fortes pluies provoquées, qui lui permettent de se reproduire plus vite. Entre le 1er janvier et le 4 mars 2023, un total de 20 017 cas de dengue ont été notifiés, dont 25 ont entraîné le décès des patients. Plus récemment, le 13 juin, le défenseur du peuple, César Orrego, une personnalité indépendante chargée de défendre les droits humains, assurait que le bilan de l’épidémie atteignait désormais 82 morts, dont 11 enfants, alors que plus de 44 000 personnes étaient infectées dans le département désertique de Piura. L’incidence cumulée la plus élevée des cas de dengue au Pérou a été enregistrée en 2017, avec 68 290 cas signalés. Le nombre de personnes infectées depuis le 13 juin dépasse déjà la moitié du nombre record de 2017.

Cette crise sanitaire surgit avant El Niño, ce qui signifie que lorsque le phénomène météorologique pointera le bout de son nez, l’ampleur de l’épidémie risque de s’étendre encore plus. El Niño pourrait provoquer de fortes inondations en raison d’un mauvais drainage et d’un débordement inévitable des rivières. Ce qui exposerait la population à des niveaux extrêmes de dengue, de parasites intestinaux, de choléra, de paludisme, d’infections respiratoires aiguës, de maladies de la peau et autres.

Accusée d’avoir mal géré la crise épidémique, la ministre de la Santé, Rosa Gutiérrez, a été contrainte à la démission le 15 juin et a été remplacée par Oscar Ugarte.
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