Le Petit Chaperon rouge et Gretel, Hansel et les autres : deux contes pour aujourd’hui

Le Petit Chaperon rouge et Gretel, Hansel et les autres : deux contes pour aujourd’hui

Le Petit Chaperon Rouge Photo Christophe Raynaud de Lage

Sur les trois spectacles jeunes publics proposés cet été au festival d’Avignon, deux s’inspiraient de contes des frères Grimm : Le Petit Chaperon rouge et Gretel, Hansel et les autres. Qu’il s’agisse du collectif Das Plateau signant le premier ; ou d’Igor Mendjisky créant le second, ces spectacles ont constitué à chaque fois pour leur metteur en scène leur première incursion vers le jeune public. Ils sont actuellement en tournée.

Si ces adaptations proposent chacune une nouvelle lecture de ces contes, toutes deux s’éloignent des fins violentes et péremptoires de Charles Perrault, et prolongent encore plus avant les versions positives proposées par les Grimm. Igor Mendjisky a, ainsi, quasiment intégralement réécrit le récit. Gretel et Hansel ne sont pas abandonnés par leurs parents, pas plus qu’ils ne tombent aux mains d’une affreuse sorcière : au contraire, les enfants décident de fuir temporairement pour échapper à un monde bien terne et fade où les repas n’existent plus – on ne s’y nourrit que de pilules – et où leurs parents n’ont pas de temps à leur consacrer. Mendjisky décrit (lors de la conférence de presse du festival) ce travail de réécriture comme « un constant aller-retour pour que la pièce parle à la fois aux enfant et aux parents», ajoutant « j’ai néanmoins tenté de suivre le point de vue de Joël Pommerat selon lequel on devrait parler aux enfants comme aux adultes ».

Le récit au centre

Choix singulier, ces deux mises en scène plongent les spectateurs dans le conte à travers sa narration. Ainsi, chez Igor Mendjisky le public reçoit l’histoire par le truchement des enfants à qui les parents et un de leurs amis racontent le conte pour les endormir. Chez Das Plateau, l’histoire du chaperon rouge est adressée directement au public, comme une plongée dans ses souvenirs par le petit chaperon elle-même. La comédienne Maëlys Ricordeau qui interprète ce personnage incarne également la mère et la grand-mère du chaperon. Une manière de travailler pour la metteuse en scène Céleste Germe (comme elle l’explique en conférence de presse) les questions de « mémoire des générations » ainsi que de « la transmission ».

La force des images

Igor Mendjisky adapte Hansel et Gretel des frères Grimm au Festival d'Avignon 2022

Hansel et Gretel Photo Christophe Raynaud de Lage

Igor Mendjisky comme le collectif Das Plateau font la part belle à la scénographie. Verser Le Petit Chaperon rougeDas Plateau collabore pour la troisième fois avec le scénographe James Brandy « dans un projet qui permet de travailler sur l’illusion, la magie, qui permet des apparitions et disparitions au gré de la lumière, grâce à un miroir sans tain ». Le résultat est un plateau à l’esthétique magnifique, évoquant un tableau en mouvement où se succède la maison du chaperon, celle de la grand-mère et la forêt. Igor Mendjisky, pour sa part, installe sa pièce dans une chambre d’enfants hyperréaliste, avec le souci de « dessiner des sensations, car quand on est enfant, c’est surtout cela qui nous marque ». Pour ce faire le metteur en scène a recours à divers médiums de narration dont la vidéo, les ombres chinoises, ou l’animation 2D, le travail avec ces différentes échelles transportant le spectateur au gré de son imagination, avec vingt-cinq personnages aux voix et aux personnalités bien distinctes.

Deux enjeux contemporains

Enfin, les deux adaptations affirment travailler des enjeux féministes. Igor Mendjisky prend, lui, le parti de renommer le conte afin d’en changer le point de vue et de faire suivre au spectateur une Gretel décidée, mature, prête à tout pour son petit frère, et à qui l’on livrera, en guise de morale, l’injonction poétique de « prendre soin des histoire qui se baladent en toi ». Pour justifier ses choix, le metteur en scène cite sa sœur jumelle qui lui a donné l’impression de « grandir avec une sorte de moitié à [ses] côtés » ainsi que sa fille de huit ans à qui il attribue avec humour « le rôle de conseillère littéraire ».

Si Das Plateau atteint son objectif de « magnifier les forces de l’enfance » par sa proposition formelle, le féminisme semble, néanmoins, plus présent dans la note d’intention que dans la pièce elle-même. Certes, il y a le doublement de la fin où la grand-mère prend sa revanche, entraînant un loup dans un piège pour protéger sa petite fille – un geste témoignant d’une solidarité féminine intergénérationnelle. Certes, le chaperon n’est plus l’enfant écervelée de Perrault chez qui Das Plateau relevait une « inversion de la culpabilité entre l’enfant et le loup ». En revanche, la morale de l’histoire semble rester celle du conte originel : si cette mésaventure est arrivée au petit chaperon rouge, c’est parce qu’elle a dévié du sentier duquel on lui avait interdit de s’éloigner. Du chemin semble donc encore à parcourir pour que s’efface entièrement cette « inversion de la culpabilité » et pour que ce conte s’affirme pleinement comme émancipateur…

Hanna Bernard – www.sceneweb.fr

Le Petit Chaperon rouge
Textes Jacob et Wilhelm Grimm, traduction de Natacha Rimasson-Fertin et extraits de Futur, ancien, fugitif d’Olivier Cadiot
Mise en scène Céleste Germe
Avec Antoine Oppenheim, Maëlys Ricordeau
Collaboration artistique Maëlys Ricordeau
Conseil dramaturgique Marion Stoufflet
Musique Jacob Stambach
Scénographie James Brandily
Lumière Sébastien Lefèvre
Images Flavie Trichet-Lespagnol
Son et vidéo Jérôme Tuncer
Costumes Sabine Schlemmer
Assistanat à la mise en scène Mathilde Wind

Production Das Plateau
Coproduction Théâtre Jean-Vilar de Vitry-sur-Seine, Le Grand R Scène nationale de la Roche-sur-Yon, Festival d’Avignon, Théâtre Nouvelle Génération centre dramatique national (Lyon), Nanterre-Amandiers centre dramatique national, La Comédie de Colmar centre dramatique national Grand Est Alsace, Comédie de Reims Centre dramatique national, Théâtre Brétigny scène conventionnée d’intérêt national arts et humanités, Théâtre Gérard Philippe Centre dramatique national de Saint-Denis, La Villette – Paris initiatives d’artistes, CRÉA – Festival Momix – Scène conventionnée d’Intérêt National « Art Enfance Jeunesse » (Kingersheim), Théâtre National de Bretagne (Rennes), Le Grand Bleu scène conventionnée d’intérêt national art, enfance et jeunesse (Lille)
Avec le soutien de la Drac Île-de-France – ministère de la Culture, de la Région Île-de-France, du Département de l’Essonne
Résidences Ferme du Buisson Scène nationale (Noisiel), Théâtre Jean-Vilar de Vitry-sur-Seine, Le Grand R Scène nationale de la Roche-sur-Yon

Das Plateau est conventionné par la DRAC Île-de-France et soutenu par la Région Île-de-France au titre de l’aide à la permanence artistique culturelle, et par le département de l’Essonne au titre de l’aide à la résidence territorial.
Das Plateau est membre du collectif de compagnies 360.

Durée : 40 min

Festival d’Avignon 2022
Chapelle des Pénitents Blancs
du 15 au 18 juillet, à 11h ou 15h

Théâtre de Châtillon
du 28 au 30 septembre

Théâtre Nouvelle Génération (TNG), Lyon
du 4 au 15 octobre

La Villette, Paris
du 24 au 26 novembre

Théâtre Les Halles, Sierre
du 30 novembre au 2 décembre

Théâtre de La Roche-sur-Yon
du 7 au 9 décembre

Théâtre national de Bretagne, Rennes
du 13 au 17 décembre

Le Grand Bleu, Lille
du 11 au 14 janvier 2023

Le Phénix Scène Nationale, Valenciennes
du 17 au 19 janvier

Le Quai – CDN d’Angers
du 23 au 25 janvier

Festival Momix, Kingersheim
le 29 janvier

Théâtre Gérard Philipe, Saint-Denis
du 1er au 4 février

Théâtre Sartrouville / Yvelines – CDN
le 11 février

Théâtre de Brétigny
du 7 au 9 mars

Théâtre Nanterre-Amandiers
du 23 au 25 mars

Comédie de Colmar
du 30 mars au 1er avril

Théâtre Jean Vilar de Vitry-sur-Seine
du 17 au 22 avril

MC2 : Grenoble
du 11 au 13 mai

La Ferme du Buisson, Noisiel
du 1er au 3 juin

La Comédie de Reims
du 8 au 10 juin

Gretel, Hansel et les autres
Écriture et mise en scène Igor Mendjisky
Avec Igor Mendjisky, Esther Van Den Driesshe, Sylvain Debry
Assistant à la mise en scène Thomas Christin
Dramaturgie Charlotte Farcet
Animation 2D Cléo Sarrazin
Musique Raphaël Charpentier
Scénographie Anne-Sophie Grac et Igor Mendjisky
Vidéo Yannick Donet
Lumières Stéphane Dechamps
Construction décors Jean-Luc Malavasi

ProductionMoya Krysa
Partenaires Festival d’Avignon, La Colline – théâtre national, Célestins – Théâtre de Lyon, L’Azimut – Antony/Châtenay- Malabry, Pôle National Cirque en Ile-de-France, Le Grand T – théâtre de Loire-Atlantique, Les Gémeaux – Scène Nationale Sceaux, Théâtre National de Nice – CDN Nice Côte d’Azur, Théâtre Romain Rolland de Villejuif – Scène conventionnée d’intérêt national Art et création
Avec le soutien du Fonds d’Insertion pour Jeunes Comédiens de l’ESAD – PSPBB, de l’espace SORANO
Avec la participation artistique du Jeune théâtre national
Projet soutenu par le ministère de la Culture – Direction régionale des affaires culturelles d’Île-de-France

Durée : 1h15

Festival d’Avignon 2022
Chapelle des Pénitents Blancs
du 8 au 11 juillet à 11h et 15h

L’Azimut, Antony et Châtenay-Malabry
du 8 au 12 octobre

Théâtre Romain Rolland, Villejuif
du 18 au 23 octobre

La Colline – théâtre national, Paris
du 1er au 17 décembre

Les Célestins – Théâtre de Lyon
du 20 au 31 décembre

Le Grand T, Nantes
du 28 février au 3 mars

Théâtre national de Nice, CDN Nice Côte d’Azur
du 15 au 18 mars

Théâtre de l’Olivier – Scènes & Cinés, Istres
les 21 et 22 mars

Espace Marcel Carné, Saint-Michel-sur-Orge
le 24 mars

Les Gémeaux, Scène nationale de Sceaux
les 7 et 8 avril

Le Quai – CDN Angers
du 12 au 15 avril

Espace Sorano, Vincennes
le 21 avril

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