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Le poker nucléaire de Poutine

by Nouvelles

2024-11-29 08:00:00

Avec l’invasion russe de l’Ukraine, Poutine menace depuis plus de deux ans d’utiliser l’arme nucléaire. La première fois qu’il a été utilisé, c’était en 1945 au Japon, qui s’est ensuite rendu aux États-Unis. Le monopole américain a pris fin lorsque l’URSS a acquis la capacité nucléaire en 1949.. D’autres y parviendront plus tard, même si Washington et Moscou disposent des arsenaux les plus importants. Les doctrines pour son utilisation se sont complexifiées en fonction, essentiellement, de l’augmentation du nombre de pays possédant des armes nucléaires ; l’élargissement de la gamme (différentes puissances explosives et utilisations possibles) ; l’évolution des vecteurs (avions, missiles, depuis les sous-marins, canons et mortiers, désormais drones ?) ; et l’évolution de doctrines qui sont en principe défensives, même si certaines cherchent à gagner une guerre nucléaire. Ces doctrines sont comme un jeu d’échecs dans lequel, avant de commencer, sont calculés les premiers coups, leurs réponses et contre-réponses, les avertissements pour ne pas aggraver le conflit et éviter une épreuve finale qui conduirait à la fin de la planète. Une partie de poker sous haute tension. Le Traité de non-prolifération (TNP) de 1970 tente de limiter les détenteurs d’armes nucléaires en privilégiant ceux qui en possédaient déjà en échange d’une lointaine promesse de leur élimination et d’une volonté de transférer des technologies pour l’utilisation civile et pacifique de l’énergie nucléaire. .

L’Espagne a adhéré au TNP en 1987. Sous Franco, on souhaitait parvenir à une capacité nucléaire, mais sans moyens budgétaires suffisants ni véritable volonté politique. En démocratie, l’argument juridique a d’abord prévalu selon lequel il s’agissait d’un traité inégal en privilégiant certains pays, mais, sans chercher à développer ses propres armes nucléaires, il était logique d’y adhérer. Il existe cinq puissances nucléaires reconnues par le TNP, Chine, États-Unis, France, Royaume-Uni et Russieet quatre autres en fait : Inde, Pakistan, Corée du Nord et Israël.Il existe des concurrents comme l’Iran, qui pourraient stimuler l’Arabie Saoudite.

Le traité ABM de 1972 entre les États-Unis et la Russie régissait une vulnérabilité réciproque en interdisant les boucliers antimissiles. Cela a été dénoncé (2002) et désormais les Etats-Unis sont favorables à un bouclier comme l’OTAN en Europe (contre les missiles du Moyen-Orient) et en Israël (« Dôme de Fer »). Il est probable que les drones permettront de développer une nouvelle capacité de vecteur nucléaire qui franchira les mailles défensives et il existe déjà des missiles hypersoniques que l’on croit imparables. Les accords de désarmement nucléaire affectent également les doctrines de dissuasion nucléaire en limitant les arsenaux. De nouveaux accords similaires à ceux éteints de la guerre froide pourraient également couvrir les arsenaux français, britanniques et chinois, sans oublier ceux non formellement reconnus, ce qui semble plus compliqué. Les Chinois, les Britanniques et les Français refusent de limiter les leurs tandis que les Américains et les Russes les dépassent de loin. Les mesures de confiance rassurent face à certains déploiements d’armes, notamment nucléaires. Il existe un lien avec d’éventuels accords de désarmement et des mesures de confiance concernant les armes conventionnelles.. Moins l’équilibre est rompu dans ce dernier secteur, moins l’emploi nucléaire est probable.

Il est légitime d’affirmer que si elle n’avait pas renoncé aux armes nucléaires héritées de l’URSS, l’Ukraine n’aurait pas été envahie. Leur démission, comme celle de la Biélorussie et du Kazakhstan en 1994 (Mémorandum de Budapest), a permis d’éviter davantage d’États nucléaires. La Russie a promis de respecter son intégrité territoriale, mais nous connaissons désormais la valeur de la parole russe. Les États-Unis, le Royaume-Uni, la France et la Chine sont également garants. Ce dernier s’est désengagé et les trois autres aident l’Ukraine sans intervenir directement dans le conflit. Il y a eu une érosion intéressante des lignes rouges nucléaires russes. L’Ukraine a touché des cibles en Russie même et des soldats ukrainiens sont entrés sur son territoire, prenant position dans la région de Koursk, sans que la Russie ait mis à exécution ses menaces d’usage nucléaire. Poutine a préféré déployer des soldats nord-coréens pour expulser les Ukrainiens. Ceux-ci ont donc réussi à « rendre progressivement la réponse nucléaire russe plus flexible », montrant que la décision d’y recourir n’est pas facile, même pour une autocratie comme celle de la Russie. En ce qui concerne l’Union européenne, une véritable autonomie stratégique nécessite qu’elle devienne un État fédéral, avec un président ou un Premier ministre doté d’une dissuasion nucléaire européenne. Cela semble être une mission impossible et, de toute façon, il conviendra de passer par une étape dans laquelle La France aurait un rôle à jouer avec sa “Force de Frappe” nucléaire dans la mesure où elle semble disposée à garantir l’intégrité des autres territoires européens de l’Union.

Il appartient aux partenaires européens de discuter avec Paris de cette question qui a des conséquences telles que participation aux décisions en matière d’emploi sans préjudice que la France ait le seul doigt possible sur la gâchettel’éventualité d’un financement communautaire de la dissuasion nucléaire française à la disposition de ses partenaires, son extension à davantage de composants et de vecteurs ou à des déploiements dans d’autres pays que la France. Sur les trois conditions du référendum pour le maintien de l’Espagne dans l’OTAN (1986), deux sont tombées. Avec Aznar, la non-participation à la Structure Militaire Intégrée et, depuis Zapatero, la non-augmentation des forces américaines en Espagne, laissant la non-installation, introduction ou stockage d’armes nucléaires sur notre territoire qui pourrait également être exclue, même si pas nécessairement, pour des raisons stratégiques et de solidarité avec une dissuasion nucléaire européenne.



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