Carlos Tavares a démissionné de son poste de PDG de Stellantis après près de quatre ans, dans un contexte de baisse des ventes de véhicules électriques et de concurrence accrue des constructeurs automobiles chinois.
Carlos Tavares, président du conseil d’administration de Stellantis et l’un des principaux architectes de la fusion PSA-FCA, a démissionné dimanche de ses fonctions, mettant fin à un mandat de près de quatre ans au cours d’une période de turbulences pour le constructeur automobile.
Le départ de Tavares, deux mois après qu’un avertissement de réduction des bénéfices ait effacé près de 50 % de la valeur marchande de Stellantis, reflète les difficultés rencontrées par les constructeurs automobiles plus âgés dans la transition vers les véhicules électriques.
Suite au limogeage de Tavares, les actions de Stellantis ont chuté de plus de 7 % au cours de la séance matinale en Europe, les investisseurs ayant réagi avec une nette inquiétude concernant le manque de leadership et l’incertitude entourant la stratégie future du constructeur automobile.
Des objectifs ambitieux, des résultats décevants
Tavares avait défendu l’investissement de 50 milliards d’euros dans l’électrification de Stellantis, dans le but d’atteindre 100 % de ventes de véhicules électriques à batterie en Europe d’ici 2030.
Cependant, les ventes n’ont pas répondu aux attentes. Selon le dernier EV Tracker de Bank of America, Stellantis a vendu 173 400 véhicules électriques au premier semestre 2023, un nombre qui est tombé à 157 700 au premier semestre 2024, soit une baisse de 9 % par rapport à l’année précédente.
Ce déclin a coïncidé avec la perte de terrain de Stellantis sur le marché mondial du tramway.
La part de marché mondiale de Stellantis dans le segment des véhicules électriques est tombée à 3,5 % au premier semestre 2024, contre 5,3 % au premier semestre 2023, alors que les fabricants chinois ont progressé en matière de prix compétitifs et d’innovation.
Ces difficultés ont contribué à la chute des actions de Stellantis de près de 50 % cette année et ont miné la confiance dans le leadership de Tavares.
Départ de Tavares : que se passe-t-il ensuite ?
Tavares était le gestionnaire automobile le mieux payé en 2023, avec une rémunération de 36,49 millions d’euros.
La décision de partir aurait été prise par consensus unanime parmi les membres du conseil d’administration de Stellantis.
Alors que Stellantis a félicité Tavares pour sa contribution à la création et aux premiers succès de l’entreprise, des désaccords internes entre le conseil d’administration et le PDG ont joué un rôle clé dans son départ.
Le président John Elkann a cité des « points de vue différents » sur la direction de Stellantis comme catalyseur du limogeage de Tavares.
Le conseil d’administration de Stellantis a déjà commencé la recherche du successeur du Portugais, dans le but d’achever la nomination à la mi-2025. Parallèlement, Elkann présidera un comité exécutif nouvellement créé, chargé de guider l’entreprise pendant cette phase de transition.
Voix et réactions de l’industrie
Le secteur de l’industrie automobile a réagi rapidement au départ de Tavares.
Sur X (anciennement Twitter), l’ancien PDG de Nissan et Aston Martin, Andy Palmer, a salué Tavares comme « peut-être l’homme de l’automobile le plus professionnel avec lequel j’ai travaillé », soulignant son rôle dans la création de Stellantis et le développement d’automobiles emblématiques. Palmer a ajouté : « J’espère que l’histoire est bonne pour lui. »
Cependant, d’autres étaient moins sympathiques. Le sénateur italien Carlo Calenda a critiqué Tavares pour son approche de gestion, déclarant : « Tavares ne nous manquera pas. Le défenseur des théories darwinistes qui semblaient s’appliquer uniquement aux travailleurs. Il est maintenant encore plus urgent de convoquer John Elkann au Parlement.
Le correspondant de CNBC, Michael Wayland, a noté : « Tavares a mal compris le marché nord-américain, donnant la priorité aux prix et aux profits plutôt qu’au volume et aux investissements. Cela a aliéné les consommateurs traditionnels et a conduit à une baisse de la qualité. »
L’analyste d’investissement Brian Tycangco a averti que les défis de Stellantis reflètent une tendance plus large, écrivant : « Les constructeurs automobiles traditionnels perdent du terrain face aux marques chinoises de véhicules électriques, même sur leurs marchés les plus rentables. L’innovation n’est plus facultative ».
Qu’est-ce qui attend Stellantis ?
Le départ de Tavares met en évidence les difficultés rencontrées par les constructeurs automobiles alors qu’ils tentent de passer des moteurs à combustion traditionnels aux groupes motopropulseurs électriques.
Stellantis doit désormais faire face à une concurrence accrue, à la baisse des ventes de véhicules électriques et à la nécessité de restaurer la confiance des investisseurs.
Les géants allemands Volkswagen, BMW et Mercedes-Benz sont également confrontés à des difficultés similaires, notamment une baisse de leur part de marché des véhicules électriques et une concurrence chinoise croissante.
Alors qu’Elkann prend temporairement la barre, Stellantis sera soumis à une pression énorme pour trouver un leader capable d’équilibrer innovation et excellence opérationnelle.
On ne sait pas encore si le prochain PDG sera capable de redresser la situation de l’entreprise, mais ce qui est en jeu n’est pas seulement Stellantis, mais aussi le secteur automobile européen en général, qui peine à rester compétitif dans un monde électrifié.