Le Prado expose des dessins de José de Madrazo, le premier peintre à diriger le musée

Carlos G. Navarro, conservateur de l’Espace Peinture du XIXe siècle du Prado, a sélectionné pour l’exposition douze des près de trois cents dessins par l’artiste de cette collection, qui révèlent la profonde influence de Jacques-Louis David (1748-1825)professeur de Madrazo, dans l’interprétation singulière qu’il a faite de l’iconographie du serment. Les œuvres exposées, depuis ses études anatomiques, reflet de sa passion pour la statuaire classique, jusqu’aux compositions préparatoires de ses grandes toiles, permettent au visiteur de comprendre le processus créatif de l’artiste mais aussi son polyvalence idéologiquecapable de s’adapter à des messages apparemment contradictoires.

À travers des scènes telles que « La mort de Lucrecia », « La mort de Viriato » et « La destruction de Numancia », Madrazo aborde des sujets tels que héroïsme, vertu et résistanceencadré dans l’histoire classique mais reflétant la réalité politique turbulente de l’Espagne de son époque. Dans chacun d’eux, l’artiste a incorporé le serment, une iconographie revisitée par sa génération comme écho artistique aux préoccupations politiques contemporaines.

Ces dessins, au-delà de leur valeur esthétiqueils ont un signification politique profonde qui illustre les changements idéologiques de Madrazo, qui a utilisé son art pour capter les tensions et les débats d’une nation en pleine transformation. L’exposition révèle non seulement la maîtrise du dessin de Madrazo, mais alerte également sur la nécessité d’aborder son processus créatif sous de nouvelles perspectives, non pas comme un simple processus formel mais en termes de capacité à introduire des questions politiques. Ainsi, nous pouvons apprécier la façon dont il a activement adapté la symbologie du serment à différentes iconographies pour construire un récit moderne de l’identité nationale.

« Serments de papier » offre une occasion unique de plonger dans les aspects les plus intimes de la création artistique de José de Madrazo à travers la richesse de ses dessins conservés dans la collection du Musée du Prado. Ces travaux sur papier constituent un moyen privilégié pour documenter et réinterroger les clés du néoclassicisme espagnol et, en particulier, revenir sur l’influence de Jacques-Louis David – dont le bicentenaire de la mort sera commémoré en 2025 – sur le renouveau de la peinture espagnole au cours du premier tiers du XIXe siècle.