“Le prix de l’alimentation va baisser, ce n’est pas normal qu’il soit aux niveaux actuels”

“Le prix de l’alimentation va baisser, ce n’est pas normal qu’il soit aux niveaux actuels”

2023-09-03 12:20:34

Luis Planas, ministre de l’Agriculture par intérim, recevra à partir de dimanche à Cordoue ses homologues de l’Union européenne pour une réunion informelle au cours de laquelle ils aborderont le rôle de les nouvelles technologies comme outil pour une agriculture plus résistante aux changement climatique.

Parmi ceux-ci, ils traiteront des dernières techniques de modification des gènes, une ligne d’action sur laquelle l’Espagne espère avancer pendant sa présidence du Conseil de l’UE, afin qu’à l’avenir l’utilisation de certaines pratiques soit simplifiée. La réunion sera marquée par d’autres problèmes tels que la sécheresse et les prix élevés des denrées alimentaires, ainsi que par une protestation nationale des agriculteurs et des éleveurs de Cordoue. En référence à la description de la situation faite par les organisations agraires, Planas estime qu'”il y a des exploitations agricoles qui sont très rentables, d’autres qui le sont et d’autres qui ont des difficultés. De là à qualifier la situation de ruineuse, il y a un bout à faire”. ”

Pourquoi amener les ministres de l’Agriculture de l’Union européenne à Cordoue ?

Premièrement, parce que je suis originaire de Cordoue et parce que Cordoue représente magnifiquement ce que nous voulons montrer aux ministres européens lors de cette réunion. C’est une province agroalimentaire, qui compte des secteurs clés comme l’huile d’olive, mais aussi d’autres comme le vin, les agrumes, les céréales et l’élevage, pour n’en citer que quelques-uns. Deuxième raison, le patrimoine culturel, historique et artistique de Cordoue mérite d’être exposé et je suis fier, en tant que ministre et représentant de Cordoue, d’y amener mes collègues européens. Il y a enfin une dimension plus européenne, plus générale. Nous sommes ici dans le sud de l’Europe, au sud du sud, et c’est une agriculture qu’il faut montrer.

L’événement commence ce dimanche par une séance d’information sur l’huile d’olive et une visite de la Mosquée-Cathédrale. Sont-ils deux joyaux de la province ?

Les quatre appellations d’origine de Cordoue, lors de cette dégustation, auront l’occasion de montrer leur excellence : Priego, Baena, Lucena et Montoro-Adamuz. Ensuite, un spectacle éblouissant est toujours la visite de la mosquée cathédrale.

Les prix historiques de l’huile d’olive ont entraîné une baisse de la consommation nationale que l’UPA place autour de 40% pour l’extra vierge.

Les prix sont anormalement élevés. Les deux dernières campagnes ont été particulièrement faibles. Ce chiffre que vous avez mentionné est probablement excessif, mais il est vrai que certaines études montrent qu’entre 10 et 12 %, en particulier, cela représente 1,9 % du poids du panier d’une famille espagnole moyenne.

Sera-t-il facile de reconquérir les consommateurs qui optent désormais pour d’autres graisses ?

J’ai envie de penser que ce mouvement, même s’il est léger, est absolument conjoncturel. Justement, ce que nous voulons, c’est augmenter le nombre de consommateurs d’huile d’olive dans le monde, mais pour cela il faut avoir une production. La campagne a été faible, nous estimons que la prochaine pourrait être supérieure à l’actuelle, mais pas encore à des niveaux normaux.

Pensez-vous pouvoir augmenter la production malgré la sécheresse ?

Cela dépend des conditions météorologiques. Il y a eu deux éléments au printemps qui ont été négatifs et positifs. Le point négatif était les températures élevées pendant la période de floraison. Le positif, les pluies qui sont arrivées plus tard. Il faut maintenant attendre de nouvelles pluies. S’il y en a, évidemment, nous ferons croître la production.

La réunion des ministres de l’UE se tient sous le titre « Nouvelles technologies pour une agriculture plus durable et plus résiliente ». Le secteur est-il préparé à relever les défis qui l’attendent ?

Nous soulevons trois aspects dans ce sujet. En premier lieu, ce qui fait référence à l’agriculture et à l’élevage de précision. Le processus de numérisation qui permet d’utiliser, par exemple, des produits phytosanitaires ou des engrais, et de mesurer la croissance des plantes afin d’appliquer les bonnes doses. Deuxièmement, qu’est-ce qui fait spécifiquement référence à l’eau. La réduction des pertes et du gaspillage d’eau est essentielle, tout comme l’utilisation d’eaux usées traitées et la possibilité de dessalement. Un troisième élément de cette innovation technologique, pour ne citer que trois aspects, est lié aux nouvelles techniques d’édition génétique. Autrement dit, dans un processus naturel, progresser et rendre les périodes de production plus courtes, et surtout, les plantes et les graines plus résistantes aux phénomènes comme les températures élevées. L’OCDE affirme que d’ici 2030, nous devons augmenter la productivité moyenne du secteur primaire de 28 % si nous voulons maintenir un équilibre entre la lutte contre le changement climatique et, en même temps, la production alimentaire. En Andalousie et en Espagne, nous avons déjà des exemples de la manière dont cette production alimentaire du futur est réalisée.

L’utilisation de techniques génomiques pour obtenir des variétés végétales résistantes à des problèmes tels que la sécheresse est une proposition législative de la présidence espagnole du Conseil de l’UE. Quel chemin reste-t-il à parcourir ?

La Commission européenne a présenté il y a deux mois une proposition sur les nouvelles techniques d’édition génomique et il s’agit d’avancer dans le processus de discussion ici à Cordoue et également avec le Parlement européen pour tirer quelques premières conclusions politiques, afin qu’au cours des prochains semestres, nous parvenions à un accord sur la nouvelle législation qui permet de soumettre certaines pratiques à une autorisation simplifiée et donc plus facile à utiliser.

Au-delà de cet axe de travail, que peut apporter la présidence espagnole du Conseil aux politiques agricoles européennes ?

L’Espagne est une puissance agricole, nous sommes le septième exportateur mondial. Au cours de notre présidence, nous devons amener l’UE à parvenir à des conclusions sur d’autres questions très importantes, j’en mentionnerai quelques-unes. La première, les indications géographiques. Ils sont essentiels pour valoriser certains de nos produits phares, par exemple l’huile, le vin et le fromage. Le nouveau règlement, que nous espérons conclure au plus tard en novembre, nous permettra de fournir un cadre juridique encore plus clair et plus solide en interne mais aussi en externe. Un autre point fondamental sera les enjeux liés à la réduction des produits phytosanitaires, à une fertilisation durable. Il est très important que nous parvenions à une durabilité compétitive.

Les agriculteurs de tout le pays manifesteront mardi prochain à Cordoue à l’occasion de la réunion des ministres de l’UE. Ils dénoncent vivre dans une situation « ruineuse ». Partagez-vous votre inquiétude ?

Premièrement, je respecte toute déclaration faite avec respect. Deuxièmement, en tant que ministre, j’ai tendance à sympathiser avec ceux avec qui je travaille et donc leurs problèmes sont aussi mes problèmes. Le moment actuel est très compliqué, nous avons eu une pandémie, une guerre en Ukraine, maintenant une sécheresse. Je pose simplement une question à voix haute : que ferions-nous sans PAC ? Que ferions-nous sans l’assurance agricole ? Que ferions-nous sans l’aide directe que nous avons approuvée du gouvernement en 2022 et 2023 pour la guerre en Ukraine ? Cela, ajouté à la loi sur la chaîne alimentaire, a représenté la réponse la plus puissante qu’un gouvernement espagnol ait apporté au cours de ce siècle à notre secteur primaire. A partir de là, la réalité au quotidien dépend de chacun. Il y a des exploitations agricoles très rentables, d’autres rentables et certaines en difficulté. Je suis à côté de tout. De là à qualifier la situation de ruineuse, il y a du chemin à parcourir.

Le secteur exige que les produits importés répondent aux mêmes exigences que celles demandées dans l’UE. Est-ce possible?

J’ai été le premier ministre européen de l’Agriculture à soulever cette question au Conseil, c’est pourquoi je suis très clair à ce sujet. Il y a deux tâches à accomplir : la première consiste à convaincre et à obtenir une majorité au Conseil et au Parlement européen, et la deuxième consiste à convaincre le reste des pays du monde au sein de l’OMC que c’est la meilleure approche.

Le secteur dénonce que les plus grandes exigences environnementales ont des répercussions dans une baisse de productivité. Comment cette situation pourrait-elle être compensée ?

Nous devons parvenir à une production alimentaire durable et rentable. C’est la clé. Trouver le bon équilibre pour que cette transition et cette réponse puissent avoir lieu est le sujet numéro un du débat sur la production alimentaire.

Les organisations agraires dénoncent également que l’aide accordée est insuffisante. D’autres mesures peuvent-elles être étudiées ?

Nous disposons de trois principaux piliers de soutien : le PAC, l’assurance agricole et les aides directes extraordinaires, ainsi que d’autres instruments. Nous sommes dans une bien meilleure condition que beaucoup d’autres.

“Il n’est pas normal que le prix des denrées alimentaires se situe aux niveaux actuels”

Le prix de la nourriture reste élevé. Le dépôt au supermarché est-il fermé ?

C’est que produire coûte cher. Dans un contexte comme celui actuel, où nous avons eu des augmentations des prix de l’énergie, une augmentation très importante du prix des engrais, des céréales et des oléagineux, tout cela a conduit à des circonstances très compliquées. Si l’on ajoute à cela la sécheresse, le contexte n’est pas simple. Que vont-ils diminuer ? J’en suis absolument convaincu, car ce n’est pas normal qu’ils en soient aux niveaux actuels.

“Il ne faut pas se livrer au catastrophisme (face à la sécheresse), mais appeler à la responsabilité”

S’il ne pleut pas cet automne, les prochains mois seront-ils encore plus durs pour les campagnes et pour la population ?

Il est très difficile de faire une prévision. Il ne faut pas s’engager dans le catastrophisme, mais lancer un appel à la responsabilité de chacun. Nous devons être très clairs sur le fait que la question de l’eau est fondamentale. Il faut prendre en compte sa bonne utilisation, les possibilités alternatives, eau de récupération ou dessalement, et prendre les mesures nécessaires en termes de production. Il y a ceux qui, par exemple, ont déjà changé de culture. Les nouvelles techniques d’édition génétique constituent une autre réponse. Il est vrai qu’au cours des 20 dernières années, les précipitations moyennes en Espagne ont diminué de 12 %. Il ne s’agit pas d’un jour, mais d’une tendance, et nous sommes capables de nous y adapter.

Dans le nord de Cordoue, les problèmes liés à l’eau persistent et la population est descendue dans la rue. Craignez-vous que la situation mette en péril la viabilité des entreprises d’élevage ?

Il n’y a pas de baguette magique, d’où l’appel à la responsabilité et à la coordination entre les administrations, et à ce que chacune fasse ce qu’elle a à faire.

Dans un autre ordre de choses, le PSOE a finalement enregistré une augmentation des voix aux élections générales. Croyez-vous que Pedro Sánchez restera président ?

Pedro Sánchez l’a dit très clairement. Du côté du PSOE, il y a deux références. Premièrement, la méthode, qui est le dialogue, nous parlons à tout le monde. Le PP n’est capable de parler qu’à Vox, car ils sont très similaires. Deuxièmement, grâce à ce dialogue, uniquement dans le cadre constitutionnel, nous sommes convaincus que nous pourrons tôt ou tard établir une majorité au sein du gouvernement.

Quelles pourraient être les clés pour former un gouvernement, en tenant compte du fait qu’une partie de la société rejette les accords avec les indépendantistes ?

Le président l’a dit très clairement, dans le cadre de la Constitution et uniquement dans le cadre de celle-ci. Et c’est là que nous prévoyons d’avancer et d’avancer.

Souhaitez-vous réitérer votre mandat de ministre ?

Le travail en tant que ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation est très important, c’est une grande fierté, mais il est aussi compliqué. Je me tiens à la disposition du parti et de Pedro Sánchez pour toutes les tâches futures qu’il jugera opportun de me confier. En dehors de tout cela, j’ai une grande responsabilité, celle d’être député de Cordoue.

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Quels sont les principaux enjeux du ministère de l’Agriculture pour la prochaine législature ?

J’ai défini le principal défi tout au long de cet entretien : comment parvenir à cette durabilité compétitive qui nous permet de continuer à produire des aliments en quantité et en qualité, tout en protégeant l’environnement et la biodiversité. D’un autre côté, il y a des éléments de soutien très importants que nous devons renforcer, par exemple l’assurance agricole. Enfin, l’agriculture familiale est essentielle à la vie de toute l’Espagne.



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