Le problème avec notre programme de gestion des domaines alimentaires

TEMPO.CO, JakartaLes projets de lotissements alimentaires de Merauke risquent d’échouer. Des doutes planent sur la manière dont ces projets sont partagés.

Le projet du gouvernement de créer une plantation de riz et de canne à sucre dans la régence de Merauke, en Papouasie du Sud, est une vieille rengaine. Les doutes sont nombreux quant aux chances de succès de ce projet de création de rizières et de plantations de canne à sucre dans des marécages et des tourbières, qui risque même de nuire à l’environnement naturel.

Le président Joko Widodo et le président élu Prabowo Subianto accélèrent les programmes de plantations agricoles à Merauke, qui couvrent un total de 2,29 millions d’hectares, soit 70 fois la superficie de Jakarta. Le gouvernement affirme que le projet national stratégique, divisé en cinq groupes, permettra d’atteindre l’autosuffisance en riz d’ici 2027, et de répondre à la demande en sucre et en bioéthanol un an plus tard.

Il est indéniable que l’Indonésie a besoin de réserves alimentaires pour éviter une future crise alimentaire. Les superficies cultivées continuent de diminuer, tandis que la dépendance aux importations et la faible productivité agricole pourraient entraîner des pénuries de denrées alimentaires sur les marchés. La sécurité alimentaire à long terme nécessite une planification minutieuse.

Mais la planification du mégaprojet Merauke n’a pas été particulièrement minutieuse. L’un des aspects clés concerne la nécessité de disposer d’un modèle économique qui garantisse la durabilité du programme et ne porte pas préjudice à l’environnement.

Sur le terrain, les projets de création de rizières et de plantations de canne à sucre se déroulent séparément. L’année dernière, Jokowi a lancé le programme de plantation de canne à sucre et de production de bioéthanol de 1,11 million d’hectares dans le sud de Merauke. Par l’intermédiaire de Bahlil Lahadalia, alors ministre de l’investissement et coordinateur du Conseil de coordination des investissements, le gouvernement a tenté d’attirer des investisseurs pour mettre en œuvre le programme.

Pendant ce temps, Prabowo, par l’intermédiaire du ministre de l’Agriculture Amran Sulaiman, a accéléré le programme de riziculture de 1,18 million d’hectares dans le nord de Merauke. Andi Syamsuddin, alias Haji Isam, un homme d’affaires du Kalimantan du Sud, a été invité à défricher le terrain. Isam a fait venir des milliers d’excavatrices pour un coût total de 4 000 milliards de roupies. Fin juillet, la première vague d’engins lourds en provenance de Chine est arrivée dans le village de Wanam.

En l’absence de critères clairs pour sélectionner les partenaires, il est facile de soupçonner que l’implication d’Isam dans le projet de plantations alimentaires fait partie du partage du gâteau en échange de faveurs politiques. Il en va de même pour l’inclusion des membres du consortium dans les plantations de canne à sucre. Il s’agit de magnats qui ont soutenu Jokowi dans la première ou la deuxième période de son administration.

Le gouvernement devrait tirer les leçons des échecs du président Susilo Bambang Yudhoyono. En 2010, Yudhoyono a lancé un programme similaire, le Merauke Integrated Food and Energy Estate (MIFEE), qui couvre environ 1,2 million d’hectares. Après plus d’une décennie, ce projet n’a pas réussi à atteindre l’objectif d’autosuffisance. Les investisseurs nationaux et étrangers se sont tous retirés.

L’une des raisons est que ces investisseurs ont dû faire face aux complexités liées à l’acquisition de terres, notamment aux questions de terres coutumières et de droits des autochtones. La délimitation des terres a souvent déclenché des conflits horizontaux. Parallèlement, la mauvaise qualité des infrastructures a entraîné une hausse de la production et des coûts après récolte. La production était faible car toute la région n’était pas propice à la culture du riz, de la canne à sucre ou du maïs. De plus, l’acidité des sols a entraîné une augmentation des coûts de gestion des terres en raison de la nécessité d’utiliser de grandes quantités d’engrais.

En outre, un autre projet de plantation de cultures vivrières à Gunung Mas, dans le centre du Kalimantan, a entraîné plus de problèmes que de profits. En 2020, le ministère de la Défense a défriché 600 hectares de forêt naturelle pour y planter du manioc, ce qui a entraîné l’émission de 250 000 tonnes de carbone. Et pendant la saison des pluies, la déforestation a entraîné des inondations.

A Merauke, une étude environnementale stratégique n’a été réalisée qu’après que le gouvernement eut décidé du lieu d’implantation. Or, celle-ci aurait dû être réalisée dès le début du projet, car elle concerne la capacité de charge de l’environnement ainsi que les matières premières et les terres propices à la plantation. La manière désordonnée dont le programme a été élaboré montre le manque de prudence du gouvernement en matière de gestion des ressources naturelles.

Enfin, Prabowo ne devrait pas se précipiter pour poursuivre ce plan. L’autosuffisance alimentaire est un objectif à long terme, pas un projet de solution rapide qui ne durera qu’un ou deux ans. Les échecs répétés de nombreux projets de plantations alimentaires alimentent facilement les soupçons selon lesquels ils ont été délibérément conçus dans le seul but de procurer des profits aux amis de Jakarta.

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