Le procès de l’ancien patron de FTX révèle des informations choquantes

Le longtemps attendu procès de l’ancien directeur de FTX a débuté le 3 octobre, donnant déjà aux observateurs une meilleure compréhension de la retentissante faillite de l’ancienne plateforme d’échange de cryptomonnaies. Il révèle également une multitude de secrets, tant sur la vie privée que professionnelle de l’homme à l’origine du plus grand scandale de l’histoire du secteur. Nous avons sélectionné pour vous les trois informations essentielles de ces deux premières semaines d’audiences riches en témoignages.

1. Abandonné par ses proches

Sam Bankman-Fried (SBF) a plaidé non coupable de toutes les accusations (deux de fraude et cinq de conspiration) retenues contre lui dans le cadre de la retentissante faillite de FTX, la plateforme d’échange de cryptomonnaies qu’il avait cofondée en 2019 avec Gary Wang. Ce n’est pas le cas de ses anciens collègues, les anciens proches collaborateurs de SBF, qui ont tous plaidé coupable et accepté de coopérer avec les autorités pour réduire leur peine. Parmi les plus notables figurent : Caroline Ellison, ancienne PDG de la société de trading Alameda Research affiliée à FTX, qui était également la petite amie de SBF ; le responsable technique de FTX, Nishad Singh ; ainsi que Gary Wang, ami d’enfance et camarade de promotion (au MIT) de SBF.

Leurs témoignages ont accablé l’accusé. “Il m’a ordonné de commettre ces crimes” a notamment répondu Caroline Ellison lorsque questionnée sur la responsabilité de la perte de plusieurs milliards de dollars de FTX, provenant de l’argent déposé par les clients sur la plateforme. Gary Wang a exprimé la même opinion lorsque le procureur l’a interrogé sur les investissements de plusieurs centaines de millions réalisés au nom de FTX dans différentes sociétés, toujours avec les fonds des utilisateurs : “Cela a été fait entièrement par SBF” a-t-il répondu.

2. La défense difficile de SBF

Sam Bankman-Fried, qui risque jusqu’à 115 ans d’emprisonnement, a très peu de marge de manœuvre concernant sa défense. L’approche de son avocat principal, Mark Cohen, est de convaincre les jurés que son client a certes commis des erreurs, mais n’a volé personne. Une tâche difficile compte tenu des témoignages des autres témoins et de l’image désormais détestable de SBF.

Dans son discours d’ouverture, Mark Cohen a tenté de présenter SBF comme un génie des affaires qui ne faisait que ce qui était permis dans un secteur que le gouvernement peine à comprendre. “Sam n’a volé personne et n’avait l’intention de voler qui que ce soit” a ainsi affirmé l’avocat. SBF aurait-il mélangé les dépôts des clients de FTX avec Alameda Research ? Ce n’est pas grave, car il restait le propriétaire majoritaire des deux sociétés et pouvait donc en disposer comme il le souhaitait, selon Mark Cohen, qui a qualifié Alameda de “market-maker”, c’est-à-dire un opérateur chargé, notamment, d’assurer la liquidité sur un marché.

La défense de SBF tente également de faire valoir que Caroline Ellison serait davantage responsable de l’effondrement de FTX en novembre dernier que son propre client. Mark Cohen a en effet accusé cette dernière de ne pas avoir réussi à mettre en place les couvertures appropriées contre les mauvais investissements d’Alameda, alors que SBF lui avait expressément demandé de le faire. Cependant, après avoir interrogé Caroline Ellison pendant près de cinq heures, Mark Cohen n’a pas pu démontrer cela. Selon d’anciens procureurs fédéraux interrogés par le Washington Post, les chances de SBF de se débarrasser des accusations de fraudes criminelles auxquelles il est confronté se détériorent rapidement.

3. Les révélations les plus invraisemblables

Ces deux premières semaines de procès (qui a commencé le 3 octobre) ont dévoilé un florilège de révélations invraisemblables sur la vie professionnelle et privée du fondateur de FTX.

Caroline Ellison a ainsi révélé que SBF lui avait confié son ambition de devenir président des États-Unis, avec une probabilité estimée à 5%, ainsi que son intention de donner 5 milliards de dollars à Donald Trump pour le dissuader de se présenter à l’élection présidentielle de 2024.

Nous avons également appris, entre autres, que la star du football américain Tom Brady avait été payée 55 millions de dollars pour une semaine de promotion de la plateforme, que SBF avait donné 10 millions de dollars à Joe Biden car il pensait que cela “ouvrirait des portes”, et qu’il avait également tenté de vendre des parts de FTX au prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane.

Bien que SBF ne soit pas accusé de corruption, Caroline Ellison a été autorisée à témoigner d’un cas où il aurait transféré “environ 100 millions de dollars” vers des portefeuilles de cryptomonnaies appartenant à des responsables chinois. Il s’agissait d’un pot-de-vin supposé inciter les autorités locales à débloquer deux comptes appartenant à FTX sur les plateformes Huobi (maintenant HTX) et OKX, d’une valeur totale d’un milliard de dollars, qui étaient gelés dans le cadre d’une enquête sur le blanchiment d’argent concernant une contrepartie d’Alameda. Elle a décrit ce paiement comme “un dernier recours” après l’échec d’autres stratagèmes, dont l’utilisation de comptes appartenant à des “prostituées thaïlandaises” pour effectuer des transactions permettant le transfert de la valeur des comptes
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