“Le projet spatial européen a surmonté ses contradictions et ses rivalités en se réinventant à un moment clé de son histoire”

Te sommet européen sur l’espace à Séville, qui s’est achevé mardi 7 novembre, a vu un accord sur des objectifs ambitieux, notamment autour de l’utilisation de l’espace pour la préservation du climat et de l’environnement. Il répondait également à deux questions fondamentales posées par le président français à Toulouse en 2022 : quelle est l’ambition de l’Europe en matière d’exploration ? Quel avenir pour les lanceurs européens Ariane et Vega ?

L’Europe est un leader spatial en matière d’observation de la Terre, avec des programmes majeurs tels que Copernicus, qui fournit des données satellitaires précieuses pour notre environnement. Depuis des décennies, les satellites européens scrutent en permanence la Terre, et c’est grâce à eux que nous pouvons mesurer et comprendre les changements du climat, de notre environnement et de la biodiversité.

Pour apporter une réponse concrète au changement climatique, le Centre National d’Etudes Spatiales [CNES] a également créé le Observatoire Espace pour le Climat. Avec 44 partenaires internationaux, nous croisons les données spatiales avec les observations in situ pour produire des outils d’analyse et de simulation permettant aux populations de s’adapter localement au changement climatique.

Nous mettons en place des solutions simples qui permettent par exemple d’évaluer les ressources en eau, de surveiller le littoral et de maîtriser les risques d’inondations côtières. A Séville, l’Europe a fait de ces questions une priorité politique majeure, lui permettant de maintenir son leadership scientifique, technique et industriel.

Une plus grande autonomie européenne

L’Union européenne [EU] s’est également penché sur la course à l’espace, et le projet spatial européen a surmonté ses contradictions et ses rivalités en se réinventant à un moment clé de son histoire. À l’heure où SpaceX martèle que son vaisseau spatial « fera de l’humanité une espèce multi-planétaire », l’Inde a quant à elle réussi l’alunissage de Chandrayaan-3, tandis que la Chine a envoyé un équipage de jeunes astronautes dans sa station spatiale. . Ces ambitions parfois excessives rappellent les enjeux géostratégiques inhérents à l’exploration spatiale. Quel rôle l’Europe devrait-elle jouer dans cette course vers ce qui pourrait être une « nouvelle frontière » ?

Séville a marqué une première étape importante vers le renforcement de l’autonomie de l’Europe en matière d’exploration. Tout en maintenant une coopération étroite avec nos partenaires américains, l’Europe doit rattraper son retard et affirmer son leadership dans des segments clés, à commencer par le contrôle de l’orbite terrestre basse.

Nous le ferons en mobilisant des industriels européens comme ArianeGroup ou Thales Alenia Space et des start-up comme Space Cargo Unlimited ou The Exploration Company, qui conçoivent des capsules spatiales. En développant une politique volontariste d’achat de services, les agences spatiales contribueront à l’émergence de champions de l’exploration spatiale.

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