“le rachat de parts, un effet d’aubaine pour Romeyer” selon l’économiste Pierre Rondeau

“le rachat de parts, un effet d’aubaine pour Romeyer” selon l’économiste Pierre Rondeau

Faut-il y voir une étape de franchie vers cette vente de l’AS Saint-Étienne évoquée depuis maintenant des années ? L’un des hommes forts de l’ASSE, Roland Romeyer, vient de racheter les parts du club confisquées par l’État à Adao Carvalhoson ancien associé, condamné en 2019 pour escroquerie. Roland Romeyer les rachète, via sa holding Croissance Foot, pour un montant de 2,2 millions d’euros. Une transaction officialisée ce lundi par le Ministère de l’Economie et des Finances. En contrepartie, le dirigeant stéphanois s’engage à reverser à l’État une partie du montant de la vente de son club (30% de la somme touchée par le dirigeant, si cette somme dépasse les 5 millions d’euros). Pierre Rondeau, économiste du sport, nous aide à analyser les enjeux de cette transaction.

France Bleu Saint-Étienne Loire : Comment est-il possible de décrypter ce rachat de parts réalisé par Roland Romeyer ?

Pierre Rondeau : Cette opération arrive comme un effet d’aubaine pour Roland Romeyer. Sans aller jusqu’à parler d’un prix bradé pour les parts du club, il va pouvoir bénéficier d’un intéressement si une vente de l’ASSE a lieu, et si cette vente se produit à un prix supérieur à 22 millions d’euros. Pour résumer simplement la situation, Roland Romeyer va récupérer 25% des parts pour « seulement » 2,2 millions d’euros. Dans le décret signé par le Ministère de l’Economie et des Finances, il est inclus qu’en cas de revente du club, le dirigeant stéphanois devra rétrocéder 30% de la part que touchera sa société. Un calcul rapide nous montre qu’à partir d’une vente du club à 22 millions d’euros, Roland Romeyer sera gagnant et gagnera de l’argent. Quand on parle de pari sur l’avenir, de pari risqué ou non, quand on sait que les actifs de l’ASSE sont aujourd’hui valorisés autour des 68 millions d’euros, quand on considère que les droits TV de la Ligue 1 et de la Ligue 2 pourraient être prochainement revalorisés, on peut alors imaginer que des investisseurs soient prêts à acheter l’ASSE et soient prêts à le racheter à plus de 22 millions d’euros. Roland Romeyer en ressortira gagnant. Lorsque ce dernier rachète les parts d’Adao Carvalho, il s’agit vraiment d’une opération financière, d’un pari d’investissement qui s’avèrera gagnant si le club est vendu plus de 22 millions d’euros.

Peut-on également y voir une volonté de rendre les comptes de l’ASSE plus présentables ?

Cette question peut très bien se poser, peut-être pour rassurer des investisseurs qui auraient préféré acheter directement à des investisseurs privés plutôt que de passer par le rachat de parts confisqués par l’Etat. Cela fait mauvais genre d’imaginer que l’on puisse acheter une entreprise dont une partie est détenue par un Etat souverain. Qui plus est détenue non pas pour des raisons d’investissement, mais pour des raisons de confiscation. Oui, cette opération de Roland Romeyer est également réalisée pour redorer son blason et pour rétablir une bonne image comptable du club. Aujourd’hui, l’ASSE est donc détenue par des investisseurs privés, solvables, capables de mettre la main à la poche, d’apporter 2,2 millions d’euros pour racheter des parts, le tout afin de rassurer des investisseurs potentiels.

Avec ce rachat qui devrait être effectif courant octobre, Roland Romeyer détient désormais le même nombre de parts de l’ASSE que Bernard Caiazzo, l’autre actionnaire majoritaire du club. Cela peut-il avoir son importance ?

C’est sûr qu’en termes de décisions (s’ils en prennent encore), les deux hommes sont désormais à parts égalitaires. Nous sommes donc désormais dans une sorte de démocratie, où une voix équivaut à une décision, une voix à un vote. Pour la vente, pour les négociations, pour tout le sportif et l’extrasportif, cela pourra quelque peu adoucir les prises de décision, sans être dans un conflit permanent. Ce qu’il est important de souligner aussi à travers ce rachat de parts, c’est que Roland Romeyer obtient désormais autant de pouvoir que Bernard Caiazzo, et ce pour “seulement” 2,2 millions d’euros. Cela va au-delà de l’histoire de la vente, il s’agit là d’une question de gouvernance sportive et extrasportive d’un club de football. L’effet d’aubaine de l’investissement se note aussi à cela. La contrepartie pour Roland Romeyer sera de rétrocéder à l’État 30% des fruits de la vente, mais si le club n’est pas vendu, rien n’oblige Roland Romeyer à verser quelque chose à l’État et il pourra conserver le pouvoir acquis. Tout ça pour un investissement de “seulement” 2,2 millions d’euros.

2023-09-22 12:05:36
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