Bande de Gaza (Territoires palestiniens) (AFP) – La guerre la plus meurtrière à Gaza ne montre aucun signe de ralentissement alors que le mois sacré musulman du Ramadan a commencé lundi, au milieu d’une crise humanitaire exténuante qui a poussé une grande partie du territoire au bord de la famine.
L’ONU et les groupes humanitaires affirment que seule une fraction des fournitures nécessaires aux 2,4 millions d’habitants de Gaza a été autorisée à entrer depuis qu’Israël a placé la bande de Gaza sous siège quasi total après l’attaque du 7 octobre.
Alors que le monde musulman accueillait le Ramadan avec le jeûne quotidien habituel, de nombreux habitants de Gaza se sont réveillés sous les bombardements qui ont vu les habitants fouiller une fois de plus dans les décombres des maisons détruites à la recherche de survivants et de corps.
« Le début du Ramadan a été triste et plongé dans l’obscurité, avec le goût et la puanteur du sang partout », a déclaré un Palestinien déplacé, Awni al-Kayyal, 50 ans.
De la fumée s’élève au-dessus de Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, lors d’un bombardement israélien, le 11 mars 2024. © SAID KHATIB / AFP
“L’occupation (israélienne) ne veut pas que nous ayons de la joie pendant le Ramadan. Nous n’avons pas de nourriture pour notre table d’iftar”, a-t-il déclaré, faisant référence au repas du soir qui marque la rupture du jeûne.
Un porte-parole du gouvernement chypriote a déclaré qu’un navire caritatif espagnol transportant de l’aide alimentaire devait quitter l’île dans quelques heures pour se rendre sur la côte de la bande de Gaza, où l’ONU a mis en garde à plusieurs reprises contre la famine.
L’ONG Open Arms a indiqué que son bateau remorquerait une barge transportant 200 tonnes de nourriture, que son partenaire, l’association caritative américaine World Central Kitchen, déchargerait ensuite sur les côtes de Gaza.
Le navire Open Arms s’apprête à tirer une barge transportant 200 tonnes de nourriture de Chypre vers Gaza © Iakovos Hatzistavrou / AFP
Pendant ce temps, les combats faisaient rage à travers Gaza, l’armée israélienne rapportant que les troupes avaient tué 15 militants “au cours d’affrontements rapprochés, de tirs de tireurs d’élite et de frappes aériennes”.
Il a ajouté que “plusieurs membres du Hamas ont été arrêtés” lors de raids contre des maisons dans le sud de Gaza, tandis que des témoins ont fait état de violents affrontements dans plusieurs zones au cours de la nuit.
Chypre, territoires palestiniens et Israël © Sylvie HUSSON, Valentina BRESCHI / AFP
Le ministère de la Santé de Gaza a déclaré qu’au moins 67 personnes avaient été tuées au cours des dernières 24 heures.
Le bureau des médias du gouvernement du Hamas a déclaré séparément que plus de 40 frappes aériennes avaient visé des maisons à Khan Yunis, dans la ville de Gaza et dans d’autres régions.
“Immense douleur”
Plusieurs pays ont largué dimanche de l’aide dans le nord de Gaza, mais le coordinateur de l’aide des Nations Unies pour la région a déclaré qu’il serait bien plus efficace de renforcer l’approvisionnement par voie terrestre.
L’aide humanitaire est larguée au-dessus du territoire palestinien le 10 mars 2024 © Menahem KAHANA / AFP
Certains colis alimentaires se sont brisés sous l’impact, laissant les habitants fouiller dans la terre pour récupérer ce qu’ils pouvaient, ont montré des images de l’AFPTV.
La guerre déclenchée par l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre a tué 31 112 Palestiniens, pour la plupart des femmes et des enfants, selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas.
Des semaines de pourparlers impliquant des médiateurs américains, qatariens et égyptiens n’ont pas abouti à une trêve et à un accord d’échange d’otages avant l’objectif prévu du début du Ramadan.
Les deux parties se sont mutuellement reprochées de ne pas être parvenues à un accord, après qu’Israël a exigé une liste complète des otages survivants et que le Hamas a appelé Israël à retirer toutes ses troupes de Gaza.
Un Palestinien cherche ses affaires parmi les décombres des maisons détruites par les bombardements israéliens à Rafah © SAID KHATIB / AFP
Une source au courant des pourparlers de cessez-le-feu a déclaré à l’AFP “qu’il y aura une poussée diplomatique surtout dans les 10 prochains jours” en vue de parvenir à un accord au cours de la première moitié du Ramadan.
Le mois sacré islamique de cette année est « tout en souffrance », a déclaré Ahmed Kamis, 40 ans, de Rafah, ville de l’extrême sud de Gaza, où environ 1,5 million de personnes ont tenté de trouver refuge mais sont toujours menacées par les bombardements israéliens.
Mais même si de nombreux Palestiniens ne savaient pas où trouver leur prochain repas, d’autres trouvaient quand même le moyen de célébrer le début du mois sacré, en confectionnant de maigres décorations et en distribuant des lanternes traditionnelles entre leurs tentes.
Déplacés par des mois de guerre et luttant pour trouver de la nourriture, de nombreux Palestiniens ont quand même trouvé le moyen de célébrer l’arrivée du Ramadan © SAID KHATIB / AFP
À Washington, le président Joe Biden, qui fait l’objet de critiques croissantes pour son soutien indéfectible à Israël alors que le nombre de morts parmi les civils à Gaza s’alourdit, a publié une déclaration marquant le début du Ramadan.
“Cette année, cela arrive à un moment d’immense douleur”, a déclaré Biden.
“Alors que les musulmans se rassembleront dans le monde entier dans les jours et semaines à venir pour rompre leur jeûne, la souffrance du peuple palestinien sera au premier plan pour beaucoup. Elle l’est pour moi.”
« Crimes odieux »
En Arabie Saoudite, le roi Salmane a appelé dans son message du Ramadan à la communauté internationale de « prendre ses responsabilités pour mettre fin à ces crimes odieux » à Gaza.
Des gens passent devant le Dôme du Rocher dans l’enceinte de la mosquée Al-Aqsa avant le début du mois de jeûne islamique du Ramadan, dans la vieille ville de Jérusalem, le 10 mars 2024. © AHMAD GHARABLI / AFP/File
Le chef de l’ONU, Antonio Guterres, a exprimé sa “solidarité et son soutien à tous ceux qui souffrent des horreurs à Gaza. En ces temps difficiles, l’esprit du Ramadan est une lueur d’espoir, un rappel de notre humanité commune”.
Répondant à la pression croissante des États-Unis et du pays, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déclaré dimanche que la plupart des Israéliens soutenaient « les mesures que nous prenons pour détruire les bataillons terroristes restants du Hamas ».
Il a déclaré que l’armée israélienne avait tué “au moins 13 000 combattants terroristes”, sans préciser comment ce chiffre avait été calculé.
Une voiture détruite par les bombardements israéliens à Rafah, la zone surpeuplée du sud de la bande de Gaza où environ 1,5 million de personnes ont trouvé refuge © MOHAMMED ABED / AFP
L’attaque du Hamas qui a déclenché la guerre a fait environ 1.160 morts en Israël, pour la plupart des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur des chiffres officiels israéliens.
Les militants ont également pris environ 250 otages, dont des dizaines ont été libérés au cours d’une trêve d’une semaine en novembre. Israël estime que 99 otages encore à Gaza sont toujours en vie et que 31 sont morts.
Ce qui est disponible dans le sud est vendu à des prix exorbitants, disent les habitants, ce qui rend ce Ramadan plus difficile que jamais.
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© 2024 AFP
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