Le régime azerbaïdjanais prend des mesures contre les journalistes critiques

Le régime azerbaïdjanais prend des mesures contre les journalistes critiques

2024-02-06 09:38:44

Shahin Rzajev s’en sort à bon compte : un tribunal a en effet imposé 15 jours de détention administrative au journaliste arrêté le 15 janvier. Le rédacteur en chef du site d’information indépendant JAMNews a juré lors de son arrestation et s’est donc rendu coupable de petit hooliganisme, selon le ministère azerbaïdjanais de l’Intérieur. Mais du jour au lendemain, le tribunal a modifié la peine : la peine de prison a été convertie en une amende de l’équivalent de 30 dollars. Rzajev, qui nie ces accusations, a été autorisé à rentrer chez lui.

La libération du rédacteur en chef reste pour l’instant une exception en Azerbaïdjan : le président Ilham Aliyev soumet depuis plus de deux mois les derniers médias indépendants de la république du Caucase à une série d’arrestations. Jusqu’à présent, au moins 13 journalistes ont été arrêtés et onze ont été placés en détention pour une durée pouvant aller jusqu’à quatre mois. S’ils sont reconnus coupables, ils risquent de longues peines de prison. Les observateurs parlent du plus grand coup porté aux journalistes azerbaïdjanais depuis 2014, lorsqu’Aliyev avait largement détruit la presse libre dans la république du Caucase du Sud après sa deuxième réélection. Cette fois aussi, les mesures répressives sont liées à un cycle électoral : des élections présidentielles anticipées, initialement prévues pour 2025, auront lieu mercredi en Azerbaïdjan. Les rapports critiques ne sont pas souhaitables.

“Nous sommes très inquiets”

La répression a commencé à la mi-novembre de l’année dernière avec l’arrestation d’Uvli Hasanli et de Mahamad Kekalov. Le directeur général d’Abzas Media et le militant des droits des personnes handicapées qui coopèrent avec le média sont accusés de contrebande de devises étrangères. Ceci est passible d’une peine de prison pouvant aller jusqu’à huit ans. Lors d’une perquisition à la rédaction, les autorités sécuritaires auraient découvert 40 000 euros. Hasanli a objecté que l’argent lui avait été imposé. Avec cette arrestation, Ilham Aliyev répond à une enquête sur la corruption au sein de la famille présidentielle, selon un communiqué des médias. Abzas Media avait notamment fait état de l’attribution préférentielle de contrats de construction lucratifs dans l’enclave arménienne conquise du Haut-Karabakh à des entreprises appartenant aux filles du chef de l’Etat. Quatre mois de détention provisoire ont été ordonnés contre Hasanli et Kekalov, ainsi que contre le rédacteur en chef Sevinj Vagifgizi, qui a également été arrêté. Les employés moyens ont été interrogés. Six journalistes d’Abzas Media sont désormais en détention.

La grève contre les médias s’est accompagnée d’une campagne anti-occidentale dans les médias contrôlés par l’État azerbaïdjanais. Abzas Media est financé par les États-Unis et agit pour le compte de l’Agence américaine pour le développement international (USAID), précise-t-on. Les journalistes se livraient à des activités d’espionnage. “Quand commencera leur chasse ?”, a demandé la chaîne de télévision publique AzTV. Fin novembre, le conflit atteint le niveau international.

Le ministère azerbaïdjanais des Affaires étrangères a convoqué les ambassadeurs des États-Unis, de la France et de l’Allemagne. Lors des négociations, Bakou a protesté contre le financement (prétendu) illégal d’Abzas Media par des organisations des trois pays, selon un communiqué de presse du ministère des Affaires étrangères. L’ambassade d’Allemagne à Bakou a rejeté ces allégations et a particulièrement pointé du doigt la situation de Mahamad Kekalov. “Nous sommes très préoccupés par les allégations portées contre M. Kekalov et attendons pour lui un procès équitable”, a-t-il déclaré dans un communiqué.

La chaîne indépendante la plus large

Le régime autoritaire n’a pas seulement ciblé Abzas Media. Aziz Orujow, fondateur et directeur général de la chaîne Internet indépendante Kanal 13, est également en détention depuis fin novembre. Il est accusé d’avoir construit une maison sans autorisation. Il risque jusqu’à trois ans de prison. La chaîne d’Oruyov est considérée comme la chaîne indépendante YouTube la plus diffusée d’Azerbaïdjan et compte plus de 1,6 million de followers. Deux autres employés des médias ont également été arrêtés.

Par ailleurs, le journaliste économique Hafis Babaly de la plus ancienne agence de presse indépendante d’Azerbaïdjan, Turan, a été placé en détention provisoire pour trois mois à la mi-décembre. Par ailleurs, depuis décembre, les autorités ont utilisé l’accusation de « chantage » pour arrêter les dirigeants de la chaîne Kanal 11, des sites d’information Azerinfo et Ddunyaninsesi, ainsi que du journal « Gundelik Baki ». Si vous êtes reconnu coupable, vous risquez jusqu’à cinq ans de prison.

En outre, deux attaques contre des journalistes ont été perpétrées en décembre dans la Géorgie voisine, qui auraient été perpétrées par le régime de Bakou. Comme le rapporte la chaîne de télévision étrangère américaine Voice of America, des inconnus sont entrés par effraction dans l’appartement du pigiste américain Alexander Thatcher et lui ont volé son passeport. Thatcher avait dans le passé publié des articles critiques sur la guerre menée par l’Azerbaïdjan au sujet du Haut-Karabakh. Le rédacteur en chef de la plateforme Internet Avazor TV Eladdin Shamilzade, émigré d’Azerbaïdjan, a été menacé avec un couteau par trois inconnus dans un bar et harcelé de questions sur l’Azerbaïdjan.



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