“Le sourire de Catherine” et la vérité définitive sur la mère de Leonardo

“Le sourire de Catherine” et la vérité définitive sur la mère de Leonardo

AGI – Elle était circassienne et elle était esclave.

Carlo Vecce signe, pour Giunti Editore, une biographie romancée de Caterina, mère de Léonard de Vinci. Une histoire fascinante et enveloppante, qui naît de la découverte d’importants documents inédits. Des textes qui éclairent et marquent un point de départ sur l’origine de Léonard, dans le cadre d’un débat stratifié et complexe.

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Un marais à l’embouchure de la rivière Don, sur la mer d’Azov. Un matin de juillet. Une fille est traînée hors de sa terre, réduite en esclavage, vendue et revendue comme un truc de trafiquant d’êtres humains. Lorsqu’il arrive dans notre pays, il est au plus bas de l’échelle sociale et humaine, sans voix ni dignité. Ils lui ont tout volé, son corps, ses rêves, son avenir, mais elle sera plus forte : elle souffrira, se battra, aimera, donnera sa vie, retrouvera sa liberté.

Cela ressemble à une histoire d’aujourd’hui, pas d’un passé lointain et fabuleux. C’est ce qu’il a bouleversé Carlo Vecce, chercheur, érudit connu et affirmé de la vie et de l’œuvre de Léonard. Un jour, un un nouveau document l’a forcé à retourner sur les traces de la mère de Leonardo, Caterina, et de voir les choses d’une manière complètement différente. Peu à peu, d’autres documents et manuscrits ont émergé des signes d’existences oubliées, de vies qui se sont entrelacées, par la force du hasard ou du destin. De vraies personnes, pas des personnages fictifs. Aventuriers, prostituées, pirates, esclaves, chevaliers, dames de compagnie, paysans, soldats, notaires. Leurs histoires remontent de Vinci à Florence, de Venise à Constantinople, de la Mer Noire aux hauts plateaux sauvages du Caucase.

Leonardo est connu pour être le fils naturel d’un jeune notaire florentin, Piero, et d’une femme appelée Caterina. Presque tout était inconnu d’elle, sauf qu’elle était mariée à un obscur fermier de Vinci, peu après la naissance de Léonard. La seule chose certaine est que, dans la formation du monde intérieur extraordinaire de son fils, de sa recherche inépuisable de connaissance et de liberté, la figure de la mère a dû être déterminante. Elle est le véritable mystère de sa vie.

Depuis quelques années, circule donc l’hypothèse que Caterina était une esclave : une hypothèse jusqu’ici peu documentée, mais pas invraisemblable. L’esclavage moderne, celui qui arrive aux Amériques, est né en Méditerranée à la fin du Moyen Âge. Une histoire peu connue, embarrassante, enlevée, car elle a aussi été faite par nous les Italiens. Une affaire en or pour les marchands vénitiens et génois : les esclaves mâles et femelles, appelés « tests » dans les documents, rapportent plus que les épices et les métaux précieux. A Florence, le marché demandait surtout des jeunes femmes, destinées à servir de bonnes, de soignantes, et aussi des concubines, des esclaves sexuelles, qui, si elles étaient enceintes, continuaient d’être utiles même après avoir accouché, donnant leur lait aux enfants des maîtres. .

Documents trouvés

Le document jusqu’ici inconnu que Carlo Vecce a trouvé dans les Archives d’État de Florence est l’acte de libération de l’esclave Caterina par sa maîtressemonna Ginevra, qui l’avait louée comme nourrice deux ans plus tôt à un chevalier florentin. Le document est signé par le notaire Piero da Vinci : le père de Léonard. Nous sommes dans une vieille maison florentine, derrière Santa Maria del Fiore, début novembre 1452 : Léonard n’a que six mois, et il est certainement là aussi, dans les bras de sa mère. Rarement, dans les écrits du notaire jeune mais déjà précis, y a-t-il eu autant d’erreurs, autant d’oublis. Cet esclave est “sa” Caterina, la fille qui lui a donné son amour, et cet enfant est son fils. La main de Piero tremble, une émotion inconnue le domine. Même la date ne l’écrit pas correctement, ce jour-là si agité.

Comment Caterina est-elle arrivée à Florence ? Grâce au mari de sa maîtresse : un vieil aventurier florentin nommé Donato, qui avait déjà émigré à Venise, où il avait à son service des filles esclaves du Levant, de la mer Noire et du Tana. Avant de mourir en 1466, Donato laissa son argent au petit couvent de San Bartolomeo a Monteoliveto, à l’extérieur de Porta San Frediano, pour la construction de la chapelle familiale et de son propre lieu de sépulture. Le notaire de confiance est toujours lui, Piero. Et Léonard a exécuté sa première œuvre précisément pour cette église : l’Annonciation. Ce n’est pas un accident.

Ses origines circassiennes

Piero da Vinci atteste que Catherine est la fille de Jacob et qu’elle est circassienne. Ses origines remontent à l’un des peuples les plus libres, les plus fiers et les plus sauvages de la planète. Elle est la mère de Léonard, c’est elle qui l’a élevé pendant ses dix premières années, et les conséquences sont choquantes : Léonard est à moitié italien. Pour l’autre moitié, peut-être la meilleure, c’est le fils d’un esclave, d’un étranger qui ne savait ni lire ni écrire, et qui parlait à peine notre langue. Quelle berceuse lui a-t-elle chanté pour l’endormir ? Que lui a-t-elle raconté sur ses origines, les lieux fabuleux où elle est née, les sagas primordiales de son peuple perdu ? D’une chose nous pouvons être sûrs. C’est elle qui lui a donné respect et vénération pour la vie et la nature, et un désir inextinguible de liberté. C’est elle qui lui a laissé son sourire, doux et ineffable. Un sourire que Léonard a poursuivi tout au long de sa vie, et qu’il pensait retrouver sur le visage d’une femme florentine appelée Lisa.

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