2024-04-02 17:24:54
AGI – Un message radio codé donne le feu vert, le 2 avril 1944, à ce que l’on appellera le tournant de Salerne sur la question institutionnelle. «Madrid recommande un virage participatif. Tenez-en compte lorsque vous êtes d’accord avec Pietro. Signé Gégé”. Madrid est Palmiro Togliatti, Pietro est Pietro Nenni et Gegè est Eugenio Reale, ou le groupe dirigeant du Parti communiste italien. Il s’agit d’un changement d’orientation décisif par rapport aux points clés élaborés par Togliatti en hommage à Georgi Dimitrev, ancien secrétaire général du Komintern dissous par Staline avec une de ses diaboliques valses politiques : l’abdication de Vittorio Emanuele III, comme responsable de la naissance du régime fasciste et de ses crimes, et de la régence temporaire du maréchal Pietro Badoglio, mais avec le refus des communistes de participer au gouvernement actuel, se réservant seulement d’entrer dans le nouveau, espérons-le, avec Carlo Sforza comme premier ministre. Ces points ont été fixés le 1er mars, alors que Staline était déjà prêt à rebattre les cartes et à évincer les Alliés anglo-américains en étant le premier à reconnaître le gouvernement italien. Togliatti était convaincu que le président américain Franklin Delano Roosevelt était favorable au maintien du vieux roi, et que l’arrivée des Américains à Rome, après le débarquement d’Anzio, aurait remanié la situation en faveur des Savoie.
Changement de point de vue
L’attitude des Alliés sur la question institutionnelle s’était déjà manifestée le 28 janvier à Bari, à l’occasion du congrès des partis antifascistes convoqués de manière semi-officielle parce que les Anglo-Américains n’entendaient pas les reconnaître comme représentants de l’Italie. peuple, et encore moins le chrême sur l’abdication du roi et la convocation d’une assemblée constituante, comme requis. Les Britanniques étaient optimistes quant à la continuité dynastique, les Américains beaucoup moins. Staline, en revanche, a besoin que les communistes « pèsent » dans la composition du nouveau gouvernement et s’est donc empressé de reconnaître celui de Badoglio en apportant une lettre de change pour le PCI dans une perspective géopolitique de réorganisation des Balkans. Dans la nuit du 3 au 4 mars, il convoque Togliatti et lui annonce qu’il doit se rendre en Italie, à Salerne où est basé le gouvernement, pour conclure des accords avec Badoglio et Vittorio Emanuele. Le 4, le Kremlin prévient de sa volonté de reconnaître le gouvernement italien et lorsque la nouvelle filtre, cela devient un problème pour les Britanniques dans la gestion des affaires italiennes, car elle renforce les pouvoirs au sommet et affaiblit ceux de l’exécutif permanent. conseil élu par le congrès du CLN à Bari.
Reconnaissance surprise et action de Togliatti
Le 14 mars, la reconnaissance était chose faite, le camarade Ercole Ercoli, alias Togliatti, partit pour Naples et y arriva par mer le 26. Harold Mcmillan avait raison sur le changement de perspective par rapport à l’abdication du roi et à la fin du roi. l’expérience de Badoglio. Le 3 avril, avec l’arrivée de Togliatti à la table politique, les conflits entre les partis se sont aggravés, tout comme la réunion du 6 chez Benedetto Croce en présence de Carlo Sforza, où libéraux et démocrates-chrétiens ont été convaincus de passer au communisme. postes . Le 15 avril, la ligne de Togliatti l’a emporté et le rôle du Conseil exécutif s’est en fait vidé. Le 22 avril, le roi nomme les ministres du deuxième gouvernement Badoglio, le premier avec les six partis antifascistes du CLN. Les ministres sans portefeuille sont Togliatti (PCI), Croce (Parti libéral), Sforza (indépendant), Pietro Mancini (PSIUP) et Giulio Rodinò di Miglione (DC) ; L’intérieur revient à Salvatore Aldisio (DC), la justice est attribuée à Vincenzo Arangio-Ruiz (PLI), les finances à Quinto Quintieri (PLI), l’agriculture à Fausto Gullo (PCI), l’industrie et le commerce à Attilio Di Napoli (PSIUP), les travaux publics à Alberto Tarchiani (Parti Action), Éducation Nationale à Adolfo Amodeo (Pd’A) et Communications à Francesco Cerabona (PDL) ; le reste des départements revient à Badoglio et aux militaires. Tous ne jurent que par Ravello, aux mains de Vittorio Emanuele, qui s’est officiellement retiré il y a quelques jours de la vie privée. Togliatti, quant à lui, s’est immédiatement entouré des antimonarchistes les plus purs et durs, prouvant que le tournant de Salerne est une paix tactique de compromis mais avec des intentions de parti utilitaires claires selon les directives de Moscou.
La libération de Rome et la fin de la Savoie
Ce gouvernement ne restera en fonction que 55 jours et tombera le 6 juin dès que la clause de résolution expresse que représente l’entrée des Alliés à Rome se réalisera. Ce seront eux qui empêcheront Vittorio Emanuele de remettre les pieds dans la capitale qu’il a abandonnée le 9 septembre 1943 avec la fuite de Pescara, et aussi les troupes italiennes cobelligérantes d’entrer les premières dans la Ville éternelle, en ne leur permettant que de montez la garde au Quirinal. Le Roi restera accroché à un trône qui n’est plus le sien et que personne n’entend le reconnaître, se protégeant avec l’astuce de la Lieutenance à son fils Umberto, le 12 avril 1944, et se retirant de la scène sans renoncer au rôle. . Il n’abdique que le 9 mai 1946, à Naples, par acte notarié sur papier timbré, comme tout bourgeois. C’est le dernier mois de la monarchie en Italie. Le 2 juin, la question institutionnelle soulevée par les partis antifascistes à Bari a été résolue avec le référendum qui a vu la République l’emporter sur la monarchie avec une marge d’environ 2 millions de voix et au lendemain de virulentes controverses juridiques et politiques. Umberto II partira en exil à Cascais, au Portugal, le 13 juin.
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