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le trésor rouvert au public

by Nouvelles

Près d’un quart de siècle après sa fermeture au début des années 2000, il se dévoile à nouveau au public au sein de la chapelle Saint-Piat restaurée.

Après sept ans de travaux de restauration, le trésor de la cathédrale Notre-Dame de Chartres a ouvert ses portes au public dans un espace entièrement restauré et doté de quatre verrières réalisées par l’artiste coréenne Bang Hai Ja. Il accueille près de 150 œuvres d’art sacré, ex-voto, orfèvrerie, ornements liturgiques ainsi que des sculptures médiévales provenant de la cathédrale.

Cl. Dragon Centre-Val de Loire, François Lauginie

Petit retour sur une très longue histoire

Un écrin du XIVe siècle : la chapelle Saint-Piat

Dès 1323, le chapitre cathédral commande à Hugues d’Ivry, maître de l’œuvre de la cathédrale, une salle capitulaire de trois travées voutées d’ogives, située au sud du chevet. Deux ans plus tard, la décision est prise de surélever le bâtiment pour créer une chapelle et y placer la châsse de saint Piat. Les reliques de l’évêque de Tournai, martyrisé au IIIe siècle, près de Chartres, avaient été reconnues en 1310. La chapelle revient en partie à l’épiscopat d’Aimeric de Châtelus, élu en 1322. Devenu cardinal en 1342, il quitta Chartres, mais en 1349, il testa 12 000 florins. Reçu en 1352, le don permit qui permit la création d’un collège de douze chanoines en vue de desservir la chapelle et de la pourvoir en livres et en ornements. La quatrième travée de la chapelle est supportée par un porche et reliée au déambulatoire de la cathédrale par un escalier droit béni en 1358. La restauration de la salle capitulaire, qui accueille le caveau des évêques depuis 1905, a révélé un cycle de peintures murales du XIVe siècle dédiées à la Vierge Marie et au chapitre cathédral.

Un trésor insigne, mais « recomposé »

Le trésor de la cathédrale de Chartres s’est constitué autour de reliques insignes dont la plus précieuse, le voile que portait la Vierge Marie lors de l’Annonciation et de la Nativité , a suscité un pèlerinage parmi les plus illustres d’Occident. Leur vénération a été la source de dons importants par l’offrande d’argent, d’ex-voto ou d’œuvres précieuses, constituant peu à peu l’un des trésors les plus riches de France, connu par des inventaires depuis 1322. Les objets du trésor étaient conservés dans un lieu protégé dont on ignore la localisation exacte avant le début du XVIe siècle En 1682, il était réparti en trois principaux emplacements : sur le tour de chœur, derrière l’autel de Tous les Saints, et de chaque côté du sanctuaire sous deux dômes en bois sculpté offerts par Marie de Médicis et Anne d’Autriche. À la fin du XVIIIe siècle, une « armoire aux reliques » fut créée derrière le maître-autel. Étroitement lié à l’histoire religieuse et politique, le trésor est une « collection » vivante rythmée par les dons, les saisies, les destructions, en particulier à la Révolution : de nombreux reliquaires furent profanés, la quasi-totalité de l’orfèvrerie fondue, les textiles brûlés pour récupérer l’or et l’argent de leurs fils. À partir du Concordat, le trésor fut lentement reconstitué grâce à des commandes et à des dons, notamment après l’incendie de la charpente en 1836. Aujourd’hui, il est un trésor « recomposé », constitué de pièces du trésor « historique », mais surtout de dépôts et d’enrichissements postérieurs, jusqu’à nos jours.

Ex-voto

Le voile de la Vierge ou Sainte Chemise possédait trois vertus : faciliter la délivrance des femmes enceintes, protéger des incendies et enfin préserver les soldats lors des combats. C’est ainsi que plusieurs pièces d’armes et d’armures sont offertes en remerciement à la Vierge, par les rois et princes de France à leur retour d’un épisode de guerre. Seul le trésor de Chartres conserve à ce jour des militaire du temps de Charles VI, en partie documentées par les archives.

Un second ensemble insigne d’ex-voto propre au trésor de Chartres est celui de deux colliers ou wampumen perles de coquillages, offerts par les Nations huronne-wendat (1678) et abénaquis (1691) à la Vierge de Chartres afin de confirmer leur dévotion à la Vierge. En retour de ce don d’un objet traditionnellement transmis en gage d’alliance, le chapitre cathédral offrit un reliquaire en argent, évoquant la chemise de la Vierge. Ces nations de la région des Grands Lacs et du Saint-Laurent furent encouragées à se convertir par deux pères jésuites d’origine chartraine, Martin Bouvart et Vincent Bigot.

Statues mariales

La cathédrale de Chartres possédait deux statues en bois de Vierge à l’Enfant vénérées par les fidèles. L’une romane, dite Notre-Dame-de-Sous-Terre, couronnée et assise sur un trône, portant l’Enfant sur ses genoux, présentée dans la crypte jusqu’en 1793, date où elle fut brûlée. La seconde commandée par le chanoine Wastin des Feugerets et livrée avant son décès en 1521 prenait place sur une structure adossée au jubé jusqu’à sa suppression au XVIIIe siècle. En 1831, une chapelle parée de boiseries néogothiques fut aménagée près de la sacristie. La Vierge à l’Enfant, désignée Notre-Dame du Pilier, y fut installée sur une colonne à chapiteau provenant du jubé. Dans la tradition des vierges de dévotion, les deux statues ont reçu des parures de tissus dont la richesse témoigne de la générosité des donateurs. Le trésor présente l’unique robe préservée de Notre-Dame-de-Sous-Terre, datée du XIVe siècle, ainsi qu’une robe du XVIIe siècle brodée pour Notre-Dame du Pilier.

D’or et de soie

Le trésor expose des pièces d’orfèvrerie du Moyen Âge à nos jours, représentatives de l’évolution des formes et des besoins de la liturgie. Parmi elles, quelques rares pièces médiévales dont le tabernacle dit de Saint-Aignan et un ensemble de châsses-reliquaires, des XIIIe et XIVe siècles provenant de l’abbaye féminine Saint-Avit de Poissy-les-Châteaudun. Ces dernières sont les seuls témoins préservés de l’orfèvrerie chartraine contemporaine de la cathédrale. La grande châsse de saint Avit fait écho au style déployé dans la statuaire des portails du transept.

Au même titre que l’orfèvrerie, les textiles accompagnent et participent à la vie liturgique. Les inventaires anciens témoignent de la richesse des vêtements des célébrants et des ornements de l’autel, mais la plupart furent brûlés à la Révolution. Les rares exemples anciens conservés montrent la diversité des formes et la hiérarchie ecclésiastique qui y est attachée, l’usage des couleurs liturgiques fixées dès le XIIIe siècle, la qualité des matières employées (soie, lampas, velours, fils de métal) et la générosité des donateurs.

Sculpture monumentale

Le trésor présente deux ensembles majeurs de sculptures monumentales médiévales provenant de la cathédrale. Il s’agit de six statues-colonnes du milieu du XIIe siècle figurant des personnages de l’Ancien Testament, précurseurs du Christ. Elles ont été déposées du Portail royal dans les années 1970 avec quatre colonnettes ornées d’un décor constitué de rinceaux habités. Le second ensemble provient du jubé du XIIIe siècle détruit à partir de 1763 et retrouvé dans le sol de la cathédrale au XIXe siècle. Huit reliefs polychromes illustrent des épisodes de l’Enfance du Christ, en particulier la Nativité.

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