10 janvier 2024 – 18h41
Bacillus Calmette-Guérin (BCG) est un vaccin contre la tuberculose qui, étonnamment, réduit également le risque de plusieurs autres infections. Cette protection plus large passe par un mécanisme appelé immunité entraînée. Cependant, le vaccin n’offre pas cette protection plus large à tout le monde. Mihai Netea, Christoph Bock et leurs collègues ont découvert que l’état épigénétique de certaines cellules du système immunitaire inné prédit si une personne bénéficiera ou non de ce signal d’alarme plus large. La découverte, publiée dans Immunité, est important pour les futurs traitements qui induisent une immunité protectrice entraînée.
Le vaccin n’entraîne que les défenses dormantes
L’induction d’une immunité formée par le biais de médicaments ou de vaccins peut protéger pendant les périodes de risque élevé d’infection, par exemple après une intervention chirurgicale majeure ou pendant une pandémie, avant que des vaccins spécifiques ne soient disponibles. Mais l’immunité entraînée varie considérablement d’un individu à l’autre et il n’est pas clair qui pourrait bénéficier de l’induction de l’immunité entraînée.
Pour étudier ce problème, une équipe dirigée par Mihai Netea (Radboudumc) et Christoph Bock (Université de médecine de Vienne) a vacciné 323 volontaires sains avec le BCG et analysé les effets sur le système immunitaire. Ils ont découvert que l’immunité entraînée fonctionnait mieux chez les individus dotés d’une immunité innée latente. Cette situation peut être lue à partir d’un état épigénétique caractéristique des cellules et cet état prédit très précisément la réponse aux vaccins.
Le vaccin a entraîné une réponse du système immunitaire entraîné chez 213 personnes, et aucune réponse n’a été trouvée chez 78 personnes. Ceux qui ont répondu au vaccin avaient plus de cellules immunitaires innées dormantes que ceux qui n’y ont pas répondu. En bref, la vigilance immunitaire plus élevée évoquée chez les répondeurs existe déjà chez ceux qui ne répondent pas.
Régulation épigénétique de l’équilibre immunitaire
Des facteurs génétiques et environnementaux contribuent à cette variance, mais les différences les plus intéressantes ont été observées dans l’état épigénétique des cellules immunitaires. L’état épigénétique d’une cellule – changements dans la chromatine qui rendent les gènes plus faciles ou plus difficiles à activer – reflète la capacité d’une cellule à réagir rapidement aux changements de l’environnement. De cette façon, l’immunité entraînée peut être régulée. Les chercheurs l’ont effectivement constaté dans les deux groupes. Le groupe qui n’a pas répondu à la vaccination possédait déjà une chromatine ouverte et accessible sur les gènes impliqués dans l’immunité innée. L’autre groupe ne l’a pas fait, mais l’a développé après la vaccination. Cela explique comment les changements épigénétiques permettent aux cellules immunitaires de basculer entre différents niveaux de vigilance. C’est un mécanisme qui contribue à un bon équilibre du système immunitaire ; pas hyperactif et pas assoupi.
Stimuler le système immunitaire dormant à la vigilance
Les résultats fournissent non seulement de nouvelles informations sur la biologie immunitaire et le rôle de l’épigénétique, mais fournissent également des orientations pour le développement de futurs médicaments. “Nous pouvons imaginer une nouvelle classe de médicaments qui réveillent spécifiquement un système immunitaire endormi”, explique Netea. « De cette façon, les personnes âgées pourraient renforcer leur système immunitaire avant un séjour hospitalier prévu et nous pourrions peut-être réactiver le système immunitaire affaibli chez les patients atteints de cancer. Plusieurs sociétés pharmaceutiques recherchent déjà des moyens d’induire une immunité entraînée sans utiliser le vaccin BCG.
La nouvelle étude fournit des orientations importantes pour de tels efforts. Par exemple, une meilleure compréhension des voies biologiques de l’immunité entraînée pourrait révéler de nouvelles cibles thérapeutiques. En outre, l’étude montre que de tels agents sont susceptibles d’être utiles aux personnes présentant une immunité innée latente, identifiée par le profilage de la chromatine ou des tests immunitaires fonctionnels. De plus, aucune réponse immunitaire excessive n’a été observée chez les personnes présentant une immunité innée élevée avant la vaccination ; de bon augure pour la sécurité des futurs médicaments induisant l’immunité.
Bock : « Notre étude met en évidence le lien étroit entre les états épigénétiques des cellules immunitaires et l’immunité entraînée, qui permet au corps humain de basculer entre l’immunité innée alerte et dormante. Ce processus varie d’une personne à l’autre et peut être exploité grâce à la médecine de précision.
Immunité : l’analyse multiomique des réponses innées et adaptatives à la vaccination par le BCG révèle des états cellulaires épigénétiques qui prédisent l’immunité entraînéey – Simone JCFM Moorlag, Lukas Folkman, Rob ter Horst, Thomas Krausgruber, Daniele Barreca, Linda C. Schuster, Victoria Fife, Vasiliki Matzaraki, Wenchao Li, Stephan Reichl, Vera P. Mourits, Valerie ACM Koeken, L. Charlotte J. de Bree, Helga Dijkstra, Heidi Lemmers, Bram van Cranenbroek, Esther van Rijssen, Hans JPM Koenen, Irma Joosten, Cheng-Jian Xu, Yang Li, Leo AB Joosten, Reinout van Crevel, Mihai G. Netea, Christoph Bock
https://doi.org/10.1016/j.immuni.2023.12.005
2024-01-10 20:43:37
1704922421
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