À Radio-Canada, les mots sont devenus une obsession qui suscite la confusion et la frustration chez le personnel.
Dans les couloirs, on chuchote que le refus de Michel Bissonnette de s’excuser publiquement pour le mot en “n” est la raison de son congédiement (ou de sa démission forcée) en tant que vice-président du réseau français. On se souvient qu’il avait mentionné quatre fois le titre du livre de Pierre Vallières, Nègres blancs d’Amérique, lors d’une émission de radio.
Le mot en “n” peut être en partie responsable, mais cela explique peu le départ de Bissonnette. Les tensions entre lui et la PDG, Catherine Tait, étaient de longue date. Son bilinguisme parfait (elle parle un français impeccable) ne lui a donc pas permis de mieux comprendre le réseau français que plusieurs de ses prédécesseurs anglophones.
La prolongation de 18 mois du mandat de madame Tait était un désaveu de son administration. Cela aurait dû la mettre en garde contre le renvoi d’un vice-président qui bénéficiait de la confiance du personnel du réseau français.
Cependant, l’omniprésence du wokisme au siège social de la CBC à Toronto et la peur irrationnelle des mots, qui en est l’une des conséquences, ont joué un rôle certain dans le départ du vice-président, Michel Bissonnette. Depuis la stupide crise autour du mot en “n”, les animateurs, commentateurs et journalistes de Radio-Canada marchent sur des œufs. Ils prennent très soin de choisir leurs mots pour finalement ne rien dire afin de ne pas se compromettre. Il suffit de regarder attentivement Anne-Marie Dussault lors de son émission 24/60 pour en avoir la preuve.
Des terroristes ? Certainement pas !
Peu de temps après l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe, la plupart des médias du monde occidental (dont Le Journal) ont convenu de bannir le mot “Kiev”, nom russe de la capitale ukrainienne, et de le remplacer par “Kyïv”, le nom ukrainien. Luce Julien, la directrice de l’information à Radio-Canada, a alors décrété que ce changement d’appellation semblait prendre parti pour l’Ukraine. Étrange !
Le tragique week-end vécu par les Israéliens et les Palestiniens nous a fait découvrir qu’il y avait à la CBC un puriste encore plus zélé que madame Julien. Dans un courriel envoyé en urgence samedi midi aux journalistes et commentateurs de la CBC, George Achi, directeur des normes journalistiques du service de l’Information, a rappelé qu’il ne faut absolument pas parler de “terroristes” lorsqu’il s’agit des combattants du Hamas qui attaquent Israël. Et cela même si le Premier ministre, Justin Trudeau lui-même, dénonce l'”organisation terroriste” du Hamas dès le lendemain.
Radio-Canada et la CBC ont fait preuve de beaucoup moins d'”objectivité” lors de la crise d’Octobre !
Un coup de poing en plein visage
En 1977, Jeanne-Mance Delisle a écrit sa pièce Un reel ben beau, ben triste, à une époque où les mots n’effrayaient pas. La famille abitibienne mise en scène dans cette pièce n’a que des mots aujourd’hui honnis pour s’exprimer. S’ensuit une heure et demie de drame qui vous cloue à votre fauteuil, à peine capable d’endurer cet afflux de misère et de violence. Cela reste d’actualité près d’un siècle plus tard.
Si vous n’avez pas peur des mots qui ne sont plus prononcés et des gestes condamnés aujourd’hui, rendez-vous au Théâtre du Rideau Vert. Marc Béland a superbement mis en scène cette pièce oubliée, avec une distribution qui fait preuve autant de talent que d’oubli de soi. Âmes sensibles, s’abstenir !
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