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L’école Chné-Or sous haute surveillance

L’école Chné-Or sous haute surveillance

« C’est comme une guerre, mais nous n’allons pas sortir les armes. Notre école s’appelle Deux-Lumières, alors nous allons faire le bien, enlever l’obscurité et la violence. Il faut vivre normalement. » Vêtues de la même blouse rose, les fillettes de l’école Chné-Or (Deux-Lumières, en hébreu) écoutent attentivement les mots apaisants d’Haya Nisilevitch, la directrice de l’établissement situé à Aubervilliers. Trois jours après la tuerie de l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes, à Paris, qui a suivi l’attentat de « Charlie Hebdo » du 7 janvier, c’était le premier jour d’école dans cette institution juive orthodoxe où 500 élèves sont scolarisés, de la maternelle au lycée.

L’établissement est sous contrat. Filles et garçons suivent séparément l’enseignement. Dans la cour de récré, les garçons coiffés de la kippa jouent au foot. D’une classe de filles s’échappe un chant en hébreu. Un jour ordinaire, en apparence. « Les enfants sont très perturbés », confie Laurence Abitboul, la directrice de l’école primaire. Devant l’école, un CRS armé d’un fusil d’assaut est en faction. Non loin, un car de police scrute les allées et venues autour de l’immeuble à la façade banalisée. « Tout le monde sait qu’il y a une école juive dans le quartier. Nous sommes ici depuis douze ans et à Aubervilliers depuis cinquante ans », précise la directrice.

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L’onde de choc a largement ébranlé la communauté juive de la ville. Dimanche, la direction de Chné-Or s’est concertée avec les autres écoles juives. « Nous avons presque tous décidé d’ouvrir. Seules quatre écoles sont restées fermées en France, explique-t-elle. Mais ici, un tiers des élèves sont restés à la maison. »

Ruth, brunette de 10 ans et demi, a, elle, courageusement enfilé son cartable. « Mes parents m’avaient dit : si l’école n’est pas protégée, tu n’iras pas », glisse-t-elle. Hier matin, le ministère de l’Intérieur a annoncé que 5 000 policiers et militaires seraient déployés pour surveiller les 717 écoles et lieux de cultes juifs. Avec un bel aplomb, Ruth enchaîne : « Ã?a ne sert à rien de rester au fond de son lit ou d’écouter les infos qui nous stressent. Tout de suite, je me suis dit il fallait que j’y aille. Même si on a un peu la chair de poule. Il faut continuer à étudier et rester sur nos gardes. » Dans cette école très religieuse où est dispensé l’enseignement de la Torah, Hava et Cheïna, élèves de CM 2, renchérissent : « Hachem (NDLR : dieu, en hébreu) nous protège spirituellement et la police matériellement ».

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Comme il est de coutume le matin, les enfants ont été réunis. Mais, c’est dans les classes que les enfants ont débattu avec leur Morah (enseignant). « Elle nous a dit de rester soudés », indique Ruth. Si elle est rattachée au mouvement juif orthodoxe Loubavitch, Chné-Or s’ouvre de plus en plus à des familles moins pratiquantes. « Si on veut enseigner la tolérance, il faut l’être soi-même », poursuit Laurence Abitboul. Dans son discours, sa collègue a pris le soin de souligner devant les enfants : « Quelle que soit la religion, il n’y a qu’un seul Dieu et c’est le même pour tout le monde. Nos différences peuvent permettre de s’enrichir ». La directrice de l’école élémentaire observe : « Nous sommes à quelques mètres de la mosquée. Tous les vendredis, les enfants sortent en même temps que les fidèles. Il n’y a jamais eu d’incidents ».

2015-01-13 11:00:00
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