Home » Économie » « L’économie est l’une de ses plus grandes forces » – L’Express

« L’économie est l’une de ses plus grandes forces » – L’Express

by Nouvelles

“C’est l’économie, idiot”, » a lancé James Carville, conseiller de Bill Clinton, pour résumer la stratégie de son candidat face à George HW Bush, lors de l’élection présidentielle de 1992. A l’époque, le démocrate avait gagné face à son rival républicain, qui avait concentré sa campagne sur son bilan en matière de politique étrangère. Plus de trente ans après, cette maxime transmise à la postérité n’a pas pris une ride, alors que l’économie apparaît comme l’une des premières préoccupations des électeurs américains avant l’élection du 5 novembre.

À LIRE AUSSI : L’analyse inquiétante de David Frum, ancien écrivain de Bush : « Si Trump gagne, ce sera la fin… »

A une semaine d’un vote qui s’annonce plus serré que jamais entre Donald Trump et Kamala Harris, le sujet pourrait une nouvelle fois être décisif. Et privilégiez le candidat républicain. « L’image de marque de Donald Trump reste fortement liée à son passé d’homme d’affaires, souligne Lydia Saad, directrice des recherches sociales à l’institut de sondage américain Gallup, la thématique de l’économie est donc l’une de ses plus grandes forces dans cette campagne.

Les questions économiques sont-elles un enjeu clé de cette élection ?

Lydia Saad Traditionnellement, l’économie est un enjeu important lors des élections aux États-Unis. Mais on voit que c’est particulièrement le cas lors de cette campagne, puisque c’est la première préoccupation des électeurs au niveau national. La forte hausse de l’inflation enregistrée à la suite de la guerre en Ukraine semble avoir été un facteur déterminant. Contrairement à de nombreuses questions économiques, souvent relativement abstraites pour la population – comme la croissance du PIB ou la balance commerciale – l’inflation est un phénomène très palpable qui touche tout le monde. Cela joue un rôle important dans la perception qu’ont les électeurs de la situation économique du pays. C’est un sentiment que les Républicains peuvent facilement exploiter à leur avantage.

LIRE AUSSI : Donald Trump ou Kamala Harris, qui va gagner ? Nos cinq scénarios

Et même si le taux d’inflation a nettement baissé ces derniers mois [NDLR : elle s’est stabilisée autour de 2 %]les prix restent nettement plus élevés qu’à l’époque où Joe Biden a pris ses fonctions. En fait, si le sac de courses qui leur coûtait 20 dollars il y a quatre ans vaut aujourd’hui 28 dollars, cela constitue un choc pour de nombreux consommateurs. D’autant plus qu’il est difficile pour les gens de calculer avec précision si leurs revenus ont augmenté proportionnellement à l’inflation ou non.

Dans notre dernier sondage, nous avons constaté qu’une majorité d’Américains estiment que leur situation économique est « pire » qu’il y a quatre ans. Cela a fait de l’économie l’un des thèmes les plus puissants de cette campagne. Et le problème persistera tant que les prix resteront élevés.

Donald Trump a-t-il plus de crédibilité que Kamala Harris sur les questions économiques ?

Nous constatons dans nos études d’opinion que l’image de marque de Donald Trump reste fortement liée à son passé d’homme d’affaires, et que les électeurs ont tendance à le croire plus compétent que ses adversaires dans la gestion des questions économiques. Cela a été mesuré par les sondages de 2016 et sa première campagne contre Hillary Clinton. Par la suite, durant sa présidence, la cote de popularité de sa politique économique a toujours été supérieure – parfois de près de 10 points – à sa cote de popularité générale. Même lorsque sa cote de popularité atteignait son plus bas niveau – 39 % d’opinion favorable au début de la pandémie de Covid –, le taux d’approbation de sa politique économique était de 47 %.

LIRE AUSSI : Kamala Harris sur le chemin d’Hillary Clinton ? « Ce que les démocrates n’ont toujours pas compris… »

C’est un domaine dans lequel il surpasse. Notre dernier sondage a montré que même dans le camp démocrate, 13 % des sondés estiment que Donald Trump ferait « un meilleur travail » que Kamala Harris sur le front économique. A titre de comparaison, seulement 5% disent la même chose pour le secteur de la santé. Parmi les indépendants, 59 % préfèrent également Donald Trump à Kamala Harris pour s’occuper de l’économie. L’économie est donc l’une de ses plus grandes forces – surtout si cette question apparaît comme l’une des préoccupations dominantes de la campagne.

A l’inverse, le bilan économique de l’administration Biden affecte-t-il la perception qu’ont les électeurs des compétences de Kamala Harris dans ce domaine ?

Cela semble effectivement être le cas. Kamala Harris a neuf points de retard sur Donald Trump sur la perception de qui est le plus compétent en matière d’économie, tout en étant en même temps nettement en avance sur lui sur d’autres questions comme l’avortement ou la santé.

LIRE AUSSI : Réseaux, lobbying… Comment Orbán chuchote à l’oreille de Trump

Même si elle n’a pas été présidente ces quatre dernières années, elle hérite de la mauvaise image que les électeurs ont du bilan économique de Joe Biden. Malgré ses efforts pour se démarquer durant sa campagne, il demeure très difficile pour elle, comme vice-présidente, de sortir de l’ombre de l’administration en place sur ce dossier.

Au-delà de l’économie, quelles sont les autres préoccupations majeures des électeurs ?

La situation est très contrastée. Deux mondes très différents s’affrontent : des électeurs républicains préoccupés avant tout par l’économie et l’immigration, et des électeurs démocrates qui se disent préoccupés par la défense de la démocratie et du droit à l’avortement et par la question de la nomination des juges à la Cour suprême. À cela s’ajoutent des électeurs indécis et indépendants qui partagent les préoccupations de chacun des deux camps, comme l’économie ou la défense de la démocratie. La société est donc très divisée, avec des sujets de préoccupation qui, selon leur nature, peuvent favoriser aussi bien les républicains que les démocrates. Et cela se reflète dans chaque sondage.

Comment expliquer la montée en puissance de Donald Trump dans les derniers sondages ?

Il est difficile de donner une réponse définitive. Mais nous nous trouvons aujourd’hui à un stade de la campagne où les gens connaissent généralement les programmes des candidats et leur personnalité. Dans ce contexte, il est possible que certains républicains dits modérés, comme ceux qui soutenaient Nikki Haley et étaient réticents à voter pour Donald Trump, aient décidé de le faire, car le message de l’ex-président résonne plus en eux que celui porté par Kamala Harris. D’un point de vue mathématique, cela pourrait expliquer au moins en partie ce resserrement de la course dans cette dernière phase de campagne.

LIRE AUSSI : Trump « fasciste » : l’accusation de Kamala Harris qui risque de le frapper au visage

Ce vote promet-il d’être l’un des plus serrés de l’histoire américaine récente ?

Le vote pourrait en effet être plus serré que les deux dernières élections de 2016 et 2020. Mais je ne pense pas qu’il puisse être plus serré que celui de 2000, qui opposait Al Gore à George W. Bush. La véritable inconnue est de savoir si les sondages manquent une hausse de la participation dans un camp ou dans l’autre, ce qui pourrait faire pencher la balance plus significativement que prévu pour l’un des deux candidats. En effet, nous avons eu des exemples de cette situation lors des dernières élections. Mais à ce stade, cette élection s’annonce très serrée, je me garderai donc de faire des prédictions sur qui va gagner.

.

#Léconomie #est #lune #ses #grandes #forces #LExpress

You may also like

Leave a Comment

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.