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L’éducation, un système en crise face aux défis économiques et aux conflits

by Nouvelles

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Le système éducatif libanais, autrefois considéré comme l’un des meilleurs de la région, traverse aujourd’hui une crise sans précédent. La convergence de l’effondrement économique, de la dévaluation de la livre libanaise et du conflit avec Israël menace non seulement l’accès à l’éducation, mais aussi la qualité de l’enseignement. Les écoles endommagées, le déplacement des familles et la migration des enseignants ajoutent une pression insoutenable à un système déjà en difficulté.

Les écoles, premières victimes des bombardements

Le conflit en cours avec Israël a gravement affecté les infrastructures éducatives dans les régions frontalières et au sud du Liban. Selon Al-Akhbarau moins 45 écoles ont été endommagées ou détruites par des frappes aériennes, laissant des milliers d’élèves sans endroit où apprendre. Dans des villages comme Khiyam et Deir Mimas, les écoles fermées sont devenues des refuges pour les familles déplacées, rendant impossible la reprise des cours.

Al-Sharq souligne également que les bombardements ont détruit plusieurs routes menant aux écoles, compliquant encore davantage l’accès des enfants vivant dans les zones rurales. Les parents, soucieux de la sécurité de leurs enfants, hésitent à les envoyer dans des établissements proches des zones de conflit.

Le déplacement massif d’étudiants et d’enseignants

Le déplacement de milliers de familles vers des régions plus sûres a perturbé le système éducatif. An-Naharrapporte que de nombreux enfants déplacés n’ont pas pu être réinscrits dans de nouvelles écoles en raison du manque de place ou de documents administratifs. Les enseignants sont également touchés par le conflit, certains ayant quitté leur poste à cause des bombardements ou s’installant dans des régions plus stables.

Cette situation crée des disparités croissantes entre les régions. Al Joumhouria souligne que les écoles privées des grandes villes, bien que touchées par la crise économique, parviennent toujours à fonctionner, tandis que les écoles publiques des zones rurales ou frontalières sont paralysées.

L’impact de la crise économique

La crise économique a exacerbé les inégalités d’accès à l’éducation. Avec l’effondrement de la livre libanaise, de nombreuses familles ne peuvent plus payer les frais de scolarité dans les écoles privées, qui représentaient jusqu’à 70 % du système éducatif libanais. Selon Al Sharq Al-Awsatplusieurs établissements privés ont fermé leurs portes, faute de moyens pour rémunérer les enseignants ou entretenir leurs infrastructures.

Les écoles publiques, qui accueillent de plus en plus d’élèves en raison de cette migration vers le secteur public, sont surchargées. Al-Akhbar rapporte que certaines classes comptent désormais jusqu’à 50 élèves, ce qui rend l’apprentissage presque impossible. Les enseignants, mal payés et souvent payés en monnaie locale dévaluée, organisent régulièrement des grèves pour réclamer de meilleures conditions de travail.

La migration des enseignants qualifiés

La fuite des cerveaux ne concerne pas seulement le secteur de la santé : les enseignants qualifiés quittent également en masse le Liban. Depuis 2020, plusieurs milliers d’entre eux ont migré vers les pays du Golfe ou d’Europe, selon An-Nahar. Cette hémorragie a un impact direct sur la qualité de l’enseignement, car les écoles doivent souvent remplacer les enseignants expérimentés par des personnes non qualifiées ou en formation.

Dans les zones rurales, cette situation est encore plus critique. Les écoles publiques, déjà en sous-effectif, peinent à recruter des enseignants, ce qui entraîne des fermetures temporaires ou une réduction des matières enseignées.

Le rôle des organisations internationales

Face à l’effondrement du système éducatif, les organisations internationales tentent de limiter les dégâts. L’UNICEF a par exemple lancé des programmes pour financer la reconstruction des écoles endommagées et fournir des kits pédagogiques aux enfants déplacés. Selon Al Joumhouriaces initiatives ont permis de rétablir l’accès à l’éducation pour environ 30 000 enfants, même si cela reste insuffisant par rapport aux besoins globaux.

Al-Akhbar rapporte également que des ONG locales organisent des cours dans des espaces temporaires, comme des centres communautaires ou des tentes, pour garantir que les enfants déplacés ne perdent pas une année scolaire complète. Ces efforts sont toutefois limités par le manque de financement et de ressources humaines.

Conséquences à long terme

L’impact de cette crise éducative se fera sentir sur plusieurs générations. Les experts cités par Al-Sharq avertissent que la perte d’une éducation de qualité risque de priver le Liban d’une main-d’œuvre qualifiée dans les années à venir. Cette situation pourrait également accentuer les inégalités sociales, dans la mesure où les enfants issus de familles aisées parviennent toujours à accéder aux écoles ou établissements privés à l’étranger, tandis que les enfants défavorisés sont laissés pour compte.

Les taux d’abandon scolaire sont également en augmentation, en particulier parmi les adolescents qui abandonnent leurs études pour subvenir aux besoins financiers de leur famille. Cette tendance pourrait aggraver les problèmes sociaux et économiques du pays, notamment le chômage et la précarité de l’emploi.

Solutions possibles

Pour remédier à cette crise, les experts appellent à une réforme en profondeur du système éducatif. An-Nahar insiste sur l’importance de financer le secteur public, notamment en augmentant les salaires des enseignants et en rénovant les infrastructures. Les partenariats avec les organisations internationales, bien que cruciaux, doivent s’accompagner d’une meilleure coordination avec les autorités locales pour éviter les duplications et optimiser les ressources.

À plus long terme, une meilleure planification budgétaire et la lutte contre la corruption sont essentielles pour garantir la durabilité des réformes. Sans ces mesures, le Liban risque de perdre un atout majeur : son système éducatif, autrefois pilier de son influence régionale.

Références :

  1. An-NaharRapport PDF fourni le 25 novembre 2024.
  2. Al-AkhbarRapport PDF fourni le 25 novembre 2024.
  3. Al Sharq Al-AwsatRapport PDF fourni le 25 novembre 2024.
  4. UNICEF, rapport sur l’éducation dans les situations de crise au Liban.
  5. Al JoumhouriaRapport PDF fourni le 25 novembre 2024.

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