l’égout dit la vérité

Pendant mon quart de travail du week-end de Noël à l’hôpital, il y avait pas mal de patients atteints d’une infection au Covid ou à la grippe. Parfois, nous le découvrions par hasard lorsque quelqu’un venait pour autre chose, mais souvent l’infection était la cause d’un grave déraillement, par exemple un diabète ou une maladie pulmonaire ou cardiaque chronique. Et puis on se retrouve dans un lit d’hôpital à cause du virus. Dans certains cas, le Covid ou la grippe elle-même était si grave qu’une hospitalisation a été nécessaire.

Par souci de bonne compréhension et sans porter de jugement de valeur sur la réponse, nous avons demandé à nos patients s’ils avaient été vaccinés contre la grippe ou contre le coronavirus. 100 % des patients infectés ont déclaré qu’ils avaient décidé de ne pas le faire cette fois-ci : parce qu’ils n’y croyaient pas, à cause de la « fatigue vaccinale » ou parce qu’ils étaient effrayés par toutes les histoires étranges sur les réseaux sociaux. Même les personnes de plus de 80 ans ou celles souffrant de maladies chroniques étendues n’ont pas été vaccinées.

Les données des GGD, entre autres, montrent que seulement la moitié des personnes éligibles ont été vaccinées cette année. On pourrait y voir un échec total de notre éducation en matière de santé publique et de santé publique préventive. Une stratégie beaucoup plus efficace est désespérément nécessaire.

Nous savons, grâce aux données du RIVM, qu’il y a beaucoup de Covid et de grippe ces semaines-ci – et que le risque d’infection est donc extrêmement élevé. En effet, cet institut échantillonne tous les points de collecte des égouts aux Pays-Bas trois fois par semaine. Grâce à ce système unique, nous sommes le seul pays au monde à savoir exactement à quel point le Covid est répandu et où, car la moitié des personnes infectées excrètent le virus dans les eaux usées.

Des méthodes de test ultra-sensibles vous permettent d’utiliser ces eaux usées non seulement pour surveiller les infections par le coronavirus, mais également pour d’autres agents pathogènes, tels que la polio, la variole du singe ou les bactéries qui ne sont plus sensibles aux antibiotiques courants.

Vous pouvez également mesurer les concentrations de médicaments dans les eaux usées. Par exemple, le RIVM a montré que quatre fois plus de Viagra est jeté dans les égouts que ce qui est délivré par les pharmacies – de sorte que le médicament pour l’érection est probablement souvent acheté illégalement en ligne. Il est également intéressant de noter que la concentration de Viagra dans les eaux usées atteint des valeurs maximales dans le sud des Pays-Bas autour du carnaval.

Récemment, des substances addictives telles que la cocaïne et l’ecstasy, ainsi que de nouvelles drogues de synthèse potentiellement dangereuses, ont également été mesurées dans les égouts. Ce sont des informations utiles pour comprendre ce qui se passe dans le circuit de la drogue.

Et les égouts peuvent également révéler où et quand des concentrations plus élevées d’alcool sont évacuées ; et si les habitants de certaines régions contiennent davantage de substances nocives pour la santé, telles que des concentrations élevées de métaux lourds ou de produits chimiques cancérigènes, dans leur corps.

L’égout ne ment pas et donne un aperçu unique et assez précis de ce qui se passe dans notre corps.

Marcel Levi est président du conseil d’administration de l’Organisation néerlandaise pour la recherche scientifique (NWO). Auparavant, il était PDG des hôpitaux de l’University College London et président du conseil d’administration de l’AMC. Il écrit une chronique hebdomadaire pour Het Parool.

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