Le président égyptien Abdel Fattah El Sisi a ordonné au Premier ministre Mostafa Madbouly de former un « comité de crise » pour enquêter sur la mort de citoyens lors du Hajj en Arabie saoudite.
Cet ordre est intervenu un jour après la fin du pèlerinage de cette année, alors que des informations faisaient état de centaines de décès d’Égyptiens, dont beaucoup n’étaient pas officiellement enregistrés dans les bases de données du Hajj.
“Nous estimons nécessaire de nous coordonner immédiatement avec les autorités saoudiennes pour faciliter la réception des corps des défunts et fournir toutes les installations nécessaires à cet égard”, a indiqué le bureau de M. El Sisi.
Les responsables égyptiens continuent de visiter les hôpitaux pour obtenir des informations sur le nombre de citoyens recevant des soins médicaux, a indiqué le ministère des Affaires étrangères.
« Cependant, un grand nombre de citoyens égyptiens ne sont pas enregistrés dans les bases de données officielles du Hajj, ce qui nécessite deux fois plus d’efforts et plus de temps pour rechercher les personnes disparues et retrouver leurs proches », ajoute le texte.
Le bilan des morts du Hajj de cette année a dépassé le millier, a montré jeudi l’AFP, dont plus de la moitié étaient des fidèles non enregistrés qui ont effectué le pèlerinage dans une chaleur extrême en Arabie Saoudite.
Parmi les nouveaux décès signalés jeudi, 58 venaient d’Egypte, selon un diplomate arabe qui a fourni à l’AFP un bilan montrant que sur les 658 Egyptiens morts depuis le début du pèlerinage, 630 n’étaient pas enregistrés dans la base de données du Hajj.
L’Arabie saoudite n’a publié aucun bilan officiel des morts, mais plusieurs pays ont annoncé le nombre de leurs citoyens décédés.
L’Égypte n’a pas encore publié de confirmation officielle, mais a déclaré qu’elle « déployait des efforts intensifs, en coordination avec les autorités saoudiennes, pour donner suite à la recherche des citoyens égyptiens portés disparus alors qu’ils accomplissaient les rituels du Hajj ».
La Jordanie ordonne une enquête
Le ministère jordanien des Affaires étrangères a déclaré jeudi que le nombre de permis d’inhumer délivrés à La Mecque pour ses citoyens décédés à cause des températures élevées était passé à 68.
Sur les 107 pèlerins jordaniens portés disparus, 91 ont été retrouvés, selon une base de données créée par la Direction des opérations et des affaires consulaires d’Amman.
Vingt-deux personnes se trouvent dans des hôpitaux saoudiens en convalescence de diverses maladies, dont sept sont gravement malades, selon le ministère jordanien des Affaires étrangères.
La Jordanie a également ordonné une enquête sur les circonstances dans lesquelles ses citoyens se rendent au Hajj.
Le ministre des Communications gouvernementales, Muhannad Mubaideen, a déclaré que certains « bureaux et individus » avaient « trompé » les pèlerins d’une manière qui a conduit à leur mort, a rapporté l’agence de presse jordanienne Petra.
Il a ajouté que l’enquête porterait sur certains citoyens jordaniens qui semblaient s’être rendus au Hajj par des itinéraires non autorisés.
Des mandats d’arrêt ont été émis “contre un certain nombre de suspects”, a rapporté Petra.
La Tunisie limoge un ministre
Le président tunisien Kais Saied a limogé vendredi le ministre tunisien des Affaires religieuses, Ibrahim Chaibi.
Cette décision fait suite au décès de 35 pèlerins à La Mecque, indique un communiqué publié sur la page Facebook de la présidence tunisienne.
Plusieurs pèlerins tunisiens ont également disparu lors du Hajj de cette année et n’ont pas encore été retrouvés.
Le ministère des Affaires étrangères a déclaré plus tôt que la plupart des personnes décédées ou portées disparues seraient entrées dans le royaume avec un visa touristique. Cela a rendu difficile leur localisation par les autorités tunisiennes, car leurs noms ne figuraient pas sur la liste officielle des pèlerins, a indiqué le ministère.
Vague De Chaleur
Le Hajj, dont le calendrier est déterminé par le calendrier islamique, a coïncidé cette année avec la saison estivale chaude et humide.
Le Centre météorologique national d’Arabie saoudite a signalé cette semaine une température maximale de 51,8 °C à la Grande Mosquée de La Mecque.
Chaque année, des dizaines de milliers de musulmans tentent de participer illégalement au pèlerinage en entrant dans le royaume en tant que touristes des semaines auparavant, car ils ne peuvent pas se permettre les coûteux permis officiels ou n’ont pas réussi à figurer sur la liste des pèlerins dans leur pays.
Les autorités saoudiennes ont déclaré avoir interdit l’entrée de La Mecque à des centaines de milliers de pèlerins non enregistrés ce mois-ci, mais il semble que nombre d’entre eux participent encore aux principaux rites qui ont commencé vendredi dernier.
L’Indonésie, qui comptait environ 240 000 pèlerins, a porté son bilan à 183 morts, a indiqué son ministère des Affaires religieuses, contre 313 décès l’année dernière.
Des décès ont également été confirmés en Malaisie, en Inde, en Jordanie, en Iran, au Sénégal, en Tunisie, au Soudan et dans la région kurde d’Irak. Dans de nombreux cas, les autorités n’en ont pas précisé la cause.
Mise à jour : 22 juin 2024, 08h34
