L’émission record du bon d’État à un an : un succès pour les épargnants et l’État belge, mais les banques doivent revoir leurs conditions

L’émission record du bon d’État à un an : un succès pour les épargnants et l’État belge, mais les banques doivent revoir leurs conditions

C’est un record absolu, l’émission de l’obligation d’État d’une durée d’un an avec un taux net de 2,81 %, qui s’est clôturée vendredi dernier, a permis de récolter 21,896 milliards avec plus de 400 000 souscripteurs. Cette opération est exceptionnelle. Voyons pourquoi.

1. Une opération bénéfique pour les épargnants ?
L’argent investi dans les obligations d’État provient en grande partie des livrets d’épargne. Or, l’obligation d’État affiche un taux net qui est au moins 1 % plus élevé que les taux les plus élevés sur les livrets d’épargne. À quelques exceptions près, ce rendement est également supérieur aux taux proposés par les banques pour les comptes à terme d’une durée d’un an, qui sont considérés comme un placement plus comparable car l’argent ne peut pas être retiré avant l’échéance sans perdre tout le rendement.

Mais cette obligation d’État n’est pas le meilleur placement absolu. Un épargnant prêt à prendre un peu plus de risques aurait pu trouver des rendements supérieurs pour la même durée d’un an, notamment sur les marchés obligataires des entreprises.

2. Quel avantage pour l’État belge ?
Cette émission montre que l’État belge, malgré sa dette largement supérieure à son produit intérieur brut, peut emprunter très facilement auprès des particuliers. Cela peut améliorer la notation de la Belgique, ce qui est positif et permet à la Belgique d’emprunter à moindre coût.

Étant donné que le montant récolté est beaucoup plus élevé que prévu, il est encore trop tôt pour dire si le montant des intérêts que l’État devra payer sera plus élevé que s’il avait levé seulement quelques milliards. Le surcoût éventuel dépendra de nombreux facteurs, notamment du taux obtenu pour les placements des milliards excédentaires (plus de 10 milliards). “On ne peut pas encore dire s’il y a un coût ou pas lié au nombre très élevé de milliards récoltés. S’il y en a un, il devrait être raisonnable par rapport aux bénéfices de l’opération”, explique une source proche du gouvernement.

C’est au niveau de l’impôt prélevé à la source que l’État est presque certain de gagner. En effet, sur les 21,896 milliards récoltés, une grande partie provient des 300 milliards placés sur les livrets d’épargne, qui sont exemptés d’impôt jusqu’à 980 euros d’intérêts. Or, l’impôt prélevé sur l’obligation d’État est de 15 %.

3. Les banques vont-elles revoir leurs conditions ?
Rappelons que l’objectif initial de cette émission était de relancer la concurrence dans le secteur bancaire. À ce stade, ce n’est pas encore acquis. Pendant la durée de l’émission, seules quatre banques (Argenta, Beobank, Deutsche Bank et Axa Banque) ont annoncé une augmentation du taux sur le compte à terme pour le aligner sur celui de l’obligation d’État. Mais cette augmentation, limitée dans le temps, visait uniquement à retenir leurs clients. Le reste du marché n’a pas bougé, du moins en ce qui concerne les livrets d’épargne. Et les déclarations faites par Marc Raisière, le PDG de Belfius, lors de la présentation des résultats de la banque, laissent penser que la prudence est de mise.

Sur les comptes à terme, il est plus difficile de mesurer une éventuelle augmentation de la concurrence car les grandes banques ne sont pas transparentes sur ce produit dont les taux sont négociés avec le client en fonction des montants investis. La publication des résultats des banques au cours des six premiers mois montre des transferts des livrets d’épargne vers les comptes à terme. Cela montre que les épargnants sont moins passifs qu’auparavant.

Du côté du gouvernement, on croit que cette opération aura l’effet escompté. “Les banques seront obligées de bouger. Cette opération a relancé le lien entre les banques et leurs clients. Nous n’avions pas vu une telle proactivité depuis des années”, commente une source ministérielle.

D’autres observateurs sont moins confiants, estimant que le ministre des Finances CD&V Vincent Van Peteghem n’a pas atteint son objectif et s’est attaqué trop tard au manque de concurrence dans le secteur bancaire, en particulier sur les produits d’épargne.

4. Y aura-t-il une nouvelle émission avant la fin de l’année ?
Nous avons entendu dire que l’Agence de la dette a transmis le message au gouvernement de “ne surtout pas lancer une deuxième émission avant la fin de l’année”. On peut penser que Vincent Van Peteghem suivra cet avis, étant lui-même un peu dépassé par l’ampleur des souscriptions. Il devrait suivre l’avis de l’Agence de la dette, même si les banques rechignent à se montrer plus généreuses.

Il faudra alors conclure que l’objectif visé n’a pas été atteint. Ce serait évidemment gênant à quelques mois de la campagne électorale. À moins que d’autres pistes soient envisagées. On dit que Vooruit (le parti socialiste flamand) proposera à nouveau d’imposer un taux minimum sur les livrets d’épargne. On n’oserait pas aller jusqu’à penser qu’une loi pourrait être votée avant les élections…
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