L’entraîneur du Real Madrid Carlo Ancelotti risque la prison pour fraude fiscale

Le parquet de la région de Madrid a décidé de demander quatre ans et neuf mois de prison contre l’entraîneur italien du Real Madrid, Carlo Ancelotti, qui doit être jugé prochainement en Espagne dans une affaire de fraude fiscale. Dans un long communiqué, le parquet accuse l’entraîneur du club merengue d’avoir fraudé le Trésor public espagnol de plus d’un million d’euros sur les années 2014 et 2015, en omettant de déclarer ses revenus provenant de ses droits à l’image.

En Espagne, le parquet communique ses réquisitions avant l’ouverture du procès. Selon un document judiciaire datant de 2023 consulté par l’AFP, Carlo Ancelotti a reconnu les faits durant l’enquête. Cet aveu de culpabilité pourrait ouvrir la voie à un accord à l’amiable avec le parquet, lui permettant d’éviter la prison. L’annonce du parquet survient quelques heures avant que le Real Madrid affronte le RB Leipzig à domicile au stade Santiago Bernabéu en huitième de finale retour de la Ligue des champions. Les Madrilènes, qui ont déjà remporté 14 fois la compétition majeure des clubs européens, ont gagné le match aller en Allemagne 1 à 0.

Après trois ans d’enquête, un tribunal de la communauté régionale de Madrid avait annoncé à l’été 2023 la citation en justice de Carlo Ancelotti. Le parquet a précisé à l’AFP que la date du procès n’était pas encore fixée. Selon l’administration fiscale, l’entraîneur italien a déclaré au fisc ses revenus en tant qu’entraîneur du Real en 2014 et 2015, mais pas ceux provenant des droits à l’image ni d’autres sources de revenus, notamment immobiliers.

“Bien qu’il ait lui-même déclaré être résident fiscal en Espagne et ait indiqué que son domicile se trouvait à Madrid, il n’a mentionné dans ses déclarations fiscales que la rémunération personnelle reçue du Real Madrid”, affirme le communiqué. Le parquet précise dans ce texte que les revenus que l’entraîneur italien a tirés de la cession de ses droits à l’image se sont élevés à 1,24 million d’euros en 2014 et 2,96 millions d’euros en 2015.

“Sociétés écrans”

Le parquet affirme que l’omission de Carlo Ancelotti dans ses déclarations d’impôt était intentionnelle, l’entraîneur italien ayant utilisé “un réseau ‘complexe’ et ‘déroutant’ de trusts et de sociétés écrans pour canaliser les revenus provenant des droits à l’image”. Il aurait ainsi “simulé” la cession de ses droits à l’image à des entités “sans activité réelle” domiciliées à l’étranger, dans le but de maintenir “l’opacité vis-à-vis du Trésor public espagnol”, selon le communiqué qui reprend les termes utilisés par le parquet dans ses réquisitions. Selon le ministère public, Carlo Ancelotti aurait conclu en juillet 2013, en parallèle de la signature de son contrat d’entraîneur au Real Madrid, un autre contrat privé avec le club où il cédait 50% de ses droits à l’image.

Conformément à ce contrat, les 50% restants étaient détenus par une société “anonyme” et “indéterminée”, “agissant au nom et pour le compte de l’entraîneur italien”, précise le parquet. “Cette société s’est avérée être Vapia LLP”, une société basée à Londres, ce qui a été révélé au Real Madrid un an plus tard, détaille le parquet. Âgé de 64 ans, Carlo Ancelotti a entraîné le Real entre 2013 et 2015 avant de revenir sur le banc madrilène en 2021 pour trois ans.

Des rumeurs persistantes annonçaient qu’il devait devenir par la suite le sélectionneur du Brésil à la fin de son contrat en juin 2024, mais il a finalement prolongé son contrat avec le club madrilène jusqu’en juin 2026 tout en reconnaissant des négociations avancées avec la Confédération brésilienne (CBF) pour prendre en charge la Seleção. Surnommé “Mister”, il a remporté de nombreux titres dans les clubs prestigieux qu’il a entraînés (AC Milan, Chelsea, Bayern Munich…), remportant quatre Ligue des champions et le titre de champion dans les cinq plus grands championnats européens. En revanche, son passage dans d’autres clubs comme la Juventus Turin ou le PSG, qu’il a entraîné de 2011 à 2013, a laissé des souvenirs mitigés.