Le billet de Thomas Legrand
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Continuer à affirmer que «souveraineté alimentaire» rime avec «produire plus de tout», c’est surtout prendre le risque d’épuiser la biodiversité et, in fine, ouvrir la porte à de nombreuses importations.
La FNSEA, les partis Les Républicains et le Rassemblement national ont, à la faveur de la crise agricole, gagné une bataille politique et symbolique particulièrement dommageable pour la transition écologique, économique et l’évolution nécessaire d’un modèle en bout de course, à l’image de ces champs, shootés aux intrants, dont le rendement n’augmente plus que par toujours plus de chimie. Il s’agit de la bataille de la souveraineté alimentaire et du produire plus. En répétant à l’envi cette phrase en forme d’évidence frappée au coin du bon sens paysan : «On ne peut pas augmenter le revenu des paysans et assurer la souveraineté alimentaire de la France en réduisant la surface cultivable et en produisant moins.»
La FNSEA, LR et le RN ont su imposer leur interprétation unique d’une crise agricole pourtant multifactorielle. Nous voilà revenus au débat régressif, au clivage imaginaire mais si simple à formuler, entre ceux (les agriculteurs responsables et la FNSEA) qui prônent un «produire plus pour gagner plus et nourrir plus de monde» contre des écologistes décroissants (qui vont des Soulèvements de la Terre aux conseillers agriculture d’Emmanuel Macron). Or la transition écologique promue par les écologistes très modérés autour du député européen Pascal Canfin et des conseillers agriculture-éc