Les années 90 : quand la pièce de 100 F suffisait pour vivre la magie du 11 février ! ~ Ciblage Plus

En cette veille de la 59ème édition de la fête nationale de la jeunesse 2025, je ne peux m’empêcher de replonger dans mes souvenirs d’enfance, où une simple pièce de 100 FCFA suffisait pour faire de cette journée un moment inoubliable. C’était une époque où la joie se mesurait en croquettes de 25 francs, en sucreries multicolores et en petits ballons de 10 francs qui nous émerveillaient.

C’était un grand jour !

Le réveil sonnait tôt ce jour-là. Fièrement vêtus de notre uniforme cousu pour la circonstance et impeccablement repassé par la couturière, nous nous préparions pour le défilé. Notre pièce de 100 francs, précieusement gardée depuis quelques jours, représentait un trésor aux possibilités infinies. Avec elle, nous pouvions nous offrir deux beignets, quelques bonbons, et même une boisson que nous appelions « simy ». C’était le summum du luxe pour nous.

Au-delà de ces plaisirs simples, le 11 février incarnait quelque chose de plus grand. Nous défilions avec fierté, entonnant l’hymne national et les chants appris pour le défilé avec conviction, rêvant tous de devenir un jour président, médecin, ou enseignant. L’école était notre temple, le savoir notre religion, et la réussite était accessible à qui travaillait dur et nos parents nous le répétaient tous les jours : « L’école est la clé d’un avenir radieux ! Va à l’école, tu deviendras « quelqu’un dans la vie » ! »

Au fil des années, le choc des réalités économiques

Vers le début des années 2000, notre pièce de 100 francs s’est transformée en billet de 500 francs. Les beignets à 10 francs sont devenus rares, remplacés par ceux à 25 francs, puis 100 francs. Les petits plaisirs de notre enfance prenaient doucement de la valeur, mais nous nous adaptions, pensant que c’était normal.
La décennie 2010 a marqué un tournant plus visible. Les kermesses scolaires, vers les années 2000 accessibles à tous, ont commencé à instaurer des droits d’entrée. Les proviseurs n’ont plus l’argent pour financer les activités périscolaires ; les 1000 francs devenaient le nouveau minimum pour profiter pleinement de la fête.
Aujourd’hui, en 2025, le fossé est vertigineux. Les 10 000 FCFA que les parents glissent dans la poche de leurs enfants suffisent à peine pour quelques heures de festivités. Les entrées des événements festifs oscillent entre 2000 et 5000 francs. Un simple repas coûte facilement 3000 francs. Les jeux et attractions varient entre 1000 et 2000 francs la partie.

L’esprit même de cette célébration s’est transformé. Le patriotisme ardent qui nous animait s’est progressivement étiolé face aux réalités économiques. Comment maintenir intact cet idéal quand les diplômés, toujours plus nombreux, grossissent les rangs des chômeurs ? Les jeunes d’aujourd’hui regardent avec scepticisme ces défilés qui semblent appartenir à une autre époque. Leurs modèles de réussite ne sont plus les intellectuels ou les fonctionnaires, mais les influenceurs, les entrepreneurs du web, ou les stars du showbiz qui affichent une réussite rapide et tape-à-l’œil.

Une leçon de vie

En ce mois de février 2025, je ne peux m’empêcher de ressentir une certaine nostalgie. Non pas uniquement pour cette époque où 100 francs suffisaient à notre bonheur, mais pour cette innocence qui nous faisait croire que tout était possible. Pour cet esprit qui nous unissait tous, riches ou pauvres, derrière les mêmes idéaux. Pour cette simplicité qui faisait la beauté de nos célébrations.

Ces souvenirs ne sont pas qu’un simple regret sur le « c’était mieux avant ». Ils nous rappellent que malgré les difficultés économiques, malgré l’évolution des modèles de réussite, la jeunesse reste le moteur du changement. Si les temps ont changé, l’espoir et la détermination de la jeunesse camerounaise demeurent intacts, même s’ils s’expriment différemment.

Cet article est rédigé dans le cadre de la campagne d’articles de blog organisée par l’association des blogueurs du Cameroun à l’occasion de la 59ème édition de la fête nationale de la jeunesse.