Les archives, des pépites d’or méconnues au Maroc

Les archives, des pépites d’or méconnues au Maroc

Dans les années 1990, j’avais prévu de commencer mon projet éditorial Les cahiers d’El Jadida en consultant les archives de la municipalité et d’autres administrations qui avaient hérité des archives du temps du Protectorat. Mais j’ai été très déçu. Partout où je suis allé, on m’a informé qu’il n’y avait pas d’archives, même s’il y avait des cartons de paperasses dans des sous-sols humides et poussiéreux. Pour les chercheurs, ces papiers constituent des “pépites d’or”.

Plus tard, j’ai pensé que les choses avaient changé depuis les années 1990, mais une future architecte m’a prouvé le contraire. Elle m’a demandé conseil pour un mémoire qu’elle était en train de rédiger sur un ancien quartier industriel. L’étudiante a consulté plusieurs administrations pour leurs archives, avant de revenir déçue et avec sa valise à la main.

J’ai connu cette lacune des archives personnellement en 1985, quand feu Si Mostafa Bencherki, ancien président de la Chambre de commerce d’El Jadida, m’a confié que les archives de sa présidence contenaient des documents, des rapports commerciaux et des photos de l’époque du Protectorat. J’ai contacté le président de la Chambre de commerce actuelle à ce sujet, mais même après une autorisation de consulter les archives, le directeur de la Chambre m’a empêché de le faire.

Plus tard, j’ai essayé de consulter les anciennes archives portuaires pour mon livre sur Le port d’El Jadida, une histoire méconnue, mais j’ai été balancé entre plusieurs administrations sans succès. En 2014, pour mon livre sur les médecines et les médecins d’El Jadida, j’ai demandé à consulter les vieilles archives sanitaires de l’ancien hôpital régional du temps du Protectorat, mais la secrétaire m’a dit qu’elles avaient été envoyées à Casablanca.

C’est un paradoxe que les archives soient si précieuses pour les chercheurs à l’étranger, mais si difficiles à obtenir localement. L’administration marocaine ne croit pas encore à leur utilité. Pour avoir travaillé dans l’administration pendant trente ans, j’ai connu personnellement un établissement public où quatre documentalistes formés à l’Ecole des sciences de l’information ont été réaffectés, même s’ils étaient aptes à gérer les archives.

Cependant, le pays dispose d’une belle institution, les Archives du Maroc, créée en 2007 et dirigée par le professeur Jamaâ Baida. Il travaille dur pour mener une mission importante et les intellectuels et toutes les bonnes volontés doivent l’aider. Les archives sont primordiales pour tous les Marocains.

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