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« Les Astuces de Maya : une femme sénégalaise brise les tabous de la sexualité »

« Les Astuces de Maya : une femme sénégalaise brise les tabous de la sexualité »

Maya Diallo, 32 ans, connue sous le nom de “Les Astuces de Maya”, est une ancienne juriste devenue gérante d’un sex shop à Dakar. Elle est une influenceuse suivie par une communauté, principalement composée de femmes, qui cherchent des réponses sur le plaisir.

Il y a trois ans, j’ai ouvert un sex shop à Dakar et j’ai commencé à vendre des produits en ligne tout en donnant des conseils sur la sexualité. Aujourd’hui, je suis invitée sur de nombreux plateaux télé, mais au début cela choquait beaucoup ! Comment une femme jeune pouvait-elle parler si ouvertement de sexualité à la télévision ?

J’ai grandi à Louga, dans le nord-ouest du Sénégal, au sein d’une famille plutôt privilégiée. On ne parlait jamais de sexe à la maison. Au lycée, à l’université, je n’étais pas celle qui abordait le sujet, j’écoutais seulement. Les questions ont commencé à se poser quand je me suis mariée. Avec mon mari, nous avons découvert la sexualité ensemble, et dès le début, nous nous sommes posé beaucoup de questions. Quand je n’atteignais pas l’orgasme, nous en discutions, nous faisions des recherches sur Internet. Je me suis passionnée pour le sujet.

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Lorsque je parle de sexualité, c’est le plus souvent en français. En wolof, cela sonne très vulgaire. Si j’utilise le mot “vagin”, qui se traduit par “leuf” – j’ai même honte de vous le dire -, les gens vont penser que je les insulte. Ça passe mieux en français. Quand je dois parler en wolof, j’essaie d’utiliser des synonymes, de faire des périphrases, de contourner les mots crus.

Cependant, je reste ouverte d’esprit. Quand une jeune femme non mariée vient me parler de ses rapports sexuels, je ne la juge pas, même si cela n’est pas autorisé par l’islam. Peut-être qu’elle n’a personne à qui parler ? Je me demande souvent où sont les mères, les tantes… Historiquement, c’était la “badiene”, la tante paternelle, qui guidait la jeune femme avant son mariage. Elle conseillait de mettre des perles tressées autour des hanches et cela pouvait aller plus loin, parler de fellation… Mais le plaisir des femmes n’était pas vraiment évoqué. Tout était centré sur le plaisir de l’homme, alors que le mari ne recevait aucune information pour donner du plaisir à son épouse.

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Pourtant, dans l’islam, le plaisir est important. Je travaille avec des imams sénégalais qui parlent ouvertement de l’importance des préliminaires. Mais il semble que le message ne nous soit pas parvenu ! Il y a encore des hommes qui forcent la pénétration sans préparation intime faite de tendresse, d’échanges et de caresses.

Mes conseils sont souvent gratuits, mais les produits que je vends sont plutôt chers [environ 20 euros en moyenne], car ils sont importés et il y a de nombreux intermédiaires. Je ne vends pas de produits du marché, fabriqués localement. Je ne sais pas si ces produits respectent les mesures d’hygiène. Moi, je propose des produits de marque, tous testés gynécologiquement et dermatologiquement. Mon best-seller est un miel aphrodisiaque, composé de miel pur accompagné de gelée royale. Les femmes commencent à comprendre. On ne rigole pas avec son plaisir !

Parfois, des femmes de l’âge de ma mère viennent me voir. L’une d’entre elles m’a dit : “Ecoute, ça fait des années que je n’ai jamais eu d’orgasme ! Tu n’aurais pas quelque chose pour moi, un gel excitant ?” “Oui”, lui ai-je répondu, “j’ai un gel excitant, mais je peux aussi t’aider, te guider vers cet orgasme-là.” Les femmes ici ne connaissent pas leur corps, elles ne savent pas que le plaisir vient aussi de la stimulation du clitoris. Je leur dis clairement : “Toi, tu ne te connais pas, ton mari ne te connaît pas. Comment peux-tu ressentir du plaisir ?”

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Il y a des femmes mariées qui sont très malheureuses, surtout celles qui subissent la polygamie. Elles perdent toute confiance en elles. Quand elles viennent me consulter, je leur dis que ce n’est pas de leur faute, que c’est leur mari qui est stupide. J’essaie de leur donner des astuces pour se démarquer, car elles sont toujours en compétition et peuvent dépenser beaucoup d’argent pour plaire à leur homme. Mon message est clair : “Tu devrais investir cet argent dans une entreprise qui te rapportera encore plus. Cet homme-là, il te courra après parce que tu as de l’argent !”

– Rame Ka

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