Les attaques en Hongrie contre Bruxelles et l’UE : un défi pour le gouvernement actuel

En Hongrie, les attaques contre “Bruxelles” et les institutions de l’Union européenne ont débuté: des “allégations complètement fausses”.

Cet avocat de 43 ans, nouvellement arrivé en politique, a pour ambition de renverser le gouvernement qu’il considère corrompu. Ancien haut fonctionnaire du système Fidesz, il a rompu brutalement avec ce parti dirigé par Viktor Orban il y a quelques semaines à peine, suite à un scandale provoqué par la grâce présidentielle accordée à un homme coupable d’avoir couvert les actes d’un pédocriminel. La présidente de la République Katalin Novak a été contrainte de démissionner. Son ex-femme, Judit Varga, qui avait cosigné la grâce en tant que ministre de la Justice, a dû se retirer de la vie politique.

“Nous savons tous que ce pouvoir est tout sauf chrétien, conservateur et bourgeois [comme il le prétend]. Nous assistons à une tentative désespérée de la classe dirigeante de conserver les richesses et le pouvoir volés”, a déclaré Peter Magyar sur la scène dressée devant le Parlement. Issu d’un milieu très conservateur, il propose une troisième voie et cherche à rassembler les déçus du Fidesz ainsi que tous ceux qui ont perdu tout espoir de changement politique et ne font plus confiance aux partis traditionnels de l’opposition pour un jour renverser Viktor Orban, au pouvoir depuis quatorze ans. “J’ai toujours voté pour l’opposition, mais je ne suis pas vraiment militant. Je suis venu plus par curiosité et pour voir ce qu’il propose”, témoigne Maté, violoniste professionnel.

Le novice en politique propose un mélange de conservatisme social qui n’effraiera pas l’électorat traditionnel de droite, et de protection sociale qui pourrait séduire les électeurs de gauche. Lors d’un discours d’une heure sous un soleil estival, il a mis l’accent sur la lutte contre la pauvreté et l’intégration de la minorité rom, rendant hommage à une figure emblématique de la gauche hongroise, la sociologue Zsuzsa Ferge, collaboratrice de Pierre Bourdieu, récemment décédée. Sur la question européenne, il souhaite résoudre les conflits liés à l’état de droit par “un dialogue constructif mais critique” avec l’UE.

Malgré les attaques provenant du camp gouvernemental, notamment de son ex-femme restée fidèle au gouvernement, Peter Magyar a réussi à se faire une place sur la scène politique en quelques semaines seulement. Sa prochaine étape : participer aux élections européennes du 9 juin en se joignant à un parti déjà enregistré mais inactif, en attendant la création de sa propre formation politique. Un sondage de l’institut Republikon lui accorde 15 % de soutien, le plaçant ainsi comme la troisième force politique dans l’opinion publique derrière le Fidesz et talonnant les sociaux-démocrates de la Coalition démocratique.

“L’émergence de Peter Magyar met fin à des décennies d’hégémonie discordante du Fidesz et de Viktor Orban en Hongrie”, écrit l’historien Stefano Bottoni sur X (anciennement Twitter). Selon ce spécialiste de la Hongrie, “le rassemblement d’aujourd’hui était la plus grande manifestation politique depuis 2010 et la plus grande manifestation non parrainée par un parti au pouvoir depuis 1989. Un changement est à venir”.