Frais de compte
Les banques jugent les critiques de Monsieur Prix trop faciles
Berne réclame des baisses de tarifs, notamment sur la gestion et la clôture des comptes bancaires. Les établissements estiment leur pratique justifiée.
Publié le 12 août 2023, 19:42
Les banques adaptent leurs tarifs en fonction de leurs propres choix, et non sous la pression des autorités, font-elles savoir.
20min/Marvin Ancian
Ni chaud, ni froid: les banques ne semblent pas bouleversées par les critiques de Monsieur Prix qui a réclamé à plusieurs reprises que les établissements bancaires réduisent leurs frais, notamment ceux sur la gestion et la clôture des comptes des clients. Aucune des banques contactées n’a voulu commenter directement les remarques du Surveillant des prix. Mais il ressort de leurs réponses qu’elles trouvent la critique un peu trop facile.
Du côté de Raiffeisen, par exemple, on remarque que les frais ne doivent pas être analysés hors de tout contexte. «Une majorité des clientes et clients sont des sociétaires bénéficiant d’une tenue de compte gratuite et d’autres conditions spéciales et d’avantages exclusifs, tels que des cartes de ski et des billets pour des événements à prix réduit, ainsi que de l’entrée gratuite dans plus de 500 musées», dit son service de presse. Pour les autres clients, «les frais ont augmenté dans certains domaines au cours des dernières années», reconnait la banque. Mais ces hausses «reflètent la gamme de prestations qui ont été développées ces dernières années, par exemple dans l’e-banking».
Le diable dans les détails
Pour PostFinance aussi, classer les banques en fonction des tarifs d’un choix de certaines prestations semble manque de nuance. Tout dépend des prestations dont chaque client souhaite disposer et qui correspondra à un paquet bancaire dont les frais varient. «PostFinance n’envisage pas d’adapter les frais des packages bancaires», dit en tout cas l’établissement.
Une autre banque fait même remarquer que les critères retenus par Monsieur Prix sont incomplets. Dans son dossier, celui-ci se penche beaucoup sur les frais mensuels de gestion de compte. Or certaines banques, par exemple une banque cantonale alémanique, proposent des comptes gratuits. Sauf que, ensuite, si le client veut une carte de débit, c’est là que ça commence à coûter.
Monsieur Prix a des pouvoirs limités: il ne peut qu’étudier, commenter et recommander. C’est pour ça qu’il compte sur le Secrétariat d’État à l’économie (Seco). Celui-ci est intervenu. Il a écrit des courriers à 35 banques «pour leur demander de renoncer à prélever des frais pour la clôture des comptes, le transfert de titres et la reprise d’hypothèques», dit son porte-parole. Plusieurs ont répondu que certaines adaptations étaient déjà prévues ou allaient être opérées. Mais le Seco ne peut pas faire grand-chose de plus. «En fin de compte, seul un tribunal peut, sur plainte éventuelle d’une partie, juger de manière contraignante si les clauses relatives aux frais d’une banque sont déloyales ou illicites», dit-il, espérant toutefois que des accords à l’amiable puissent aboutir avant d’en arriver là.
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