2024-05-06 19:01:57
Les barreaux devraient surveiller les comptes séquestres collectifs : critiques des experts
Depuis trois bonnes années, les autorités fiscales européennes et allemandes rencontrent des problèmes avec les comptes séquestres collectifs des avocats, c’est-à-dire les comptes que les avocats utilisent pour traiter les paiements des clients. Les autorités soupçonnent que la tenue de ces comptes présente un risque de blanchiment d’argent et d’évasion fiscale. Début 2022, l’Autorité fédérale de surveillance financière (BaFin) a publié de nouvelles instructions d’interprétation et d’application de la loi sur le blanchiment d’argent à l’intention des établissements de crédit. Les privilèges en matière de gestion de comptes pour les avocats et les notaires ont été supprimés.
La pression exercée sur les établissements de crédit allemands a conduit un certain nombre de banques et de cabinets d’avocats à mettre fin à leurs comptes séquestres collectifs parce qu’ils n’étaient apparemment plus autorisés. Cela a provoqué des troubles considérables dans la profession juridique. Le compte séquestre collectif est pratique et économique, notamment pour le traitement de petits paiements, tels que les paiements échelonnés de clients opposés. La création d’un compte séquestre distinct pour chacun de ces mandats est peu pratique et également coûteuse – des coûts que le client ou les opposants devraient payer.
C’est pourquoi l’assemblée statutaire de la profession d’avocat a créé en 2022 des règles relatives au traitement des comptes séquestres collectifs dans le Code professionnel des avocats (BORA) (§ 4 BORA). Ceux-ci doivent garantir que les comptes séquestres ne sont pas utilisés à des fins non autorisées. Depuis, il y a eu un certain calme. Mais aujourd’hui, les comptes séquestres collectifs redeviennent un sujet de conversation.
Les barreaux devraient contrôler les comptes séquestres collectifs
Dans le cadre des discussions au Bundestag sur le projet de loi réglementant les réunions hybrides et virtuelles pour les avocats, notaires, etc. (BT-Dr. 20/8674), la commission des affaires juridiques a décidé, à la demande de la coalition gouvernementale, d’inclure un nouvel article dans la loi. 73a BRAO pour enregistrer.
Selon ce règlement, qui n’avait pas encore fait l’objet d’une procédure législative, les barreaux régionaux devraient désormais procéder à un examen non provoqué des comptes bloqués collectifs des avocats. Cet audit vise à capturer tous les paiements effectués via ces comptes. En outre, il est prévu que les avocats auront une obligation de coopération et ne pourront pas se prévaloir de leur secret juridique à cet égard.
Afin de contrôler les activités des chambres, celles-ci sont également tenues de rendre compte chaque année au ministère fédéral des Finances. Si le ministère estime qu’il y aura trop peu de tests à l’avenir, un règlement est également envisageable qui préciserait le nombre de tests à effectuer.
Critique des chambres : rupture du système
Lors d’une audition à la commission juridique du Bundestag le 24 avril 2024, les experts invités des barreaux n’ont pas été les seuls à exprimer de vives inquiétudes à l’égard du règlement. Ce serait la première fois que les chambres agiraient sans motif dans le cadre d’un contrôle professionnel, ce qui impliquerait également une ingérence significative dans le devoir de confidentialité, a souligné André Haug, vice-président de l’Ordre fédéral des avocats (BRAK). Il s’agit d’une rupture dans le système et d’un changement de paradigme inutile dans l’auto-administration juridique.
Le règlement n’a pas encore été mis en œuvre en raison du manque d’effectifs des chambres, comme l’a également souligné Henning Löwe, directeur général de l’ordre des avocats de Hambourg. En outre, il faudrait au moins deux ans avant que les ressources appropriées puissent être créées dans les chambres.
Cette critique était également partagée par l’avocat de Düsseldorf Dirk Uwer, le représentant de la Legal Tech Association Markus Hartung et l’empiriste juridique Matthias Kilian. Avec l’introduction d’un contrôle non provoqué des obligations professionnelles des avocats en matière de comptes séquestres collectifs via § 73a Le BRAO relativiserait davantage le secret professionnel juridique et créerait une charge administrative supplémentaire considérable pour les barreaux.
En revanche, le président de la commission du droit professionnel de l’ordre des avocats allemands, Thomas Gasteyer, s’est montré plus ouvert à la réglementation, mais a également qualifié les changements de profonds.
La surveillance est incompatible avec un devoir de confidentialité
Un interrogatoire sans motif constituerait en réalité un changement de paradigme dans l’auto-administration des avocats. Jusqu’à présent, les barreaux n’étaient autorisés à agir que de manière ponctuelle, par exemple en cas de plainte d’un client ou d’un tribunal. Il n’existe actuellement aucune obligation de coopération pour les avocats. S’ils ne souhaitaient pas y participer en raison de leur devoir de confidentialité, la procédure devait, s’il y avait des raisons, être confiée aux autorités chargées de l’enquête de l’État. Les chambres ne sont pas encore des autorités d’enquête et ne veulent pas le devenir en tant qu’auto-administration de la profession juridique.
Mais à travers § 73a BRAO pourrait changer cela maintenant. La simple consultation du compte séquestre collectif ne sert à rien si les chambres ne peuvent pas visualiser les dossiers de mandats associés et vérifier le contenu des paiements. Cela signifierait que les chambres devraient bénéficier d’un « droit de recherche et d’inspection », qui n’existe pas actuellement. Et les avocats devraient divulguer tous les flux de paiement de leurs clients. Comme les critiques l’ont prévenu, le secret juridique en pâtirait considérablement.
Les compétences antérieures des chambres en matière de lutte contre le blanchiment d’argent ont un objectif complètement différent : le contrôle des mesures préventives dans les cabinets d’avocats, mais pas le contrôle du travail des clients et des flux d’argent. Si le législateur souhaite créer de tels contrôles sur les activités substantielles des avocats allemands, il doit examiner cela avec attention, notamment en ce qui concerne les implications constitutionnelles et professionnelles. Le secret juridique est un atout précieux. Vouloir les restreindre dans le cadre d’une recommandation de résolution de la commission des affaires juridiques ne rend pas justice au rôle de la profession juridique allemande dans l’État de droit.
Martin W. Huff, 6 mai 2024.
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