Les Beatles : l’histoire inachevée de la démo “Now and Then”

Les Beatles : l’histoire inachevée de la démo “Now and Then”

La troisième démo de Lennon, “Now and Then”, est restée inachevée. Après avoir enregistré une première piste de soutien grossière les 20 et 21 mars 1994, George Harrison a abandonné. Elle est maintenant sortie sous le nom The Beatles.

La dernière surprise signée The Beatles a été largement influencée par un homme : Mal Evans. Lorsqu’il travaillait sur Get Back, le réalisateur Peter Jackson, aidé de son équipe de production néo-zélandaise, a développé une technologie permettant d’apprendre à un ordinateur à restituer le son d’une guitare, d’une batterie ou d’une voix humaine donnée. Cela lui a permis, à partir d’un enregistrement, d’isoler chaque élément et de le mettre en valeur.

Le système a été baptisé MAL (Machine-Assisted Learning), en référence à HAL 9000, l’ordinateur de bord névrosé du film 2001: A Space Odyssey de Stanley Kubrick, et au légendaire assistant des Beatles. Et MAL a été aussi indispensable à Jackson et à Giles Martin, chargé, au sein de la petite famille des Beatles, d’adapter l’œuvre du groupe aux habitudes d’écoute des nouvelles générations, que Mal Evans ne l’était sur la production des enregistrements originaux. Grâce à MAL, Martin a réussi à séparer chaque voix et chaque instrument des enregistrements mono des sessions de travail de Revolver et à réaliser un remix stéréo de l’album. Et MAL a également aidé Paul McCartney à finir la dernière des chansons des Beatles.

Il s’y était attelé dès 1994. En janvier, lorsqu’il tint le discours d’éloge pour célébrer l’entrée de John Lennon au Rock and Roll Hall of Fame, McCartney a rencontré Yoko Ono, qui lui a remis quelques cassettes avec des démos inédites de son mari datant de 1977. Ces dernières devaient servir de base pour de “nouvelles” chansons des Beatles, dans le but d’ajouter un inédit à chacun des trois albums accompagnant la rétrospective Anthology. L’idée de faire appel à Jeff Lynne, tête pensante du Electric Light Orchestra et complice de Harrison, était certainement une offre de paix à son vieil ami George, dont il s’était éloigné.

Contrairement à lui, Harrison était très content de ne plus être un Beatle, et n’avait accepté l’Anthologie que parce qu’il avait besoin d’argent après en avoir perdu beaucoup avec sa société de production cinématographique, HandMade Films. Et Lynne était en effet l’homme de la situation, du moins pour le travail de bricolage. Il a réussi à intégrer les enregistrements mono de deux chansons de Lennon, “Free as a Bird” et “Real Love”, sur lesquels le chant et le clavier n’étaient pas dissociables, aux pistes de soutien enregistrées séparément par Starr, Harrison et McCartney (que la presse de l’époque appelait par dérision les “Threetles”), en y incorporant un pont nouvellement composé. En termes d’esthétique sonore, le résultat tenait toutefois plus du Electric Light Orchestra ou des Traveling Wilburys que des Beatles.

La troisième démo de Lennon, “Now and Then”, est cependant restée inachevée. Après avoir enregistré une première piste de soutien grossière les 20 et 21 mars 1994 aux studios Hogg Hill Mill de McCartney, au sud-est de Londres, George Harrison a abandonné. Il était devenu évident que Lynne était techniquement arrivé au bout de ce qu’il pouvait faire et qu’il fallait plus que quelques harmonies, guitares et rythmes pour faire de cette démo une bonne chanson. Le dernier album d’Anthologie a donc été privé d’une nouvelle chanson des Beatles.

Dans le documentaire Mr. Blue Sky, McCartney a déclaré plus tard qu’un jour, il se glisserait en studio avec Lynne et terminerait la chanson. Il avait un rire espiègle en racontant cela, comme si c’était un gag. Mais derrière, il y avait quelque chose de plus profond : lorsque John Lennon et Paul McCartney se sont vus en personne pour la dernière fois, en 1976 ou 1977 (ils ont continué par la suite à se téléphoner pour se donner des nouvelles de leurs enfants et des recettes de pain), c’était dans le couloir de la résidence de Lennon, au Dakota Building, dans l’Upper West Side de Manhattan, au terme d’une soirée harmonieuse. Au moment du départ, le maître de maison a tapoté l’épaule de Paul et lui a dit : “Pense à moi de temps en temps, vieil ami.”

Maïk Bruggemeyer

Retrouvez cet article sur « Now and Then » de The Beatles en intégralité dans notre numéro 158, disponible en kiosque et via notre boutique en ligne.

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