Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne
MONTRÉAL – Le microbiote intestinal des bébés contient dix fois plus de virus que de bactéries, dont la grande majorité est inconnue des scientifiques, selon une étude internationale menée en collaboration avec des chercheurs de l’Université Laval.
Les chercheurs ont passé cinq ans à examiner les matières fécales de 647 bébés âgés d’un an au Danemark. Ils ont trouvé plus de 10 000 espèces de virus appartenant à 248 familles virales, dont seulement seize étaient connues auparavant.
Quatre-vingts pour cent des virus identifiés sont des “bactériophages” – des virus qui n’infectent pas les cellules humaines, mais qui transmettent plutôt leur matériel génétique aux bactéries. Ils peuvent, par exemple, rendre ces dernières plus efficaces pour absorber certains nutriments, ce qui pourrait jouer un rôle dans l’équilibre de la flore intestinale.
“Nous savons que les bactéries et les phages sont présents dans notre microbiote, donc nous voulions étudier l’interaction entre les phages et les bactéries ainsi que leur rôle dans cet écosystème”, a expliqué le professeur Sylvain Moineau du département de biochimie, microbiologie et bio-informatique de l’Université Laval.
Les virales restantes s’attaquent aux cellules humaines, mais ne semblent pas rendre les enfants malades. Il n’est pas encore clair quel rôle ces virus jouent dans le système immunitaire.
Les chercheurs ont souligné qu’il existe un équilibre entre les bactéries, les virus et le système immunitaire dans le microbiote intestinal.
Les bactéries qui composent le microbiote intestinal sont beaucoup mieux connues que les virus, car elles sont plus faciles à identifier et à étudier. Les chercheurs ont donc dû développer des outils de bio-informatique puissants pour caractériser les virus.
Les chercheurs ont été surpris de la diversité du virome (ensemble de virus trouvés dans un environnement) des bébés âgés d’un an, car l’intestin des bébés est stérile à la naissance. Le nourrisson est exposé à des bactéries et des virus dès sa naissance grâce à sa mère et à l’environnement.
Les données collectées dans le cadre de ce projet pourront être examinées pour établir des corrélations entre certaines familles de virus ou de phages et leur impact sur la santé.
Cette étude a été publiée dans la revue scientifique Nature Microbiology.
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