Lorsque la ménopause survient vers l’âge de 50 ans, de nombreux changements se produisent. Au-delà de l’arrêt des règles et du déclin de la fertilité, caractéristiques majeures de la ménopause, d’autres symptômes et phénomènes se manifestent pendant cette période de transition chez la femme. Le Dr Alain Tamborini, gynécologue, nous explique ce qui se passe à cette nouvelle étape de la vie des femmes.
La fin de l’ovulation et de la fécondation
Chaque femme possède un capital de follicules ovariens à la naissance. Ces derniers se développent chaque mois sous l’action de la FSH (hormone folliculostimulante) et sécrètent les œstrogènes, les hormones de la féminité, qui entraînent l’épaississement de la muqueuse utérine, dont la desquamation régulière constitue les règles. Pendant la préménopause, les ovaires deviennent moins sensibles à l’action de la FSH. Les cycles menstruels se raccourcissent ou s’allongent et l’ovulation devient irrégulière puis cesse complètement. Les cycles finissent par s’arrêter lorsque le seuil minimal de follicules est atteint. “Il n’y a donc plus d’ovulation, plus de transformation du follicule en corps jaune et, par conséquent, plus de fabrication de progestérone, l’hormone de la maternité.” L’endomètre ne se prépare plus à accueillir un ovule fécondé et devient de moins en moins épais, les règles s’amenuisent puis disparaissent.
Une redistribution de la masse grasse au niveau du ventre
À la ménopause, le métabolisme change. Des modifications de la composition corporelle surviennent souvent à ce moment-là et peuvent altérer la silhouette : “4 femmes sur 5 vont prendre du poids de manière inégale avant et pendant la ménopause. Il s’agit souvent plus d’un problème de centimètres que de kilos”, précise le Dr Tamborini. Ainsi, l’activité de la lipoprotéine lipase diminue et la réponse lipolytique à la noradrénaline des adipocytes abdominaux est réduite. Ces changements de l’activité métabolique du tissu adipeux entraînent une redistribution de la masse grasse vers l’abdomen. “Il existe aussi habituellement un décalage entre les normes médicales et l’image corporelle idéalisée et souhaitée, imposée par la mode.”
Une augmentation du rapport taille/hanche
La prise de poids, qui commence probablement pendant la périménopause et le dérèglement des cycles, s’accompagne à la ménopause d’une modification de la répartition des graisses de manière androïde, avec une augmentation du rapport taille/hanche, corrélée à une augmentation du risque cardiovasculaire. “Si la masse grasse augmente avec l’âge, elle représente un pourcentage plus important du poids total après la ménopause.” Parallèlement, l’adiposité abdominale augmente tandis que la masse maigre diminue, surtout au niveau des cuisses. Ces changements de la composition corporelle sont également observés chez les femmes obèses.
“La prise de poids à la ménopause se prévient mieux qu’elle ne se traite”
“Toutes les femmes doivent être informées de la forte probabilité de ces changements, conclut-il, afin de prendre les mesures (parfois drastiques…) d’hygiène de vie et alimentaires nécessaires pour les combattre ou mieux, les prévenir.” En effet, la prise de poids à la ménopause se prévient mieux qu’elle ne se traite, et la graisse abdominale est souvent difficile à perdre à ce stade de la vie. Toutes les femmes peuvent bénéficier de conseils pour éviter les erreurs et les excès alimentaires : limiter et équilibrer les apports, répartir la ration alimentaire sur les trois repas, assurer un apport en calcium, lutter contre la sédentarité, favoriser l’exercice physique régulier et augmenter la masse musculaire.
Une hormonothérapie substitutive bien menée, associant un estrogène naturel et de la progestérone naturelle ou un progestatif proche de la progestérone, ne doit pas entraîner de prise de poids iatrogénique ni aggraver la prise de poids fréquente à cette période. Un traitement hormonal de la ménopause (THM) doit être efficace sur les symptômes de la ménopause (bouffées de chaleur, sueurs nocturnes, insomnie…) et surtout bien toléré, car il est généralement prescrit sur plusieurs années. “Qu’il y ait un traitement hormonal ou non, il est important d’adopter des mesures strictes d’hygiène de vie et alimentaires pour maintenir son poids et sa silhouette à la ménopause. C’est un combat souvent difficile mais possible”, conclut-il.
La question de l’ostéoporose
Environ 1 femme sur 4 est touchée par l’ostéoporose, la principale complication à long terme de la ménopause. À partir de 40 ans, la densité osseuse diminue naturellement. Chez la femme, il y a une accélération de la perte osseuse à la ménopause. “Lorsque la densité osseuse a considérablement diminué, cela peut entraîner des fractures (des vertèbres, du poignet et plus tard du fémur). La première fracture est le plus souvent un tassement d’une vertèbre lombaire, qui survient vers l’âge de 65 ans. Plus tard, d’autres tassements vertébraux peuvent se produire et augmenter les douleurs et les handicaps”, précise le Dr Tamborini. L’évaluation de la densité osseuse par ostéodensitométrie en début de ménopause est particulièrement intéressante pour identifier les femmes à risque. Il est possible de préserver la santé osseuse en assurant un apport suffisant en calcium, une alimentation riche en vitamine D, qui favorise l’absorption et la fixation du calcium, et en pratiquant une activité physique régulière. “L’apport en calcium par l’alimentation est souvent insuffisant à cinquante ans, alors même que les besoins augmentent. Un régime riche en calcium est donc recommandé : produits laitiers, fromages, yaourts et fromages blancs. Un apport supplémentaire en calcium peut également être très utile”, souligne-t-il. Le traitement hormonal est particulièrement indiqué en prévention dans les années suivant la ménopause, car il freine voire arrête la perte osseuse.
La peau, les ongles… changent aussi
La ménopause, avec sa carence en œstrogènes, contribue plus ou moins, selon chaque femme, au vieillissement cutané et à des modifications cutanées variées (diminution de la teneur en collagène, en acide hyaluronique, sécheresse, amincissement de la peau, etc.). “Nos patientes évoquent souvent un ‘coup de vieux’ à la ménopause ou peut-être plus précisément à la cinquantaine, âge auquel les signes de vieillissement cutané sont attendus et redoutés dans une société occidentale peu tolérante, voire cruelle, qui privilégie la jeunesse et exacerbe leur perception”, souligne le Dr Tamborini. Il est essentiel de préserver l’hydratation de la peau en utilisant des produits spécifiques “anti-âge” et en assurant une protection solaire tout au long de l’année. Parfois, les ongles peuvent devenir plus fragiles et cassants.
La diminution de la pilosité
Les cheveux et la pilosité peuvent également être affectés par ces changements hormonaux physiologiques : à plus ou moins long terme, l’activité des récepteurs androgéniques de la peau diminue et la production de sébum s’atténue. La repousse des poils sur les membres ralentit tandis que la pilosité pubienne et des aisselles s’amenuise voire disparaît. “Moins fréquemment, et en absence de sécrétion anormale d’androgènes, une augmentation des poils du menton et/ou de la lèvre supérieure peut se produire, nécessitant une épilation électrique. De même, une alopécie débutée pendant la périménopause peut s’aggraver”, conclut-il.
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2024-02-24 17:30:06