En 2023, l’année n’a vraiment pas été ordinaire en ce qui concerne la musique classique et, de manière plus générale, la musique. Trois nouvelles plateformes de streaming ont changé radicalement le choix et les habitudes de consommation pour les mélomanes. De plus, deux des plus grands éditeurs indépendants, Hyperion et Bis, ont été vendus. Cela n’est que la partie visible d’un iceberg complexe.
La grande avancée pour la musique classique en 2023 aurait dû être l’arrivée d’un service de streaming en ligne dédié d’Apple, Apple classique, lancé fin mars. Ce lancement faisait suite à l’acquisition, en août 2021, de Primephonic, l’un des deux services de streaming créés autour de l’idée que les bases de données nourrissant les services les plus courants (Spotify, Amazon, Tidal, etc.), conçus pour la musique pop autour de l’articulation musicien-chanson-album, étaient inappropriées pour contenir efficacement les informations nécessaires concernant les compositeurs, les interprètes multiples et les mouvements à l’intérieur d’une symphonie, entraînant des limitations dans leur référencement et leur recherche.
Idagio et Primephonic, promus pour leur interface et leur base de données “classique” fiable, ont été les principaux acteurs dans ce domaine. Idagio a survécu, tandis que Primephonic a été racheté par Apple, qui a mis près de deux ans pour reformater un service inclus dans l’écosystème d’Apple Music, disponible uniquement via des applications pour téléphones et tablettes.
La surprise en 2023, notamment ici au Québec, fut la venue de Qobuz, la plateforme d’écoute en haute qualité sonore, qui s’est soudainement matérialisée à la mi-avril. Il en va de même pour Presto, le vendeur de musique en ligne du Royaume-Uni spécialisé dans le classique et le jazz, qui a lancé en mars son service d’écoute, également en haute résolution.
La lecture ne devant pas se faire sans interruption, il est important que ce type d’informations liées à l’expérience remontent aux journalistes, car personne ne peut plus vérifier ou gérer toutes les configurations d’écoute.
Le bilan est que l’arrivée de Qobuz s’est faite au parfait moment, alors que Tidal perdait des plumes et ses prétendus avantages sonores (système MQA) et que Presto semble faire preuve d’une rétribution “user centric” des artistes, payés en fonction de ce que les gens consomment réellement et du temps qu’ils y passent.
Apple classique reste performant pour ceux qui ont besoin d’être guidés dans leurs choix, mais devait se démarquer par des partenariats et des exclusivités. Cependant, à part quelques flammèches initiales, rien n’est venu.
Apple a réservé une autre surprise au milieu classique en faisant l’acquisition de Bis, un label qui venait de fêter ses 50 ans.
L’univers du streaming subit un brassage lancinant qui menace les musiciens en général et le classique par ricochet. Un changement de rémunération a été décidé par Spotify fin novembre.
Si l’on cherchait, en classique, l’utilité et la légitimité d’avoir Idagio, Presto, Apple ou Qobuz dans l’écosystème, la réponse est toute trouvée.
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